CONSOLIDATION DU DIALOGUE NATIONAL ET DE L’OUVERTURE POLITIQUE MackySall ouvre la porte de d’amnistie à Khalifa Sall et Karim Wade



Le nouveau gouvernement a tenu hier son premier conseil des ministres avec le Président Sall au palais de la République, un premier exercice pour certains. Ismaël Madior Fall, qui a fait son come-back, n’aura pas à se tourner les pouces. Le Président Macky Sall lui a demandé expressément «d’examiner, dans les meilleurs délais, les possibilités et schéma adéquat d’amnistie pour les personnes ayant perdu leur droit de vote». Dans un contexte de préparation de la présidentielle de 2024, le Président Macky Sall semble vouloir tendre une perche à Karim Wade et à Khalifa Sall, qui n’ont pu participer à l’élection présidentielle de 2019 parce qu’ayant perdu leur droit de vote.
 
 
Les ministres ontreçu hier leurspremières missions officielles venant du Président Macky Sall. Et la premièretâche pour le ministre de la Justice, c’est de voir par quel moyen les personnes telles que Khalifa Sall et Karim Wade, qui ont perdu leur droit de vote, pourraient être amnistiées. C’était lors du premier conseil des ministres avec la nouvelle équipe d’AmadouBa.Selon Ibrahima Bakhoum, le Président Macky Sall a eu une lecture intelligente de la situation. «Il a compris que s’il ne l’avait pas fait, l’opposition allait demander l’effacement des condamnations de Khalifa Sall et Karim Wade. Macky Sall n’ayant pas un bloc de députés assez solide pour faire face à cette requête, a donc pris les devants», dit-il d’emblée.
 
 
 
Ibrahima Bakhoum : «le Président Sall veut éviter la bipolarisation du champ politique Macky/Sonko»
 
 
 
En prenant cette décision, affirme Bakhoum, il a voulu casser la dynamique, la force de l’opposition.A l’en croire, Ousmane Sonko avait presque gagné les législatives. Il reste donc un élément fort qui dérange le système qui n’est personne d’autre que le Président Macky Sall, qui cherche ainsi un moyen de défense. D’après l’analyste politique, malgré tous les débats qui se tiennent, les forces politiques sont équilibrées et cela n’arrange pas le pouvoir.Cette décision du président de la République pourrait, selon M. Bakhoum, pacifier l’environnement politique et apaiser le climat social. «Même si Karim Wade a déjà dit qu’il ne voulait pas d’une amnistie, sa cause est liée à Khalifa Sall. Si le Président décide de les amnistier, il ne lui demandera certainement pas son avis. Dans ce cas de figure, renseigne-t-il,Wade fils pourrait dire qu’il n’est demandeur d’aucune amnistie, alors il n’est redevable à personne», signale-t-il. Ibrahima Bakhoum croit aussi que le Président, s’il va jusqu’au bout de son idée, pourrait s’attirer la sympathie de l’opinion en plus d’éviter la bipolarisation du champ politique Macky/Sonko, en ouvrant la porte à Khalifa Sall et Karim Wade.
 
 
Pr Ibou Sané, politologue :«Ousmane Sonko risque d’être le plus grand perdant…»
 
 
 
Idem pour le professeur Sané, qui estime lui aussi que l’un des buts du Président Macky Sall, c’est d’installer le désordre dans l’opposition : pousser chacun des leaders à être candidat lors de la présidentielle de 2024. «C’est un atout de taille, s’il décide de se présenter à cette élection, le Président Sall pourrait sortir au premier tour», assure Ibou Sané, qui poursuit : «le Président Macky Sall est un fin stratège, un calculateur hors pair. C’est le meilleur élève politique ;après Abdoulaye Wade, celui-ci trône tranquillement sur le lot des machiavels de ce pays». Pour lui, on pourrait penser que le Président Macky Sall se prépare à être candidat.«Ce n’est pas pour rien qu’il a décidé de maintenir ses tournées politiques. Il a compris qu’il vaut mille fois mieux de gouverner auprès des populations au lieu de gouverner loin d’eux», renseigne M. Sané. Selon lui, l’opposition va être confrontéeà une nouvelle donne : une recomposition des forces politiques et dans ce cas, Ousmane Sonko risque d’être le plus grand perdant. «Il s’est tellement investi aux deux dernièresélections ; alors, si tout le monde décide d’aller de son côté, le leader de Pastef va certainement voir son électoratdiminuer et se faire dépasser par les autres, surtout Karim Wade, qu’il ne faut pas négliger si jamais le projet d’amnistie du Président voit le jour», livre le professeur Ibou Sané politologue.
 
 
Ndèye Khady DIOUF
 
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