C’est hier que l’Ong Human Rights Watch a publié le rapport sur les abus sexuels sur les filles dans les collèges, principalement par des enseignants et personnels des écoles. Le choix du Sénégal n’est pas fortuit. En effet, d’après les auteurs du rapport, malgré les lois et moyens établis par le Sénégal pour faciliter l’accès des filles à une éducation de qualité, l’exploitation et le harcèlement des filles restent un véritable problème. Et pour y remédier, des cours d’éducation sexuelle pourraient être une solution.
Dans son rapport rendu public, hier, intitulé : «Ce n'est pas normal : Exploitation sexuelle, harcèlement et abus dans les écoles secondaires au Sénégal», Human Rights Watch fait de graves révélations. D’après le document, 37% des 731 filles ont déclaré être affectées par le harcèlement sexuel lié à l'école et 13% ont été touchées par la pédophilie. Cette dernière inclut tout geste, attouchement ou caresse à des fins sexuelles sur des enfants de moins de 16 ans. Human Rights Watch relève également que près de 14% des personnes interrogées ont soutenu avoir été violées. Le document a également révélé que dans des cas signalés, les enseignants sont les premiers auteurs de ces crimes.
Entre élèves aussi, ça se fait
De plus, selon l'étude conjointe réalisée avec Fnuap-Geep, la plupart des grossesses d'adolescentes liées à l'école, enregistrées entre 2011 et 2014, résultaient de relations sexuelles avec d'autres élèves.
Aussi note le rapport, les filles ont été victimes d'abus sexuels ou sont contraintes à avoir des relations sexuelles avec leurs pairs ou les adultes, enseignants, commerçants, chauffeurs de taxi qui exploitent leur vulnérabilité et leur incapacité à négocier des rapports sexuels protégés. En 2015, un organe d'experts des Nations-Unies sur les droits des femmes a exprimé «une profonde préoccupation quant au niveau de violence sexuelle auquel les filles sont soumises (au Sénégal), en particulier à l'école, souvent suivie d'une grossesse précoce», lit-on du document.
Human Right propose des… cours d’éducation sexuelle comme solution
Toutefois l’Institution pense que des correctifs peuvent être apportés. Et Human Right propose des cours d’éducation sexuelle comme solution face à l’exploitation et au harcèlement faites aux filles.
Pour Néné Mariko de l’association YWA, cela permettrait aux filles d’être plus éveillées sur la question d’abus et d’exploitation sexuelle.
Près de 160 filles ont été interrogées dans le cadre de l’enquête et dans quatre différentes zones, les plus ciblées. En effet, d’après Eline Martinez, chercheuse en droits de l’enfant, ces localités enregistrent les plus grands chiffres en termes de grossesses précoces.
Pour la défenseuse des droits de l’enfant, il n’existe pas de chiffres sur les abus sexuels au niveau scolaire et ceci est un problème grave. «Le gouvernement ne peut pas donner des statistiques par rapport aux violences faites aux filles dans les écoles. Et c’est un réel blocage dans l’avancement des travaux», a-t-elle souligné.
Dénonciation
Pour Nafissatou Seck, de l’Association des juristes du Sénégal, la non-dénonciation des cas de violences sexuelles plombe souvent le travail. «Il y a encore des pesanteurs socioculturelles qui empêchent aux victimes et à leurs parents de dénoncer les cas de viol, que ça soit dans es quartiers ou dans les écoles».
De l’avis de Nene Mariko, malgré tous les efforts fournis sur la question, la communication ne passe pas toujours entre les différents acteurs des localités. «Nous qui sommes à Dakar, nous ne sommes pas informés sur certains cas dans les autres zones du pays. Et cela a un impact sur la qualité du travail».
Khadidjatou DIAKHATE