CONFERENCE DE RECONSTITUTION DU PARTENARIAT MONDIAL POUR L’EDUCATION: Human Rights Watch dénonce les abus sexuels subis par les filles pour payer leur scolarité

A l’occasion de la Conférence de reconstitution du Partenariat mondial pour l’éducation qui sera organisé conjointement par Macky Sall et le Président Emmanuel Macron, les 1er et 2 février, Zama Neff, directrice exécutive du droit des enfants de Human Rights Watch, a adressé une lettre ouverte au président de la République du Sénégal. Ce, pour attirer l’attention de Macky Sall sur l’enseignement secondaire gratuit au Sénégal et lui faire part des obstacles à l’éducation secondaire des filles dans les régions méridionales de Kolda, Sédhiou et Ziguinchor, ainsi qu'à Dakar.



 
 
 
 
C’est une situation alarmante concernant l’éducation secondaire des filles qu’a dépeinte la directrice exécutive du droit des enfants de Human Rights Watch, à quelques jours de la Conférence de reconstitution du Partenariat mondial pour l’éducation qui se tiendra au mois de février. En effet, Zama Neff a adressé une lettre ouverte à Macky Sall, lui livrant les résultats sur les recherches entreprises dans les régions méridionales de Kolda, Sédhiou, Ziguinchor ainsi que Dakar. Tout d’abord, elle a abordé la gratuité de l’enseignement secondaire. «Compte tenu de votre engagement à faire progresser l'éducation au Sénégal et dans le monde, nous aimerions profiter de cette occasion pour vous exhorter à faire en sorte que l'enseignement secondaire soit entièrement gratuit pour tous les étudiants sénégalais», lit-on dans la missive. Bien que la loi sénégalaise de 2004 sur l'éducation stipule que la scolarité obligatoire doit être gratuite de 6 à 16 ans, les résultats de Human Rights Watch montrent que l'enseignement secondaire n'est pas gratuit dans la pratique, explique Zama Neff. Pour être plus précis, elle soutient qu’en 2017, «(nous) avons parlé à plus de 150 adolescentes scolarisées et non scolarisées, et mené des entretiens avec des parents, des enseignants, des chefs de village, des représentants du gouvernement et des experts locaux et nationaux».
Le constat, poursuit la directrice, c’est que «les enfants fréquentant les collèges et lycées publics payaient au moins 6000 francs Cfa en frais de scolarité, jusqu'à 10.000 francs Cfa en meubles, 10.000 francs Cfa en matériel scolaire et jusqu'à 10.000 francs Cfa en supplément pour les cours de l'après-midi».  S’y ajoute, dit-elle, que «les potaches qui fréquentent l'enseignement secondaire (lycée) paient 10.000 francs Cfa en frais de scolarité. Ces coûts excluent le transport, les uniformes et les autres coûts propres à chaque école». Et de poursuivre : «nos résultats montrent que les frais de scolarité contribuent à de faibles taux de rétention et d'achèvement de l'enseignement secondaire inférieur obligatoire, en particulier dans les zones rurales».
Pour preuve, elle soutient que dans certaines zones rurales où la participation des filles à l'école est déjà faible, «les chefs d'établissement et les enseignants ont déclaré qu'ils payaient personnellement les frais de scolarité de leurs élèves pour s'assurer que les élèves restent à l'école». Ce qui démontre  l'engagement des enseignants à soutenir les élèves, «mais montre aussi le fardeau considérable que les frais de scolarité imposent à une communauté». Pis, elle soutient que leur recherche ont montré que «certaines filles passent du temps à travailler comme domestiques dans les grandes villes, parfois dans des conditions d'exploitation et d'abus, y compris des abus sexuels». La conséquence pour Zama Neff saute aux yeux. «(…) les filles risquent d'être victimes d'exploitation sexuelle par des enseignants, des conducteurs de motocyclettes et d'autres adultes qui leur offrent de l'argent pour des frais, de la nourriture et des articles de base en échange de rapports sexuels».
Samba THIAM

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