La justice sénégalaise détient entre ses mains Alassane Diop. Ce citoyen fait l’objet d’un mandat d’arrêt international lancé par les autorités judiciaires jordaniennes après sa condamnation en Jordanie à deux ans ferme pour association de malfaiteurs et escroquerie. Interpellé au Sénégal, Alassane Diop a été déféré et a fait l’objet de deux retours de Parquet. Les autorités judiciaires sénégalaises doivent se prononcer sur son extradition. Mais, peut-on extrader un national ?
Extrader son propre citoyen, c’est le dilemme dans lequel se trouvent les autorités judiciaires sénégalaises. Il y a quelque temps, la justice jordanienne a jugé et condamné par défaut, Alassane Diop, un Sénégalais, pour des faits d’association de malfaiteurs et escroquerie. Cette décision de justice a été assortie d’un mandat d’arrêt international. En exécution de cette décision, le procureur de la République, activé par le Procureur général, a mis en branle ses hommes qui ont réussi à interpeller le mis en cause, dans la localité de Keur Ayib. Il a été déféré lundi et a donc fait l’objet de deux retours de Parquet. Jusqu’à hier donc les autorités judiciaires, notamment le Parquet général n’a pas décidé de son sort. En tout cas, pour ce qui le concerne, d’après nos informations, Alassane Diop nie les faits.
Mais, peu importe, pour les autorités judiciaires sénégalaises, la grande question est de savoir s’il faut l’extrader ou non ? C’est peut-être cette situation embarrassante qui explique ces retours de Parquet. Quoi qu’il en soit, selon un praticien du droit, c’est impossible juridiquement que le Sénégal procède à son extradition, car, «les règles du droit l’interdisent». Peut-on vraiment extrader un national ? Il est clair qu’un citoyen jordanien ne serait jamais extradé au Sénégal suite à un mandat d’arrêt lancé par un juge sénégalais. L’alternative, semble-t-il, est de rendre exécutoire la décision afin qu’il puisse purger les deux ans de prison dans les prisons sénégalaises. En d’autre termes, il faut qu’une juridiction sénégalaise, en l’occurrence la Cour d’appel, rende une décision qui fait que la décision de condamnation de la Jordanie, rentre dans l’ordonnancement juridique du Sénégal et qu’elle puisse être exécutée au Sénégal
Le sort de Alassane Diop dépend désormais de nos autorités. Si la procédure suit son cours, il pourrait plus tard atterrir à la Chambre d’accusation qui devra statuer ou que les autorités décident de lui faire purger la peine dans nos prisons.
Alassane DRAME