Malgré l’annulation de plusieurs activités du programme de célébration des 20 ans du naufrage du bateau «Le Joola», l’association des familles de victimes a tant bien que mal organisé l'événement, avec les maigres moyens dont elle disposait et l’appui de l’armée. Une commémoration comme les années précédentes présidée par le ministre des Forces armées, Me Sidiki Kaba accompagné de ses collègues Doudou Ka des Transports aériens, Victorine Ndèye ministre de la Microfinance et Aliou Sow, ministre de la Culture.
Comme les années précédentes, la délégation gouvernementale a perpétué la tradition. Elle s’est d’abord rendue au cimetière de Kantène, où elle a déposé une gerbe de fleurs.Dans son discours, Me Sidiki Kaba est revenu sur le musée mémorial. «Ce mémorial-musée témoigne de la solidarité agissante de l’Etat et de la nation tout entière à l’endroit des victimes, des rescapés et des familles éplorées. L’Etat va aider les familles des personnes emportées par l’accident maritime à garder toujours présent dans nos esprits leur souvenir impérissable». Me Kaba a profité de sa présence dans la capitale sud du pays pour évoquer l’importance de la paix en Casamance. Avant de se féliciter de la destruction des bases rebelles et la signature des accords de paix et de dépôt des armes par l’Etat et le comité provisoire de l’aile politique du Mouvement des forces démocratiques de la Casamance (Mfdc).
12 nationalités
Auparavant, le président de l’Association nationale des familles des victimes et rescapés du Joola (Anfvr/Joola) a rappelé que cette journée qui marque le 20ème anniversaire de «Le Joola» est placée sous le sceau du renflouement du bateau. Boubacar Ba de souligner : «le bilan macabre de l’accident a affecté douze (12) nationalités: des Camerounais, des Gambiens, des Mauritaniens, des Maliens, des Guinéens de Conakry et de Bissau, des Belges, des Hollandais, des Français, des Libanais, des Norvégiens et des Sénégalais». Bâ de qualifier le naufrage de plus grand mystère de la navigation mondiale, avec un décor macabre de 1953 morts et seulement 64 rescapés terrifiés par les horreurs de cette tragédie. «Pendant des heures, les images des corps déchiquetés nous dégagent une étendue de souffrance, de douleur violente qui se profilent pour les familles jusqu’aux détails les plus glaçants», dit-il.
Boubacar Ba de rappeler que «le Joola n’a pas une taille humaine, il est gigantesque par ses conséquences, c’est un échec d’une compétence incurable, un vecteur de transmission universel du mal, une puissance destructrice qui dépasse la temporalité générationnelle. Le Joola est une histoire catastrophique remplie de jonctions, une vision d’apocalypse, une promotion de cris et de désespoirs, une réalité beaucoup plus sombre qui privilégie le mal infini. Rien que d’en parler, on ressent encore, 20 ans après, cette 1ère catastrophe qui nous a volé le sourire».
Renflouement
Ainsi il invite les nombreuses familles et autorités gouvernementales, les forces de défense et de sécurité présents au port de Ziguinchor, à méditer cette solitude abyssale de ‘’ceux que nous avons tant aimés, la souffrance de leurs corps et de leurs âmes massacrés par la houle. On ne peut pas laisser à la mer tant d’êtres qui nous sont chers et faire comme si de rien n’était’’.
Conséquence : il plaide pour le renflouement de l’épave. «Par le renflouement du Joola, nous voulons simplement répondre à cet appel et cette main tendue de nos victimes, les épargner de ces vagues agressives qui les massacrent au quotidien, les rendre à la terre et faire le deuil. Repêcher quelques reliques du Joola comme la cloche, la barre, l’hélice etc., pour habiller le mémorial et lui permettre d’assurer sa fonction première, maintenir vivant la mémoire des défunts, continuer à manifester notre attention aux familles, aux parents et amis des naufragés. Enfin, appeler à la vigilance quant à ce qui concerne le sens de la responsabilité et le sérieux dans la gestion de ce qui nous est confié».
Baye Modou SARR