COMMÉMORATION DE SES DIX ANS SAMEDI PASSE A UNIVERSITÉ DU SAHEL: Le peuple des Assises crie sa colère et s’en prend durement à Macky Sall



 
 
La commémoration du 10e anniversaire des Assises nationales a pris fin. Hormis le Parti socialiste et l’Afp, tous ceux qui avaient travaillé aux assises étaient de la partie. Conséquences, les gens ne se sont pas fait de cadeau.
 
 
Le président Ahmadou Makhtar Mbow, dès le début de son discours, a annoncé la couleur. Comme s’il s’était senti vexé ou touché par la sortie du président de la République, qui affirmait que les assises nationales ne constituaient ni la Bible, ni le Coran, ni la Thora, le président Mbow lâche : «Nous avons fait ce que personne n’a jamais fait. Nous avons organisé dans chaque département des concertations avec la population. Personne ne peut dire qu’on lui a interdit l’accès à la salle ou de participer aux débats, pour tel ou tel autre point relatif à nos discussions ou orientations. Nous l’avons fait pour la première fois et pourquoi donc les Sénégalais ne peuvent se réunir dans les mêmes conditions ?», s’est demandé le patriarche, qui ajoute qu’il ne va pas se mettre à parler de «résultats des assises», parce que la Charte de bonne gouvernance démocratique, c’est presque toutes les couches de la société qui y ont travaillé.
 
Ahmadou Makhtar Mbow : «Nous ne jetons la pierre à personne. Mais à chacun sa conscience» 
 
«Il a été adopté à l’unanimité, par consensus et discuté. Personne ne peut contester cette charte. Tous ceux qui ont fait partie des assises et qui ont signé la charte, se sont engagés à l’appliquer. Tous ceux qui ont participé aux assises et tous ceux qui ont adhéré aux assises, ont signé cette charte sans aucune réserve. Il ne peut pas y avoir de réserve, parce que nous avions décidé qu’il n’y en aura pas», a précisé le boss des assises. Avant d’ajouter : «nous ne jetons la pierre à personne. Mais à chacun sa conscience ! Chacun peut l’interpréter de la façon dont il croit qu’il a fait son engagement. Nous, en tout cas, nous respectons nos engagements».
 
Pr Bouba Diop : «Ce qui s’est passé, c’est une honte !»
 
Touché par le fait que l’anniversaire ait été déplacé à la dernière minute à l’Université du Sahel alors qu’ils avaient déjà fait toutes les démarches pour l’université Cheikh Anta Diop, le Pr Bouba Diop trouve que c’est une honte ce qui s’est passé, à 48h de l’événement. C’est une honte, en ce sens qu’il pensait que dans un pays qui se dit démocratique et tout ce que le peuple des assises a fait, jamais on n’en serait à refuser une salle à des gens parce qu’ils critiqueraient le régime. «C’est une honte, ce qui s’est passé. On s’est battu sur toutes ces questions dans les assises. Et pourtant, à chaque fois, c’est la même chose. Dès que les gens arrivent au pouvoir, ils nous replongent dans ces situations».
 
 
Aliou Diack : «Il faut que les assises se donnent les moyens d’exercer le pouvoir…»
 
Aliou Diack, l’ancien président du Conseil rural de Mbane, a étalé toute sa déception avec l’absence de Moustapha Niasse, Ousmane Tanor Dieng, Macky Sall. Plus que jamais, assure-t-il, les questions qui les avaient poussés à se battre contre Wade sont d’actualité. «Les auteurs des assises et ceux qui les ont rejoints ont trahi les assises nationales. Ils ont renié leurs engagements actés et il faut en tenir compte. Le peuple des assises doit réagir. Il faut que les assises se donnent les moyens d’exercer le pouvoir. Le président du Hcct a signé la Charte de bonne gouvernance démocratique ; tout comme le président de l’Assemblée nationale. Le président de la République lui-même qui exerce le pouvoir a signé la Charte et pourtant, rien. Pour les élections présidentielles à venir, je pense que nous devons avoir un candidat des assises nationales de sorte que celui qui sera élu par les assises ne pourra plus se dérober», a-t-il dit.
 
 
Serigne Mansour Sy Djamil parle de reniement, de renoncement et de trahison
 
 
Même sentiment pour Serigne Mansour Sy Djamil. «Le 25 mars 2012, on a eu à la tête de l’Etat un président qui était signataire des assises, de la Charte de bonne gouvernance et des conclusions des assises nationales. Mais de reniement en reniement, de renoncement en renoncement, pour ne pas dire de trahison en trahison, les conclusions des assises ne sont pas respectées. Et puis, je ne peux entendre dire que l’on n’avait jamais pris l’engagement de mettre en œuvre les conclusions des assises. On s’est réuni pendant 2 ou 3 jours à Saly et on sait ce qu’on s’était dit», tonne Serigne Mansour Djamil.
 
Mamadou Ndoye : «Lorsque c’est un homme qui est là sans contre-pouvoir, qui décide des ressources du pays, même d’une  petite nomination…»
 
Mamadou Ndoye a trouvé un adversaire de taille aux assises nationales. «Il était là hier; il est là aujourd’hui et on ne sait quand il partira : c’est notre régime présidentiel. Notre régime présidentiel est contraire aux objectifs qui ont été indiqués par le peuple des assises. Lorsque dans un système, c’est un homme qui est là sans contre-pouvoir, qui décide de ce qu’il veut faire, des ressources du pays, même d’une  petite nomination…, il n’y a pas d’espace pour la citoyenneté active», met-il en garde.
 
Madou MBODJ

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