Le rapport 2016 de l’Autorité de régulation des marchés publics sur l’Agence de Construction des Bâtiments et édifices publics démontre que la Directrice de ladite structure, Socé Dionne Diop, navigue à contre-courant d’une bonne gestion en ce qui concerne les marchés publics. Dans les observations sur les marchés examinés pour la construction d’une cité régionale des enseignants du supérieur, à l’Université Assane Seck de Ziguinchor, un marché complémentaire a été autorisé par la Dcmp pour un montant de 101.459.060 F Cfa avec l’entreprise Cosef. Plusieurs manquements ont été décelés dans ce marché destiné à couvrir la sous-évaluation des volumes de béton des longrines, des poteaux, des poutres et de la maçonnerie. Les auditeurs ont révélé aussi des omissions des quantités du carrelage du premier étage, des omissions de portes et placards et l’omission de certaines maçonneries et de remblais. Des manquements qui constituent des limitations à l’étendue de nos travaux selon le cabinet d’audit BSC.
Une différence de plus d’un demi-milliard entre le soumissionnaire retenu et le soumissionnaire moins-disant…
Aussi, les auditeurs se sont penchés sur la procédure d’appel d’offres ouvert portant sélection d’un prestataire pour la réalisation des travaux de réaménagement et de réhabilitation du Stade Lat-Dior de Thiès, attribué à la Compagnie sénégalaise des travaux publics (CSTP) pour un montant de 1.085.123.509 F Cfa. L’avis d’appel d’offres indique qu’il est requis des candidats, au titre des critères de qualification, l’exigence de faire la preuve de la réalisation d’un marché similaire de réhabilitation de stade au cours des cinq dernières années. «Ce critère est, à notre avis, discriminatoire et a pour effet d’exclure du champ des constructions et réhabilitations de stades au Sénégal toute autre entreprise que la Cstp», pestent les auditeurs. Ce qui est grave dans ce marché, c’est que le réaménagement et la réhabilitation de stades ne requiert aucune expertise particulière justifiant le rejet de l’expérience fournie par le soumissionnaire moins-disant qui a fait une offre de 566.861.321 F Cfa contre 1.085.123.509 F Cfa pour le soumissionnaire retenu. Ce qui fait une différence de 518.262.188 F Cfa pour le promoteur Mbaye Faye, patron de CSTP.
Les auditeurs soutiennent même que ce marché aurait dû être déclaré sans suite après avis de la Dcmp. «Nous avons noté qu’à l’appui de sa demande d’avis de non-objection sur le projet de contrat, l’Agence a produit une lettre de couverture financière du ministre de l’Economie, des Finances et du Plan. Sous ce rapport, il convient de préciser que l’allocation des ressources publiques et le vote du budget sont du ressort du parlement auquel le Mefp ne saurait se substituer à travers les lettres de couverture budgétaire qui relèvent d’une anticipation de l’exécutif sur le vote du budget par le parlement.
Collusion dans les offres de soumissionnaires : même adresse, même compte bancaire, mêmes coquilles
Mais il y a pire. En effet, l’examen de la procédure de demande de renseignement et de prix à compétition restreinte portant sélection d’un prestataire de l’arbre de Noël attribuée à BBMS pour un montant de 6.696.500 F Cfa a permis d’identifier des signes de collusion dans les offres des soumissionnaires. «Outre les similitudes dans les lettres de soumission, les factures pro-forma présentées par les soumissionnaires Farvex Sénégal, Dets Drame Saloum portent les mêmes adresses, N° de Rc, Ninea, N° de téléphone, N° de compte bancaire», s’étonnent les auditeurs.
Et le même procédé est relevé par les auditeurs dans l’examen de la procédure de Drpcr portant sélection d’un prestataire pour la fourniture d’équipement de la salle de spectacle du centre culturel de Fatick attribuée à Sarre-cons pour un montant de 28.256.280 F Cfa. «Les mêmes marques sont proposées par les soumissionnaires dans les trois offres qui sont par ailleurs présentées de la même manière ; les mêmes fautes sont commises. Il s’agit d’indices laissant entrevoir que ces offres proviennent de la même source ou de sources liées», lit-on dans le rapport.
L’autre scandale, c’est l’examen de la procédure de sélection d’un prestataire pour la couverture d’assurance maladie du personnel, attribué à la Prévoyance Assurances pour un montant de 34.738.038 F Cfa. «Il est indiqué au titre des critères de jugement des offres que : ‘’le plafond de garantie est de 15.000.000 par assuré’’. Cette formulation est susceptible de constituer une source de litige lors de l’exécution car ce plafond doit être fixé par bénéficiaire et non par assuré», renseigne le rapport.
Samba THIAM