COCO JEAN DE NOSTALGIE TACLE LES ANIMATEURS ET LES RADIOS «Les animateurs parlent beaucoup. On constate les mêmes émissions et les mêmes sujets»



 
Nostalgique de sa 90.3, Jean Latyr Senghor a projeté sur les murs des locaux d’ITV qui abritait le Salon Ndaadjé du Goethe Institut ses débuts à la radio, son expérience, la profession d’animateur et le formateur qu’il est devenu aujourd’hui. Conférencier du jour, le talentueux Dj qui, pendant de longues années, a fait voyager les mélomanes sénégalais dans l’émission Juke Box International en 1995 avec son mélange de Slowjamz au coucher du soleil et du «Juke box Mixshow», a argumenté sur le thème de la programmation musicale selon le format radiophonique.
 
 
 
«Pour réussir une bonne émission, il faut aller à la quête de l’information. Il faut bien préparer son émission, c’est très important. Dans la réglementation, quand il n’y a pas de programmation musicale dans une émission, on ne fait plus de la radio», soutient Coco Jean. «Quand tu laisses ton Dj mettre sa musique, ce n’est plus ta radio et le problème au Sénégal, c’est que l’on ne dicte pas la ligne conductrice de la radio. A la Rfm, par exemple, nous savons que c’est une radio qui diffuse beaucoup d’informations et quand Fatim’O anime, c’est de la musique, mais aussi des informations sur les acteurs de la musique», dit le formateur de Dj et d’animateur. «J’ai ouvert mon école de formation d’animateurs parce qu’il y a un réel besoin de former les animateurs sur la diction, l’articulation, l’improvisation, la maitrise de la voix», dit-il.
 Coco Jean n’ose pas faire ce que nos animateurs et Dj de la place imposent aux auditeurs aujourd’hui. Nonobstant la présence de plusieurs types de radios, Coco Jean ne comprend pas la manière d’animer au Sénégal. «A Nostalgie, on mettait une chanson Gold, c’est-à-dire mettre une chanson très reconnue comme Seven Seconds de Youssou Ndour, ensuite un hit, c’est-à-dire une chanson qui nous a marqué et il s’ensuit une chanson qu’on appelle récurrent, c’est-à-dire un ancien hit, avant de mettre un tube brulant, une chanson qui vient de sortir et qui marche bien», explique le Dj.
Pour le Dj, «il n’y a pas un bon habillage des émissions de musique et sans habillage, il y a un réel risque de monotonie. Il faut aussi une bonne programmation, car il ne s'agit pas seulement de jouer de façon aléatoire les morceaux sur ton ordinateur. Ensuite, il faut une bonne rotation des chansons pour assurer un équilibre».
Ce qui exaspère le plus Jean Latyr Senghor, c’est le fait que les Dj ne cessent de parler, même pendant qu’une chanson est en train de passer à la radio. «On n’intervient pas n’importe comment dans une émission. Pourquoi chanter sur un tube que l’on vient de mettre ? Les chanteurs n’aiment pas que les Dj répètent leurs paroles au-dessus de leur chanson. Je l’ai constaté dans toutes les radios. Ici, les animateurs parlent beaucoup. On ne doit pas, à l’antenne, parler d’argent ou de ce qu’une personne leur a donné à l’antenne, c’est insensé», fait-il savoir. Et de poursuivre : «on laisse les animateurs s’exprimer selon leurs convenances, alors que ça ne devrait pas être le cas. On va vers des élections, j’ai plus peur de ce que vont dire les animateurs que les politiciens». Pour lui, avant d’ouvrir une radio, «le Cnra doit se renseigner si tous les employés sont formés, parce que les animateurs se prennent même pour des journalistes».
Faisant un constat général de la radio au Sénégal, Coco Jean souligne qu’actuellement, les gens créent une radio pour concurrencer une autre radio. «On fait partout la même chose. Par exemple, le matin, c’est le même sujet sur les radios : Teuss, Xalass… C’est le même style avec les mêmes sujets.Donc il y a une bagarre de l’audimat», dit-il.
 
Samba THIAM
 
 
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