CHAVIREMENT D’UN BATEAU DE MIGRANTS À SAINT-LOUIS : Les rescapés déroulent le film à Antoine Diome




 
 
Une nuit meurtrière qu'ils n'oublieront jamais. Trois des 4 rescapés de la pirogue qui a chaviré sur les côtes sénégalaises à Saint-Louis et qui contenait entre 60 et 70 migrants, ont relaté le voyage mouvementé. Selon leurs témoignages devant le ministre de l'Intérieur, Antoine Diome, l'un des deux moteurs du bateau a lâché et l'équipage de fortune, décidant de rebrousser chemin, sera entraîné dans un tourbillon qui provoquera l'irréparable. Bilan 4 rescapés et plus de 60 personnes disparues.
 
 
Ils sont 4 pour le moment qui ont pu se sauver du naufrage de la pirogue qui transportait entre 60 et 70 migrants au large des côtes sénégalaises plus précisément à l'embouchure du Sénégal à Saint-Louis. Trois d'entre eux se sont confiés à nos confrères de Dakaractu pour relater ces moments inoubliables où ils ont frôlé la mort. «Ceux qui pouvaient nager ont pris des bidons d'eau et nous avons commencé à nager. Mais beaucoup d'entre nous sont morts. Ils sont nombreux à perdre la vie. Grâce à Dieu, nous faisons partie des survivants», narre l'un des rescapés sur son lit d'hôpital. Des regrets, ce dernier en a et les exprime. «Nous avons pris la pirogue sans peser le pour et le contre. Nous avons été inconscients», dit-il, le regard un peu perdu.
 
 
«Vers 14 heures, ceux qui dirigeaient la pirogue ont commencé à se disputer entre eux. Et…»
 
 
 
Un autre des rescapés revient sur le déroulement du voyage. Un projet, c'est ainsi qu'il a nommé le voyage périlleux qu'il vient de vivre. «Une connaissance m'a dit qu'il y a un projet et je lui ai remis mon argent. Le voyage se passait bien et vers 14 heures, ceux qui dirigeaient la pirogue ont commencé à se disputer entre eux. Là, ils ont décidé de rebrousser chemin, mais nous sommes tombés sur un endroit très agité en haute mer et la pirogue a pris beaucoup d'eau à cause des grosses vagues qui s'abattaient sur nous», dit-il. Et de poursuivre : «le capitaine a demandé à ceux qui pouvaient nager de plonger et les autres de s'agripper à des bidons. Le capitaine a versé les bidons d'essence pour permettre aux autres de plonger avec, c'est pourquoi je présente des blessures le sel et l'essence nous ont brûlé».
En haute mer et sans aucune solution pour sortir de cette tragédie à 2 heures du matin, les 4 rescapés peuvent remercier les pêcheurs qui ont entendu leurs cris vers 06h du matin. «Les pêcheurs ont entendu des cris et ils nous ont sauvés. Nous étions 60 à 70 personnes dans la pirogue», dit-il devant le ministre de l'Intérieur Antoine Diome, qui s'est rendu au chevet des rescapés.
 
 
«La mer nous a entraînés dans une sorte de tourbillon qui a fait chavirer la pirogue»
 
 
Le troisième rescapé, qui était sans doute beaucoup plus proche du capitaine et de son équipage de fortune, souligne que l'un des moteurs de la pirogue a eu des problèmes. «Ils étaient obligés de rebrousser chemin, car ces pêcheurs ne prennent jamais le risque de voyager avec un moteur, mais la mer nous a entraînés dans une sorte de tourbillon qui a fait chavirer la pirogue», dit-il. Et de poursuivre : «certains ont donné 400.000 francs Cfa d'autres 500.000 F Cfa. Le capitaine et son équipe sont partis après nous avoir conseillé de prendre les bidons».
 
«C'était le sauve-qui-peut» 
 
 
Marqué par le voyagé mouvementé, l'un des rescapés lance même un appel à la jeunesse sénégalaise. «Je vous remercie beaucoup et nous sommes bien traités. Désormais si j'entends un jeune Sénégalais qui veut emprunter cette voie pour aller en Espagne, je vais le convaincre pour qu'il reste parce que le Sénégal peut nous offrir des voies pour réussir et réaliser quelque chose dans notre vie», dit-il tout en touchant ses blessures sur son corps carbonisé par l'essence et le sel. «Je ne peux vous donner des informations sur les autres parce que c'était le sauve-qui-peut » dit-il.
 
 
Samba THIAM
 
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