Oumarou D, alias Cheikh Diop, a été interpellé, puis mis sous les verrous par les flics de la Division spéciale de cybersécurité (Dsc) pour association de malfaiteurs et escroquerie en bande organisée présumées. Le charlatan était le cerveau d’un redoutable gang d’envoûteurs supposés. Qui opéraient très souvent à la bande des filaos de Malika Plage, où ils entraînaient leurs proies pour des séances de bain mystique.
Le recherché cerveau du redoutable gang d’envoûteurs présumés de la bande des filaos de Malika Plage, en banlieue dakaroise, est enfin tombé ; une rocambolesque arrestation qui porte l’empreinte des éléments de la Division spéciale de cybersécurité (Dsc) qui ont été saisis de plusieurs lettres-plaintes d’honnêtes citoyens et victimes des agissements malveillants de la bande qui opère en gang organisé.
Comment le gang opère
Et le mode opératoire des malfaiteurs semble tellement simple que l’on est fondé à crier à la naïveté maladive des victimes. Mais, à la lisière des mésaventures des nommés Mbaye D. et la dame Penda F, la perception de l’affaire change. Tout commence par un bip d’un numéro inconnu que Penda reçoit sur son téléphone portable. Et pour identifier l’auteur du bip, elle rappelle aussitôt sur le même numéro et tombe sur un certain El Hadji Bassirou D. qui sacrifie d’abord au rituel d’échanges de civilités et se présente comme un marabout. Il enchaîne avec des discussions d’art divinatoire et vante ses pouvoirs mystiques.
Des as de l’escroquerie à l’art divinatoire
Penda prête une oreille attentive aux propos du marabout et sollicite les services de celui-ci. Réalisant que la mayonnaise prend, le ‘’mara’’ embraie aussitôt avec des prières à l’endroit de la jeune femme. Il chante aussi la «bonne étoile» de la dame et lui promet un avenir radieux dans la vie. Il lui recommande également de faire des offrandes dans le but de garantir le succès des opérations mystiques. Il la met en rapport avec un certain Oumarou D, alias Cheikh Diop, qui sera chargé de remettre une «eau bénite» (Saafara) à la jeune femme.
Penda perd 6.220.000 F contre deux sacs d’argent promis par des …djinns
Après échanges au téléphone, Oumarou et la dame se donnent rendez-vous à la bande des filaos de Malika Plage pour la potion magique. Penda récupère la bouteille mystique, se déshabille dans un endroit discret sous les filaos et s’enduit tout le corps, sur les indications d’Oumarou, avec l’eau supposée bénite. Elle perd aussitôt la lucidité et satisfait aux moindres caprices de la bande. Elle profite de l’occasion et soutire à la dame de grosses sommes d’argent ; des montants qu’elle envoie successivement jusqu’à hauteur de 6.220.000 F ; représentant, disent-ils, la valeur marchande des offrandes et autres sacrifices à effectuer. Notamment, l’achat de chameau et de vache, entre autres, histoire d’obtenir les deux sacs remplis d’argent que les djinns auraient promis à la dame Penda.
Mbaye tombe aussi dans le piège du gang
De son côté, Mbaye D. a porté les mêmes griefs et indique avoir été plumé dans les mêmes circonstances par la bande d’escrocs doublés d’envoûteurs. Il dit avoir été approché auparavant dans la rue par un certain M. Camara, qui lui demandait de l’aider à retrouver son talibé. Ce qu’il fera en appelant au téléphone le talibé en question, qui n’est personne d’autre que le même Oumarou D, alias Cheikh Diop. Lequel rencontrera sur rendez-vous le nommé Mbaye sous les filaos de Malika Plage et lui remettra également une bouteille mystique dans le but de faire prospérer ses activités professionnelles. Il lui fera acheter aussi sept (7) mètres de tissu percale, une bouilloire en plastique, des fruits, un sac vide, trois canaris et trois cuillères d’encens pour les offrandes… Sans oublier la somme de 48.000 F à mettre dans la bouilloire en plastique. Et tout cela en contrepartie d’une bouteille d’eau mystique.
Il se fait dépouiller de 4.375.000 F
Sachant que le fruit est suffisamment mûr, Oumarou entre en action et réclame à tout va de l’argent à Mbaye, qui s’exécute sans broncher. Il lui verse en tout le montant de 4.375.000 F pour, dit-il, les besoins des sacrifices en moutons et en chameaux, entre autres. Mbaye reprend ses esprits, se rend compte des agissements du charlatan et dépose une lettre-plainte à la Division spéciale de cybersécurité. Qui instruit l’affaire et interpelle Oumarou, qui avait fixé un rendez-vous à Mbaye au Terminus de Malika pour lui remettre comme d’habitude une bouteille d’eau mystique.
Le gang soutire des millions aux gens et se partage le butin
Livré aux enquêteurs, le mis en cause se décharge sur son acolyte M. Camara, qui l’aurait envoyé pour remettre les bouteilles d’eau mystique aux deux plaignants. Pressé de questions, il ravale son vomi et passe finalement aux aveux détaillés. Il affirme être de mèche avec ses acolytes nommés M. Camara, El Hadji Bassirou D, A. Kane et M. Souaré qui ont fui pour se réfugier entre la Casamance et la Gambie. Il ajoute avoir connu ces derniers à Ouakam, où il évoluait dans le maraboutage. Il dit avoir été chargé dans le gang de remettre les bouteilles mystiques à leurs proies. «C’est El Hadji Bassirou D. qui se chargeait chaque fois de partager à parts égales le butin entre membres du gang. J’ai reçu 1.200.000 F avec lequel montant j’ai acheté 5 tonnes de ciment et assurer la dépense quotidienne. J’ai escroqué dans les mêmes circonstances cinq autres individus de plusieurs millions de francs Cfa», indique Oumarou. Qui refuse catégoriquement de communiquer l'adresse de son domicile et affirme dormir à la belle étoile dans le sanctuaire des Layènes à Malika.
Quatre membres de la bande organisée identifiés, localisés et recherchés
En attendant que ses acolytes – géolocalisés dans des villages de la Casamance - passent à la trappe, Oumarou D, alias Cheikh Diop, a été présenté devant le parquet pour association de malfaiteurs et escroquerie en bande organisée.
Vieux Père NDIAYE