CARTE DE LA PAUVRETE AU SENEGAL- Kolda et Sédhiou: régions les plus pauvres du Sénégal



L’enquête rendue publique par l’Ansd sur la pauvreté au Sénégal renseigne que la région de Kolda est la plus pauvre au Sénégal, avec un taux de pauvreté de 77,5 %, suivie de la région de Sédhiou avec 70,6%. Cependant, dans certaines communes des régions de Tamba, Fatick, Kolda et Sédhiou, le taux de pauvreté dépasse parfois 90%. La région de Dakar reste certes la moins affectée, mais les communes de Médina Gounass et Diamniadio ont enregistré un taux de pauvreté de 51%. La commune de Keur Massar qui compte 53.000 pauvres est considérée comme la commune la plus pauvre de la capitale.
 
 
 
Keur Massar, Diamniadio et Médina Gounass, la ceinture de pauvreté de Dakar
 
 
Une enquête réalisée par l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (Ansd) et la Banque mondiale sur la pauvreté au Sénégal a été rendue publique, hier ; un document provisoire (2011-2016) dans les 14 régions du Sénégal. Il ressort de ce document que la région de Dakar, qui regroupe à elle seule le quart de la population du pays, concentre 13,3% des pauvres. Les 52 communes des régions affichent des différences marquées en termes de bien-être. Les cinq communes les moins pauvres (Mermoz-Sacré-Cœur, Sicap Liberté, Pikine Ouest, Dieuppeul Derklé et Golf-Sud) ont des taux de pauvreté estimés entre 7,3 et 12,7%. Les deux communes les plus pauvres (Diamniadio et Médina Gounass) présentent des taux de pauvreté très élevés de plus de 51%. La plus grande commune en termes de population, Keur Massar, est celle qui regorge le plus de pauvres (plus de 53.000) dans la région de Dakar. Contrairement à Dakar, Ziguinchor, est l’une des plus petites régions du Sénégal en termes d’habitants abritant environ 4,4% de la population totale du Sénégal. Les taux de pauvreté dans les trois départements ne sont pas significativement différents (entre 65,3% et 68,3%) et varient, au niveau communal, de 50,5% à Enampor à 79,4% à Djibidione. Les communes limitrophes de la Guinée-Bissau sont plus pauvres que celles frontalières de la Gambie. Les deux communes le long de la côte (Kafountine et Diembéring) sont parmi les moins pauvres dans la région. Les cinq communes avec le plus grand nombre de pauvres (Ziguinchor, Tanghory, Kafountine, Kataba I et Bignona) détiennent plus de la moitié (environ 203.000) des pauvres de la région.
 
Saint-Louis détient le plus bas taux de pauvreté
 
Avec environ 12% de la population totale, la région de Diourbel est la troisième la plus peuplée au Sénégal. Avec un taux de pauvreté régionale relativement proche de celui national (47,9%), Diourbel abrite environ 11% des pauvres du pays. La pauvreté à Mbacké et dans la commune environnante de Touba Mosquée est beaucoup plus faible que dans le reste de la région. La commune de Diourbel et Bambey sont aussi des îlots de prospérité. Malgré le fait que la pauvreté dans ces quatre communes soit la plus faible de la région, elles sont parmi les communes ayant le plus grand nombre de pauvres en raison de la taille de leur population. Les deux communes les plus pauvres de la région (Ndondol et Keur Ngalgou) ont des taux de pauvreté de plus de 80%. Saint-Louis est la région ayant le troisième taux de pauvreté le plus bas à savoir 34,7% et compte environ 5% des pauvres du Sénégal. Les taux de pauvreté au niveau communal vont de moins de 16% (Diama) à plus de 64% (Bodé Lao). 9 des 38 communes ont un taux de plus de 50% et quelques-unes des communes urbaines situées au Nord de la région. Il s’agit de Guédé Chantier, Niandane, Bodé Lao, Golléré, etc. qui affichent des taux de pauvreté beaucoup plus élevés que les communes rurales.
 
 
Tamba : le taux de pauvreté atteint 92,3 dans la commune Ndoga Babacar
 
 
La région de Tambacounda est la plus vaste du Sénégal en termes de superficie et partage une frontière avec la Mauritanie et le Mali à l’Est mais aussi avec la Gambie à l’Ouest et la Guinée au Sud. C’est la région où on note les plus grandes disparités dans les taux de pauvreté, qui vont de 23,9% à Goudiry à 92,3% à Ndoga Babacar. On note des taux particulièrement élevés pour les communes limitrophes de la Gambie dont les taux de pauvreté dépassent les 80%. Le plus grand nombre de pauvres est enregistré dans cinq communes - Tambacounda, Missirah, Makacoulibantang, Koussanar et Ndoga Babacar - avec un nombre total de pauvres qui avoisine 165.300 individus. En revanche, les communes situées le long de la frontière avec la Mauritanie semblent mieux loties et ont des taux de pauvreté beaucoup plus bas que le reste de la région, à l’exception de Goudiry. 
S’agissant de la région de Kaolack qui compte un peu moins d’un million de résidents, le taux de pauvreté relativement élevé est estimé à 61,8%, avec environ 10% des pauvres du Sénégal. Les centres urbains de Kaolack ont des taux de pauvreté les plus faibles. Les taux de pauvreté les plus élevés sont enregistrés dans le Sud-Est de la région. Les deux communes les plus peuplées de la région à savoir Kaolack (225.602 habitants) et Médina Sabakh (41.774 habitants) comptent respectivement environ 66.700 et 31.700 pauvres.
 
Les 55 communes de Louga ont un taux de pauvreté inférieur à la moyenne
 
Pour la région de Thiès, les taux de pauvreté y sont globalement faibles, dont les plus bas sont enregistrés dans les communes proches de la région de Dakar et les zones côtières où l’industrie du tourisme a une assez forte prévalence. 29 des 49 communes ont un taux de pauvreté inférieur à la moyenne nationale. Les trois communes les plus peuplées (Mbour, Thiès Ouest et Thiès Nord) comptent 21,3% des pauvres de la région. Les données révèlent des poches de pauvreté situées dans la commune de Ngoudiane avec un taux de pauvreté de 70,2% ainsi que dans les communes au Sud de la région avec des taux de pauvreté entre 65 et 70%. Thiès abrite 12% des pauvres du Sénégal. La région de Louga est, après Dakar, la région avec le deuxième plus bas taux de pauvreté estimé à 27,1%. Elle compte environ 6,9% de la population du Sénégal mais un peu moins de 4% des pauvres du pays. Toutes les 55 communes ont un taux de pauvreté inférieur à la moyenne nationale et tous sauf une sont en dessous de 35%. Les taux de pauvreté vont de 19,2% à Kébémer à 37,3% à Mbédiène. La commune avec le plus grand nombre de pauvres est celle de Louga.
 
 
Kolda, la région la plus pauvre du Sénégal
 
 
Fatick qui partage ses limites au Sud avec la Gambie est parmi les régions où on enregistre les variations les plus drastiques en termes de taux de pauvreté, selon les communes. Les trois communes les plus pauvres (Diagane Barka, Niassène et Soum) ont des taux de pauvreté de plus de 90%, tandis que les trois communes les plus aisées (Palmarin Facao, Diakhao et Fimela), dont deux sont situées le long de la côte, affichent des taux de pauvreté entre 11% et 28%. Les communes les plus pauvres sont situées le long de la frontière avec la région de Kaolack. Fatick accueille un peu moins de 8% des pauvres du Sénégal. 
Avec un taux de pauvreté estimé à 77,5%, Kolda est la région la plus pauvre du Sénégal. Les 38 communes sur les 40 ont un taux de pauvreté de 60% ou plus dont 14 affichent des taux de 80% ou plus. Les cinq communes les plus pauvres (GuiroYero Bocar, Médina El Hadji, Dialambéré, Badion et Salikégné) comptent à elles seules plus de 49.500 pauvres sur les 505.000 de la région. La capitale régionale a le deuxième taux de pauvreté le plus bas (56,1%) et accueille le plus grand nombre de pauvres.
 
A Matam, les centres urbains sont les plus pauvres
 
Matam est l’une des plus grandes régions par son étendue géographique, mais avec ses quelques 540.000 habitants, elle est l’une des régions les moins peuplées (4,4 % de la population du Sénégal). Le taux de pauvreté de cette région est également parmi les plus faibles (45,5%) et 12 des 26 communes ont des taux de pauvreté qui sont en dessous de la moyenne nationale. A l’image de la région de Saint-Louis, les centres urbains de la région sont plus pauvres que des communes rurales. Les cinq communes les plus densément pauvres (Orkadiéré, Bokidiawé, Nabadji Civol, Ogo et Ndendory) renferment environ 40% des pauvres de la région. La région de Kaffrine détient environ 4,4% de la population totale et près de 6% des pauvres du Sénégal. Les taux de pauvreté au niveau communal vont de 53,7% à Ndiobène Samba Lama à 79,6% à Malem Hoddar. Les trois communes les plus pauvres (Malem Hoddar, Sagna et Khelcom) comptent plus de 32.300 pauvres soit environ 13% de toute la région.
 
 
Sédhiou, la seconde région la plus pauvre avec un taux de pauvreté de 70,6%
 
Kédougou est la région la moins peuplée avec 1,2% de la population du Sénégal (environ 142.300 individus, mais il a un des plus élevés taux de pauvreté. Cependant, la région abrite un assez faible nombre de pauvres malgré le taux élevé de pauvreté (moins de 100.000 personnes). Les taux de pauvreté estimés au niveau communal vont de 53,9% dans la commune de Salémata à plus de 82% à Médina Baffé. Sur les 19 communes, 6 ont un taux de pauvreté de plus de 75%. Le plus grand nombre de pauvres (plus de 16.000) est enregistré dans la commune Kédougou. Sédhiou est la deuxième région avec la plus faible densité de population au Sénégal hébergeant près de 3,6% de la population. Avec un taux de pauvreté de 70,6%, elle est également la deuxième région la plus pauvre du Sénégal et abrite environ 5,1% des pauvres du pays. Les taux de pauvreté sont plus bas dans les communes à la frontière avec la Gambie et la Guinée-Bissau. Les trois communes les moins pauvres sont Tankon, Boghal et Diambaty dans le Nord. Sept des 43 communes de Sédhiou ont des taux de pauvreté de plus de 90% et comptent près de 70.000 pauvres.
 
Moussa CISS
 
 
 

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