CAMPAGNE ARACHIDIERE A ZIGUINCHOR: Les huiliers en ordre de bataille contre la spéculation sur l'arachide



 
Voilà trois semaines jour pour jour que la campagne arachidière est lancée. Malheureusement, regrettent les travailleurs de la Sonacos, aucune graine n'est collectée à Ziguinchor. Une situation que déplorent les syndicalistes de la société. «Aucun kilogramme n'a été réceptionné à la Sonacos de Ziguinchor. C'est la catastrophe pour nous. On ne veut pas faire dans la passivité jusqu'à ce que cette catastrophe se produise et que cela ait des conséquences sur les emplois dans la région», alerte Samba Badji joint par téléphone. «Il y a plus de 500 personnes employées. Au moment où je vous parle, plus de 200 personnes attendent d'être prises pour le déchargement des graines. Si ces gens-là ne sont pas pris, il va de soi que des centaines de familles vont vivre le désarroi comme nous. C'est la seule usine de la région. Si la situation n'est pas réglée, c'est une déstabilisation sociale», prévient-il. 
Conséquence, dit-il, «les jeunes vont reprendre le chemin de la mer. Ils vont prendre les pirogues pour aller en Espagne». Du coup, il alerte l'Etat : «il faut que les autorités comprennent que la Sonacos doit utiliser les graines du pays. Il ne faut pas laisser exporter les graines. C'est pourquoi nous avons convoqué un rassemblement devant l'usine pour faire comprendre la situation au personnel».
L'objectif de la Sonacos de Ziguinchor pour cette campagne, c'est de collecter 150.000 tonnes. Malheureusement, on a laissé exporter les graines. «Quand on ouvre les exportations alors que les huileries ne sont pas encore approvisionnées pour le simple motif qu'ils achètent à bon prix, les huileries ne pourront pas suivre et les employés iront au chômage généralisé», déplore notre interlocuteur.
«L'État a validé le kilogramme de l'arachide à 210 francs Cfa. La Sonacos a pris les dispositions pour acheter le kilogramme à 210 francs Cfa et pendant ce temps, les Chinois achètent à 250 francs Cfa. L'Etat est au courant. Les camions continuent à aller vers d'autres destinations que la Sonacos. L'Etat est en train de laisser faire. L'Etat sait qu'à la date d'aujourd'hui, il y a des dizaines de tonnes au port», déballe-t-il. «Ce que nous demandons à l'État, c'est de permettre aux huileries d'avoir leurs stocks. Nous demandons à l'Etat de privilégier les huileries à avoir leurs stocks, que les industries locales soient approvisionnées d'abord avant d'ouvrir les exportations, pour que les emplois puissent être préservés», dit-il.
Les employés de la Sonacos, en prélude de la marche qu'ils préparent, comptent d'abord se faire entendre par un point de presse devant le portail de l'entreprise ce vendredi.
 
Baye Modou SARR
 

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