«CAISSES ILLICITES» DANS DES BRIGADES DE GENDARMERIE: Quand les Généraux Fall et Sène ne parlent pas le même langage sur la qualification et l’ampleur du phénomène



 
 
Le Commandant de la gendarmerie territoriale, le Général de Brigade Moussa Fall, qui a levé le lièvre dans l’affaire des caisses illicites dans des brigades, parle clairement de «racket organisé» et de «pratique à l’échelle nationale», sur la base des «investigations» faites. Interpellé avant-hier sur la question, son supérieur, Le Général de Division Cheikh Sène, Haut commandant de la gendarmerie et Directeur de la justice militaire, affirme haut et fort que «la corruption n’est ni organisée ni généralisée au sein de la gendarmerie nationale» et que les faits dénoncés par le commandant Fall ne concernent que 3 brigades sur 120. Toutefois, les deux têtes couronnées de la gendarmerie s’accordent sur la nécessité de sanctionner sévèrement les fautifs. 
 
 
L’affaire des «caisses illicites» mises en place dans des brigades de gendarmerie a fini de secouer le corps, suite à la fuite de la lettre interne du Commandant de la gendarmerie territoriale, qui y dénonçait le phénomène et appelait à des sanctions contre les fautifs. Même s’il n’a pu le constater personnellement que dans trois brigades, le Général Moussa Fall affirme dans sa lettre que le phénomène est répandu. «Toutes ces caisses sont alimentées à chaque retour de service, par un racket organisé par les commandants de brigades et leurs adjoints. C’est le cas de trois brigades décelées aux légions de gendarmerie Sud, Centre ouest et Centre», dit-il, avant d’ajouter que «les investigations se poursuivent et les résultats révèlent que c’est une pratique à l’échelle nationale». 
Mais son supérieur hiérarchique, le Général Cheikh Sène, Haut commandant de la gendarmerie nationale, n’émet pas sur la même longueur d’onde que lui à propos de ses deux points : le racket organisé et la généralisation de la pratique. Et il l’a bien fait savoir, avant-hier, en marge de sa visite à la Foire de Dakar. «C’est vrai qu’il a été décelé au sein de trois (03) brigades de gendarmerie, sur 120 brigades que compte l’institution, des indices graves indiquant l’existence de pratiques illicites», avoue le Directeur de la justice militaire. Qui poursuit : «Ce que je voulais dire et souligner avec force, c’est que la corruption n’est ni organisée ni généralisée au sein de la gendarmerie nationale. C’est l’une des administrations publiques qui sanctionnent le plus ces formes de déviance et qui les sanctionnent très sévèrement».
Toutefois, opposés sur la qualification du phénomène et sur son ampleur, les deux Généraux sont d’accord sur la nécessité de prendre des sanctions dures contre les fautifs. «Ces actes constituent des fautes graves inacceptables qui seront circonstanciées et sévèrement sanctionnées», a promis le patron de la gendarmerie. Et c’est tout ce que demandait le Commandant de la gendarmerie territoriale dans sa note interne. «Ces pratiques qui n’honorent point l’institution, encore moins les valeurs incarnées du gendarme, méritent d’être dénoncées et les commanditaires sanctionnés. Le Général de Brigade, Commandant de la gendarmerie territoriale, sera intransigeant sur cette question et tous les manquements seront sévèrement sanctionnés», a martelé dans sa note le Général Moussa Fall. 
L’affaire des caisses illicites dans des brigades de gendarmerie a éclaté au grand jour, samedi dernier, quand la note interne du Général Fall, adressée au Général de Division, Haut commandant de la gendarmerie et Directeur de la justice militaire, ainsi qu’aux commandants de légions (pour exécution), a fuité dans la presse, soulevant beaucoup de commentaires dans les réseaux sociaux. 
Dans la note de service datée du 28 novembre 2018 et dont l’objet est : «existence de caisses illicites dans les brigades de gendarmerie», le chef de la gendarmerie territoriale disait : «Il m’a été donné de constater que, dans le brigades de la gendarmerie territoriale, des caisses sont ouvertes au nom de l’unité, sans aucun fondement légal». Se voulant plus précis, il note qu’il y a trois types de caisse : La caisse journalière du commandant de brigade tenue à hauteur de 10.000 F Cfa ou plus, selon l’importance du réseau routier et des services effectués ; la caisse hebdomadaire établie à 15.000 F Cfa par jour ; la caisse spéciale du Commandant de brigade instaurée au profit de ce dernier, avec le versement d’une à deux fois par semaine de 100.000 F Cfa. 
 
Mbaye THIANDOUM
 
 
 
 

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