La seule piaule à laquelle tout Sunugaalien peut prétendre peut-elle être un sanctuaire, un non man’s land, un désert interdit d’accès aux Goorgoorlus ? Non, non et non ! même si le fils de Mame Gnilane en avait fait un endroit totalement inaccessible, dont les hautes grilles formaient une limite infranchissable et le garde rouge placé devant une sentinelle vigilante, que son successeur et héritier Njool Diouf ait perpétué ce cérémonial durant son long et pénible magistère, l’arrivée de l’iconoclaste Njomboor en ce lieu aura brisé tous les tabous. Les «ndiaga ndiaye», les bus Dem Dikk, les troubadours et les laudateurs en tout genre ont été invités dans les jardins de ce palais devenu réellement public. Comme les sans-culottes envahissant les salons de Versailles à la révolution. Aujourd’hui, avec Niangal, le palais ne bruit plus des rassemblements de la piétaille venue en faire son mur des lamentations. Même que ce locataire n’y crèche pas, ne s’y rendant que pour recevoir des hôtes de marque. Alors, y a-t-il de quoi fouetter un chat, lorsque deux pelés et trois tondus sunugaaliens veulent faire valoir leur droit sur la bâtisse, en s’égosillant devant ses grilles ?
Waa Ji
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