Boomerang: S’en-fout-la mort



La mort est désormais banalisée à Sunugaal. Si les routes tuent de plus en plus, c’est parce que, comble de l’ironie, elles sont devenues meilleures. Alors que des tacots, genre corbillards ambulants, continuent de les fréquenter, avec au volant des s’en-fout-la mort, sans aucune éducation, inconscients de leurs responsabilités et prompts à se tuer tout en emportant avec eux beaucoup de leurs semblables. Mais, au-delà des routes et de leurs accidents, les morts se ramassent également au coin des rues, dans les toilettes des écoles publiques ou même dans des chambres closes qui laissent échapper l’odeur putride. Pour dire que la mort ne choque plus que quand elle est naturelle. Mais, avec la violence qui est devenue le quotidien de nos quartiers, on la voit venir à travers les échanges au vinaigre entre jeunes désœuvrés, l’intolérance qui sourd de la circulation et ses embouteillages, entre autres. L’Homo Senegalensis n’a certes pas perdu son âme faite de Teranga et de tolérance, puisqu’aucun acte de xénophobie n’a encore prospéré à l’endroit des frères et sœurs étrangers qui vivent parmi nous, mais, disons-le, le Sunugaalien n’arrive plus à se supporter lui-même.
Waa Ji

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