Le grand bleu a toujours eu de l’attrait, pour l’horizon qu’il dégage et le riche rivage qui se devine, de l’autre côté. Au-delà de cette large ouverture qu’elle procure à l’esprit, la mer est devenue le chemin de l’exil le plus béant, sans guérite de douaniers, ni barrière de gendarmes. L’immensité de la frontière liquide explique sa porosité et conséquemment le nombre de rafiots qui l’arpentent pour une traversée à risque. Les jeunes qui bravent l’épreuve n’en ont cure. Leurs oreilles, leurs yeux sont tendus vers tous ces prédécesseurs qui ont réussi l’exploit, sans aucun égard pour tous ceux, beaucoup plus nombreux, qui ont péri dans les abysses et n’ont de sépulture que dans l’esprit d’une mère laissée en rade. Alors, que faire ? Sécuriser les chemins de l’exil, c’est vouloir arrêter la mer avec ses bras. La bataille, c’est à la source, en donnant des raisons d’espérer. Pas en désencombrant ceux qui ambulent dans les villes, ni en réprimant ceux qui crient leur désespoir de ne plus trouver du poisson en mer, ou de voir de grosses machines terrasser leurs lopins à cultiver. Il faut aller vers ceux qui partent, ceux qui n’ont que l’envie, pour leur faire aimer chez soi, à juste raison.
Waa Ji
Waa Ji