Bara Guèye relaxé, sa femme et Cie condamnés à 2 mois avec sursis et 100.000f d'amende: les auteurs du mariage vip réprimandés par le juge



 
 
 
 
Fortunes diverses pour les organisateurs du célèbre mariage avec présence de griots et tout le 2 mai dernier. Si le patron de Clean Oil, Bara Guèye, a été purement et simplement relaxé par le juge du tribunal des flagrants délits de Dakar, ses co-inculpés eux, ont été condamnés. Son épouse Seynabou Diène, la mère de cette dernière, Marième Mané, l'ex-mannequin Adja Diallo, Niang Kharagne Lo, le griot des VIP Alassane Mbaye et le transitaire Mansour Ndao ont été tous condamnés à 2 mois de prison assortis du sursis et à payer chacun une amende de 100.000 F. Ils comparaissaient pour violation portant sur la loi d'urgence et rassemblement non autorisé. 
 
 
La célébration du mariage de l'homme d'affaires Bara Guèye de Clean Oil avec la comptable Seynabou Diène, le 2 mai dernier, s'est terminée devant le juge du tribunal des flagrants délits de Dakar, hier, lundi. A l'issue de cette cérémonie tenue dans la maison de la nouvelle mariée Seynabou Diène, des vidéos immortalisant l’événement ont circulé sur les réseaux sociaux montrant un ‘’battré’’ d’enfer (distribution de liasses de billets de banque). Mis au courant, les éléments de la Section de Recherches de la caserne Samba Diéry Diallo se sont transportés pour procéder à leur arrestation. Hier, Bara Guèye, la mariée Seynabou Diène, la mère de cette dernière Marième Mané, l'ex-mannequin Adja Diallo, Niang Kharagne Lo, le griot des VIP Alassane Mbaye et Mansour Ndao ont défilé devant le juge pour répondre des faits de violation portant sur l'état d'urgence et de rassemblement non autorisé. Comparaissant libres devant le juge, ces prévenus qui ont fait 48 heures en garde à vue ont contesté les infractions qui leur sont reprochées.
 
 
 
Marième Mané, mère de la mariée : «personnellement, je n'ai invité personne à ce mariage de ma fille»
 
 
Marième Mané, mère de la mariée, plus connue sous le nom de Marie Mané, a été la première personne interrogée par la présidente d'audience. «Je n'ai pas organisé de mariage. Je donnais certes ma fille en mariage mais je n'ai invité personne. Je le répète, je n'ai invité personne. Et si tel était le cas, j'allais inviter ma mère et mes sœurs. Ces gens ne me connaissent même pas», s'est-elle défendue à l'entame de ses propos. Avant de poursuivre : «il y avait une vingtaine de personnes et à un certain moment, je ne maitrisais pas la situation. C'est là que je leur ai demandé de sortir de la maison», a-t-elle précisé. 
 
 
 
Seynabou Diène, la mariée: «je n’ai invité que 10 personnes»
 
 
Quant au marié, l'homme d'affaires Bara Guèye, il dira pour se disculper : «je n'ai pas trouvé 10 personnes dans la maison de ma troisième épouse lorsque je me suis rendu là-bas après la rupture du jeûne. Ce ne sont que les membres de la famille qui s'y trouvaient». Troisième épouse de ce dernier, Seynabou Diène, encore appelée Zeyna, s'est lavée à grande eau, alléguant ainsi avoir informé par sms ses proches de son mariage. «Je n'ai invité personne. Mais j'ai envoyé un message à certains de mes proches en disant : "salut je me marie le samedi". Pour ma part, tout naturellement, je pense que toute personne qui se marie voudrait que ses proches le sachent. Mais cela ne veut pas dire que je les ai invités. Il n'y avait que 10 personnes que j'ai invitées», lâche la nouvelle mariée à qui le juge n'a pas aussi manqué à rappeler à l'ordre. «Vous êtes responsable de ce rassemblement !», a tonné le juge. 
 
 
Mansour Ndao, transitaire : «Je ne savais pas qu'il y aurait autant de personnes»
 
 
Transitaire de son état, Mansour Ndao a soutenu face au juge : «Seynabou m'a informé de son mariage parce que je suis un proche de la famille. Et quand sa mère voyage, elle me confie sa maison. Seynabou est comme une sœur pour moi. Je ne savais pas qu'il y aurait autant de personnes. Et juste après la cérémonie, je suis parti», a narré le jeune homme à qui le juge a rappelé qu'il était l'auteur de la publication de la vidéo incriminée qui circulait sur les réseaux sociaux et celui qui faisait le «battré». Pis, la présidente l’a informé qu'il ne portait même pas de masque lorsqu'il faisait cela. «La vidéo diffusée était une grosse erreur. C'est moi qui distribuais les billets de banque. Mais, au moment où j'étais sur place, il n’y avait pas de rassemblement. Mais, je reconnais qu'il y avait plus de 10 personnes. Je regrette ce qui s'est passé, parce que ça nuit à ma carrière alors que je représente quelque chose dans ce pays», dit-il, avant que le juge lui assène ses vérités. «C'était un devoir pour vous d'assister à ce mariage, mais la loi vous impose de rester chez vous ! Et tout ce qui s'est passé là n'était pas essentiel pour que le mariage se fasse, à savoir les chants et les distributions de billets de banque», lui lance-t-elle.
 
 
Adja Diallo : «Je présente mes excuses. Si je savais que c'était interdit, je n'y serais jamais allée»
 
Demeurant aux Mamelles, l'ex mannequin Adja Diallo s'est inscrite dans la même logique de dénégations. De son vrai nom Ndèye Marie Diallo, la dame divorcée et mère de 4 enfants a présenté ses plates excuses au tribunal, après avoir livré sa version des faits. «C'est Zeyna qui m'a appelée et invitée à son mariage. Je m'y suis rendue vers 18 heures parce que j'ai un enfant de 17 mois. A cette cérémonie, il y avait un rassemblement car il y avait une vingtaine de personnes et j'ai fait 40 mn là-bas. Je présente mes excuses. Si je savais que c'était interdit, je n'y serais jamais allée», a confessé l'ex-animatrice à la Sen Tv née en 1986. 
 
 
 
Niang Kharagne Lo : «je demande pardon, je ne savais pas que ce rassemblement était interdit»
 
S'agissant du «snapeur» Alioune Niang dit Niang Kharagne Lo, il a partiellement varié dans ses déclarations à la barre avant que le juge ne les lui rappelle. Lors de son audition préliminaire à la police, il avait ouvertement dit aux enquêteurs qu'il y avait 50 personnes présentes à la cérémonie de mariage de Seynabou Diène. Ce qu'il a farouchement contesté hier, en soulignant qu'il y avait moins de 20 personnes. «J'étais à ce mariage mais je ne savais pas le nombre de présents. J'y étais de 15h jusqu'à 15h10mn. Et j'y étais pour les besoins de la cérémonie religieuse parce qu'on m'a officiellement invité. Et je demande pardon au tribunal parce que je ne savais pas que ce rassemblement était interdit», a laissé entendre le domicilié aux Parcelles Assainies qui se dit chargé de relations publiques. 
 
 
Alassane Mbaye, griot des VIP : ««Je fais partie de la famille. chaque jour je suis là-bas»
 
 
 
A sa suite, le griot des VIP Alassane Mbaye a embouché la même trompette que ses coinculpés. Et pour se justifier, l'artiste-musicien rétorque au juge qu'il est un membre de la famille de la mariée Seynabou Diène. «Je fais partie de la famille. C'est ma nièce parce que chaque jour je suis là-bas dans leur maison», a-t-il révélé. La juge de lui rappeler : «à l'enquête, tu avais reconnu qu'on t'avait invité à venir faire les éloges de la fille après la cérémonie religieuse». L'artiste répond : «ça c'est après et j'ai chanté». Toutefois, il a été savonné par la juge : «tu n'habites pas là-bas et tu y vas ? Vous mettez en danger les gens qui respectent les mesures de prévention en cette période de pandémie», a-t-elle asséné. 
 
 
Ndèye Fatou Diouf, chanteuse : «c'est ma nièce qui m'a envoyée là-bas pour remettre des "teranga" à la mariée»
 
 
 
Née en 1968, la chanteuse Ndèye Fatou Diouf de donner sa version des faits : «c'est ma nièce, amie de Seynabou, qui m'a envoyée à cette cérémonie de mariage pour remettre des "teranga" à la mariée. Nous demandons pardons, en tant que porteurs de voix qui doivent sensibiliser les populations». La juge revient à la charge : «vous êtes des porteurs de voix et vous sensibilisez les gens ! et vous faites ça ? Est-ce que si à l'avenir vous sensibilisez les gens ils vont vous écouter et appliquer cela ?».
 Le représentant du procureur, qui n'a posé aucune question aux prévenus, les a bien sermonnés avant de requérir l'application de la loi contre tous. «Indirectement, vous les avez invités même si c'est par message. Vous (la mariée Seynabou Diène) êtes l'auteur du rassemblement. Prochainement, si vous ne pouvez pas respecter les mesures, vous arrêtez ce que vous faites ! Ce qui est sûr, c'est qu'à part ceux qui faisaient la cérémonie religieuse, votre présence à ce mariage n'était pas indispensable. Vous avez violé la loi», a argué la parquetière. 
Le pool de huit avocats constitué pour défendre les prévenus, avec Mes Abdoulaye Tall, Dabo, Alioune Badara Fall, Yéri Ba, Mamadou Seck, Abdoul Birane Wane, Ba et Borso Pouye, a plaidé leur relaxe. A défaut, de les faire bénéficier d'une application bienveillante de la loi. Selon les robes noires, l'élément intentionnel de ces infractions n'est ni constitué, ni caractérisé. A en croire Mes Yéri Ba et Mamadou Seck, les cérémonies familiales ne sont pas concernées par l'arrêté du 18 mars dernier. «Ce qui est interdit en soi, c'est le rassemblement public. Les funérailles, baptêmes et les mariages doivent être célébrés dans les maisons et ne devraient pas empiéter ou déborder sur la voie publique. Ils sont attraits ici parce que les vidéos ont circulé sur les réseaux sociaux. Il n'y a pas eu de débordement», indique Me Ba avant que Me Seck lui emboîte le pas. «Dans le communiqué sorti le 18 mars, l'autorité stipule que les mariages, baptêmes, funérailles et autres évènements familiaux peuvent se faire uniquement dans les maisons, mais qu'il n'y ait pas de débordement sur la voie publique. Ils ne sont pas concernés par l'arrêté. N'eût été cette vidéo publiée, personne ne serait au courant», dit-il. 
Pour le compte du griot des VIP Alassane Mbaye, Me Borso Pouye dira : «il faisait partie du cercle des personnes qui ont reçu la dot de la mariée. Son métier, c'est de chanter une personne ou faire l'éloge d'une personne. C'est son lieu de travail parce qu'il vit de ça. C'est cocasse de la part des enquêteurs. Si le comptage est bon, il n y a que 8 personnes qui comparaissent à la barre. Et cela ne constitue pas de rassemblement. C'est une question de psychose tout simplement», a argué Me Pouye. Au final, le tribunal a purement et simplement relaxé le marié Bara Guèye. Par contre, il a condamné la troisième épouse de ce dernier, Seynabou Diène, sa mère, Marième Mané, l'ex mannequin Adja Diallo, Niang Kharagne Lo, le griot des VIP Alassane Mbaye et Mansour Ndao à 2 mois de prison assortis du sursis et à payer chacun une amende de 100.000 F pour violation portant sur l'état d'urgence et rassemblement non autorisé. 
 
Fatou D. DIONE

Dans la même rubrique :