BOUNA MOUHAMMED SECK, CHARGE DES ELECTIONS A L’AFP: «L’Afp présentera un candidat en 2024»



 
Le compagnonnage entre l’Alliance des forces de progrès (Afp) et l’Alliance pour la République (Apr), sauf retournement de situation, s’arrête à ce second mandat de Macky Sall. Invité hier de l’émission Objection de Sud Fm, Bouna Mouhammed Seck a révélé que l’Afp va présenter son propre candidat à la présidentielle de 2024. Sur la dissolution de l’Assemblée nationale, le directeur de cabinet de Moustapha Niasse soutient que la question n’est nullement taboue, et que son parti est à l’aise pour en parler, parce que considérant que les 5 députés qui lui ont été attribués ne représentent pas son profil et sa force réelle. Toutefois, il note que la dissolution de l’Assemblée n’est pas sans risque pour la mouvance présidentielle, car, à chaque élection, ses réalités.
 
 
Que Macky Sall et l’Alliance pour la République ne comptent pas trop sur l’Alliance des forces de progrès pour la présidentielle de 2024. Et pour cause, le parti de Moustapha Niasse, comme il l’avait annoncé au moment de rendre public son soutien à Macky Sall pour 2019, va aller à la conquête du pouvoir sous sa propre bannière, ou du moins avec une coalition dont elle sera la pierre angulaire. «Ce sont les instances de l’Afp qui en ont débattu et qui en ont décidé démocratiquement. Au moment où je vous parle, oui, je le confirme. L’Afp présentera un candidat en 2024», a déclaré le chargé des questions politiques au sein du parti, par ailleurs directeur de Cabinet du président de l’Assemblée nationale. Toutefois, il précise qu’actuellement, «l’ancrage de l’Afp dans Benno est confirmé et il n’y a pas eu de données nouvelles pour que cette alliance s’effiloche». Mieux, il est persuadé que si les principales composantes de la majorité présidentielle vont en ordre dispersé à la prochaine présidentielle, il y a de  fortes chances que le pouvoir leur échappe. «Ce qui est constant, et ça c’est un point de vue personnel, au vu des chiffres de cette élection (présidentielle du 24 février 2019), si les principales composantes de Bby, à savoir l’Afp, l’Apr et le Parti socialiste, présentent chacune un candidat en 2024, ce qui est certain, c’est que nous irons à un 2èmetour. Et il y a des risques que d’autres forces prennent le pouvoir», soutient le collaborateur de Moustapha Niasse. Pour lui, «il faut procéder à des analyses froides», d’abord au sein des composantes de Bby, et ensuite entre composantes de la coalition au pouvoir, «pour prendre les meilleures décisions pour notre pays». Mais quoi qu’il en soit, le Sénégal étant «un pays très complexe», le responsable de l’Afp pense que, pour gouverner, le Président Sall a besoin des forces vives, des partis politiques, des identités remarquables, des forces sociales. Et d’ajouter :  «Bby, en conjuguant ses efforts a eu plus de 58%. Il faut consolider cette stabilité, ces forces politiques, pour que ce mandat-là confirme les fleurs du premier mandat». 
Dissolution de l’Assemblée nationale : «chaque élection est une aventure. On ne sait pas ce qui peut se passer entre maintenant et dans 3 ou 4 mois». 
Sur la question de la dissolution de l’Assemblée nationale, agitée ces derniers jours, après la sortie sur la question de Me Aïssata Tall Sall, Bouna Mohamed Seck ne met pas de gants pour répondre, même s’il précise que son parti n’a pas encore discuté de la question. «Ce n’est pas une question taboue. D’abord je ne peux me prononcer parce que mon parti ne s’est pas réuni sur la question. Mais tout le monde sait que c’est une prérogative présidentielle. On a beau dire je suis pour ou contre, c’est le Président qui décide», note d’emblée Bouna Mouhammed Seck. Appelant à «dédramatiser tout cela», il souligne que son parti ne perd rien à une dissolution de l’Assemblée. Et pour cause : «Nous à l’Afp, nous sommes le plus à l’aise pour le dire, car les 5 députés que nous avons, et ça je le dis de manière très claire, ne correspondent pas du tout au profil de l’Afp et aux forces réelles de l’Afp. Je suis persuadé que si l’Afp allait seule aux législatives, elle aurait plus de 5 députés». 
Poursuivant, il souligne que «la dissolution peut être une arme dirigée contre certaines forces». Et rappelle qu’en 2001, le président Wade avait usé de cette arme pour mettre fin à la législature qui était en cours, avec une majorité de députés socialistes, qui s’étaient retrouvés dans l’opposition. Mais on est dans une configuration différente en ce moment. «Aujourd’hui, Bby a une majorité très confortable. Sur ce plan-là, il n’y pas de danger pour Bby». Dès lors, pour lui, il ne sert à rien de prendre des risques, car cela peut bien se retourner contre le régime. «ça peut être un outil pour harmoniser le calendrier républicain, le calendrier électoral, mais c’est une démarche avec des conséquences politiques», alerte-t-il. Et il donne l’exemple de Jacques Chirac, qui avait procédé à la dissolution de l’Assemblée où son parti était majoritaire et, malheureusement pour lui, «il y a eu le boomerang». Et le risque est d’autant plus présent pour le responsable progressiste que «chaque élection est une aventure» et «on ne sait pas trop ce qui peut  se passer entre maintenant (où Bby est vainqueur de la présidentielle) et dans trois ou quatre mois). Surtout que, note-il, «gouverner aujourd’hui, à travers le monde, c’est toujours périlleux», parce qu’il y a «une conscience citoyenne et une exigence des populations, pour que leurs préoccupations soient prises en charge».
Mbaye THIANDOUM
 
 
 
 
 
 
 

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