Lors de son audition, hier, face au juge de la Chambre criminelle de Dakar, le professeur de mathématiques en Mauritanie, Boubacar Décol Ndiaye, a soutenu avoir été à Kaolack chez imam Ndao pour lui demander si ses «Mbook» dont Moussa Mbaye…étaient réellement décédés dans les zones de combats comme la Libye, entre autres, et voir si ce n’était pas un piège. Cependant, il a attesté n’avoir jamais été au Nigeria, ni émis le souhait de s’y rendre, après avoir contesté les incriminations qui lui sont imputées.
14e accusé entendu, Boubacar Décol Ndiaye, domicilié à la Sicap Baobab, marié à deux épouses et père de 4 enfants, a contesté les incriminations qui lui sont imputées. Agé de 35 ans, le professeur de mathématiques exerçant en Mauritanie et promotionnaire d’Alioune Badara Sall, a été arrêté en avril 2016 en Mauritanie, avant d’être rapatrié au Sénégal. Boubacar Décol Ndiaye a expliqué aux juges de la Chambre criminelle que les membres de son groupe en Mauritanie sont Alpha Diallo, Moustapha Mbaye, Mohamed Seck, Lamine Coulibaly, Mor Mbaye Dème… Par ailleurs, pour le cas de Mouhamed Ndiaye, l’accusé de confirmer n’avoir jamais eu d’affinités avec son coaccusé, qu’il a connu dans ledit pays lorsqu’il y étudiait l’arabe et y dispensait aussi des cours. Ce qui est contraire aux conclusions de l’enquête, qui montrent qu’il communiquait beaucoup avec Mouhamed Ndiaye. Concernant ses rapports avec Matar Diokhané, Décol Ndiaye avait déclaré, toujours devant les enquêteurs, qu’il l’avait connu en 2010 lorsqu’il se rendait dans son daara pour lui livrer des jus. Selon l’accusé, il s’était rendu chez Matar Diokhané pour vérifier les rumeurs en ce qui concerne le décès de ses amis Moussa Mbaye, Saliou Fadiga, Abdallah Ba, Abdallah Dièye, Moussa Dièye, Zaid Ba, Hassane Diédhiou, qui seraient morts dans les zones de conflits en Libye, Nigeria ou Syrie. Matar Diokhané lui avait confirmé que c’était la vérité. Il lui a également révélé qu’il était dans le fief de Boko Haram. Cela l’étonnait beaucoup, a-t-il ajouté. Hier, Décol Ndiaye a juré la main sur le cœur ne l’avoir jamais connu.
Par ailleurs, sur ses rapports avec imam Ndao, il a expliqué qu’il s’était rendu chez lui à Kaolack. Et pour ce voyage de Kaolack, il disait accompagner son ami Moustapha Diatta, qui allait rendre visite à l’épouse de son ami Abdallah Dièye, qui vivait chez imam Ndao. Selon lui, il avait entendu qu’Abdallah Dièye est mort en Libye, alors qu’il le connaissait comme ingénieur géologue. C’est ainsi qu’il avait profité de l’occasion pour se rendre chez imam Alioune Badara Ndao. Et une fois chez ce dernier, il en a profité pour l’interpeller sur l’information que l’ancien ministre des Affaires étrangères de l’époque, Cheikh Tidiane Gadio, avait véhiculée sur la 2stv en 2015. Ce dernier avait dit que dans certains camps djihadistes en Libye, on parle la langue wolof. Il avait demandé à imam si cette information n’était pas un piège.
Poursuivant, l’accusé déclare n’avoir jamais été au courant d’une installation d’une cellule djihadiste au Sénégal. Interpelé sur sa conception du djihad par le juge, il explique que cela consiste à travailler pour s’occuper des siens et des autres... Et pourtant, face au juge d’instruction, il avait soutenu ceci : «la Terre appartient à Dieu et c’est sa loi qui doit être appliquée. Avoir le courage de dire la vérité partout pour passer au 1er niveau. On doit avoir le courage de le dire à tout le monde pour passer à la seconde étape qui consiste à faire le djihad».
Fatou D. DIONE