BABACAR BA, CONSEILLER TECHNIQUE DU SECRETAIRE D’ETAT AUX SENEGALAIS DE L’EXTERIEUR : «Des gens ont encaissé entre 1100, 1150, 1200 et 1300 euros, pour ensuite aller acheter le billet à 1000 euros à Air Sénégal»



Ceux qui ont rué dans les brancards fustigeant le gouvernement et Air Sénégal d’avoir renchéri les prix des billets pour le retour des Sénégalais d’Italie bloqués à Dakar sont-ils tous blancs comme neige ? Apparemment non, si l’on se fie aux révélations de Babacar Ba, du secrétariat d’Etat aux Sénégalais de l’Extérieur. Pour le conseiller technique de Moïse Sarr, il y a des compatriotes de la diaspora et d’ici, de connivence avec des politiciens d’ici et de la diaspora, qui ont mis en place des collectifs et groupes WhatsApp, encaissé l’argent d’autres compatriotes devant regagner l’Italie, pour aller ensuite payer le billet moins de la somme qu’ils ont encaissée, faisant des affaires sur le dos de ces immigrés.

Décidément, tous les moyens sont bons pour certains compatriotes de se remplir les poches, quitte à profiter du calvaire d’autres Sénégalais. C’est la trame dans cette affaire qui risque de faire du bruit au sein de la diaspora sénégalaise d’Italie. En effet, selon Babacar Bâ, du secrétariat d’Etat aux Sénégalais de l’Extérieur, des compatriotes d’ici et de la diaspora ont fait des affaires sur ceux qui devaient rentrer en Italie, en leur faisant payer le billet plus cher. «Ceux qui sont rentrés et qui ont retrouvé leur travail et leurs activités rendent grâce à Dieu. Ils sont différents de ceux qui sont dans les réseaux sociaux (en train de fusiller la tutelle) et ceux qui font du business sur le dos des émigrés», fait remarquer d’abord Babacar Bâ. Qui ajoute : «Air Sénégal a vendu les billets à 1000 euros (pour les vols du 9, 12 et 16 juin dernier). Mais il y a des Sénégalais de la diaspora et d’autres qui sont ici, qui font du business sur le dos des émigrés. Ils ont réuni des gens dans des collectifs et des groupes WhatsApp, ont encaissé leur argent, entre 1100, 1150, 1200 et 1300 euros, pour ensuite aller payer le billet à 1000 euros à Air Sénégal. Ils ont donc fait des affaires sur le dos des émigrés, gagnant 100 à 300 euros sur chacun», explique le collaborateur de Moïse Sarr. Qui affirme qu’il s’agit «de gens qui sont là, connus, identifiés et qui sont de connivence avec des hommes politiques connus et identifiés, qui sont dans la diaspora et au pays, dont des élus». Bâ est d’autant plus outré que ces mêmes personnes ont eu le culot d’investir les réseaux sociaux pour brocarder l’Etat. «Il faut qu’il y ait toute la transparence dans cette affaire. L’Etat ne peut pas consentir ces efforts pour aider les Sénégalais et que des affairistes se permettent de faire des deals sur le dos de ces Sénégalais, pour ensuite vouloir tout mettre sur le dos de l’Etat. Ceux qui ont pris aux gens plus que le prix du billet doivent avoir l’honnêteté de le reconnaître». A défaut, il conseille à tous ceux qui ont payé plus de 1000 euros d’aller en justice, s’il le faut, pour réclamer le surplus à celui à qui ils avaient donné leur argent».

567 millions déjà distribués en Italie pour assister les compatriotes

Au sujet de l’aide apportée par l’Etat, Babacar Bâ souligne qu’elle est distribuée à plus de 90% en Italie, avec 567 millions déjà distribués en deux phases, dont 500 millions pour la seconde phase, concernant des résidents éligibles à l’aide (les sans-papiers et les gens qui n’ont pas reçu l’aide du gouvernement italien…). La première phase ayant concerné surtout les malades et les familles des personnes décédées. En outre, il a souligné qu’il n’y a pas moins de 22.306 compatriotes immigrés inscrits pour l’aide en Italie. Parmi eux, il y a 12.989 personnes actives, 389 retraités, 3364 chômeurs et 319 étudiants. Portant la réplique à leurs détracteurs, le collaborateur du secrétaire d’Etat aux Sénégalais de l’Extérieur de souligner : «ce sont eux qui disaient qu’ils ne veulent pas de l’argent et que le gouvernement peut l’utiliser pour construire des hôpitaux. Mais aujourd’hui, c’est seulement aux consulats d’Italie et de Paris qu’on se bat (pour recevoir l’aide).

Mbaye THIANDOUM
LES ECHOS

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