Avortement clandestin : L'étudiante mariée condamnée à un an de prison



Le tribunal des flagrants délits de Dakar a condamné, ce mardi matin, la jeune mariée A. Dieng à un an de prison ferme pour avortement clandestin. Après deux mois de mariage, l'étudiante avait mis un terme à sa grossesse de cinq mois, en  jetant le fœtus dans une fosse septique.
 
 
 
Selon le rapport d'enquête, l’histoire s’est déroulée au quartier Bene Tally. Le 31 octobre 2024, les sieurs P. S. Seck et M. Badiane se sont rendus à la police de Biscuiterie-Hlm. Ils ont informé aux hommes du commissaire Ndao de la découverte du corps sans vie d'un nouveau-né dans leur domicile. P. S. Seck d’expliquer qu’il a constaté que la fosse septique de la maison était bouchée. Il a fait appel à un déboucheur. Et lorsque ce dernier a ouvert le couvercle, ils ont découvert un corps sans vie.
 
C’est ainsi que les éléments de la brigade de recherches et d'Intervention du commissariat ont effectué le déplacement aux fins de constatations. Ils ont découvert le corps sans vie d'un nouveau-né de sexe féminin dans la fosse septique. Alertés, les sapeurs-pompiers de la 12e compagnie de Dieuppeul se sont présentés sur les lieux pour procéder à l'extraction du corps qu’ils ont déposé à la morgue de l'hôpital Général Idrissa Pouye de Grand-Yoff.
 
Les policiers ont interrogé les occupants de l’immeuble. C’est ainsi que les dames A. Diagne et Nd. Ndiaye ont désigné leur copine A. Dieng avec qui elles partagent la même chambre comme l’auteure des faits. Elles ont dit aux enquêteurs qu’après l’usage des toilettes par cette dernière, elles ont remarqué des traces de sang sur la chaise turque.
 
Auditionnée, l’étudiante A. Dieng, 21 ans et mariée, a nié les faits sans convaincre. C’est ainsi qu’elle a été conduite au centre de santé Gaspard Kamara pour des examens cliniques. Le rapport médical délivré par le gynécologue a révélé un « bon état général, muqueuses colorées, abdomen souple et autres ».
 
       
 
« J’ai entretenu des rapports sexuels avec mon mari avant le mariage… »
 
La prévenue explique : « Le 29 octobre 2024, vers 9 h, alors que j'aidais ma mère dans son activité de lingerie, j'ai senti des maux de ventre. J'ai cru que ce sont mes règles qui s'annonçaient. Ne pouvant plus supporter la douleur, je suis rentrée à la maison. Aux environs de 17 h, j'ai senti le besoin d'aller aux toilettes. Au moment de faire mes besoins, quelque chose est sortie de mon appareil génital et est passé par le trou de la chaise turque. Dans la nuit, j'ai constaté du lait sortir de mes seins. Le lendemain, les policiers sont venus dans la maison. J'ai demandé à ma colocataire les raisons de leur visite. Elle m'a fait savoir qu'un nouveau-né a été découvert dans la fosse septique de la maison. Prise de peur, je me suis rendue à Mbéwane ».
 
Poursuivant, elle explique qu’elle ignorait être enceinte. ‘’D'ailleurs, je n'ai même pas de carnet de visite. Par contre, j'ai vu mes règles pour la dernière fois en début du mois juin 2024».
 
L’enquêteur de revenir à la charge : « D'après les informations recueillies, vous vous êtes mariée, il y a deux mois et le fœtus découvert dans la fosse septique a environ cinq mois. N'avez-vous pas avorté clandestinement, afin que votre époux ne soit pas au courant que vous avez contracté une grossesse hors mariage ?» La prévenue de répondre : « Il est vrai que mon époux et moi entretenions des relations sexuelles avant notre mariage, mais je ne savais pas que j'étais tombée enceinte. »
 
L’époux tente de lui tirer d’affaire
 
 
 
À la barre, A. Dieng a réitéré ses déclarations faites aux policiers. Elle conteste le délit d’avortement clandestin qui lui est reproché.
 
Entendu, son mari S. S. Faye a soutenu sa version. L’homme a affirmé qu’ils se sont mariés au courant du mois de septembre dernier. Il a aussi allégué que sa femme ne savait pas qu’elle est en état de grossesse. Et que lui aussi il n’avait pas remarqué de changement physique chez son épouse.    
 
Dans ses observations, le ministère public est d’avis que la mise en cause est coupable du délit d’avortement clandestin. Pour le parquet, la jeune dame savait qu’elle était enceinte. Le maitre des poursuites a requis une peine de trois ans ferme. Maitre Mamadou Guèye de la défense a pris son contrepied pour plaider la relaxe.
 
En rendant son verdict, le tribunal a déclaré A. Dieng coupable des faits et l’a condamné à un an ferme.
 
 
 

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