Aly Ngouille Ndiaye assure et rassure : «Il n'y a pas eu de mineurs dans cette présidentielle»



 
 
 
 
Le ministre de l'Intérieur, Aly Ngouille Ndiaye, ne boude pas son plaisir. Malgré les réserves de l'opposition, il considère avoir bien organisé la présidentielle du 24 février dernier. En plus, son candidat a été réélu au premier tour et, pour ce dernier, il a réalisé un score à la soviétique dans son fief, Linguère. Entretien-bilan.
 
 
 
Seneweb : Quel bilan tirez-vous de la présidentielle du 24 février dernier, élection à l'issue de laquelle votre candidat, Macky Sall, a été réélu dès le premier tour ?


Aly Ngouille Ndiaye : Je peux dire que je suis satisfait du déroulement des élections, depuis le déclenchement du processus jusqu'au scrutin du 24 février 2019 qui mettait en compétition cinq candidats dont le Président sortant. C'était un gros challenge pour nous parce que vous vous rappelez toutes les difficultés qu'on a eues pour faire face à cette pression, notamment de l'opposition qui ne souhaitait pas qu'on organise nous-mêmes les élections. À l'arrivée, le Bon Dieu nous a bien gratifié de cette opportunité. Tout le monde est d'accord que les élections se sont bien passées au Sénégal comme à l'extérieur. C'était un grand défi, nous l'avons relevé. Le défi nous a permis d'organiser ces élections dans 49 pays, dont le Sénégal, dans 14.651 bureaux et, grâce à Dieu, plus de 99% des bureaux étaient ouverts dès 8heures et fermés à 18 heures.
Après ce qui s'est passé le 24 février, on peut dire que l'élection est pratiquement terminée. Et le Président Macky Sall a été réélu au premier tour. Je suis très satisfait, mais je ne suis pas surpris. Je m'y attendais. J'avais dit que ça se passera bien. Je ne pouvais peut-être pas penser que j'aurais pu avoir 14.651 bureaux de vote et zéro incident. Sur l'ensemble du pays, vous n'avez pas entendu un seul bureau de vote où on vous a dit qu'il manque des bulletins, de l'encre…, parce que nous nous sommes personnellement impliqués pour que ça puisse se passer très bien. Et je précise que 14 jours avant le scrutin, tout le matériel était déjà à destination.
 
L'opposition a pointé certaines irrégularités comme un prétendu vote de mineurs à Matam…



Les gens font beaucoup de montages. Il n'y a pas eu de mineurs dans ce scrutin. L'opposition était présente dans tous les bureaux de vote. Je pense qu'elle n'accepterait pas qu'un mineur vienne voter. Le reste, je considère que c'est des images que les gens avaient dans des cours d'instruction civique. On avait vu ces images avant même les élections où des écoles organisaient des techniques de vote dans leurs établissements. Retenez qu'aucun mineur n'a voté au Sénégal.
 
Vous exultez à propos du déroulement du vote, mais l'opposition conteste les résultats publiés par la Commission nationale de recensement des votes…


Non, je regrette, l'opposition ne conteste pas les résultats parque si on conteste les résultats on le mentionne dans le procès-verbal. J'ai eu moi-même copie des procès-verbaux issus des tribunaux départementaux. Pour l'essentiel, il n'y a pas de contestation ni d'observation.
Le président de la Commission nationale de recensement des votes a signalé, lors de la publication des résultats provisoires, que les quatre candidats de l'opposition ont fait des observations qu'il a jointes dans le rapport qu'il doit déposer au Conseil constitutionnel…


Au niveau de la Cour d'appel je n'ai pas vu moi-même le procès-verbal, mais j'ai vu la fiche dans laquelle l'opposition a fait des réclamations et je ne pense que c’est de nature à remettre en cause le scrutin.
 
 
L'opposition affirme que le fichier électoral a été piégé en faveur de Macky Sall ? Que répondez-vous ?


C'est ce "fichier piégé" qui leur a donné 20% et 16%. Le fichier n'a pas  changé. C'est le même fichier qui a permis aux uns et aux autres de passer le parrainage et à d'autres d'être recalés. C'est le même fichier qui a été tiré et chacun d'entre eux a une copie. Piégé ou pas, c'est les gens qui ont une carte d'électeur qui sont venus dans les bureaux de vote et ont vérifié leurs  noms, avant de voter.
 
 
Pour des élections crédibles, l'opposition a toujours réclamé votre départ du ministère de l'Intérieur. Comprenez-vous cette demande ?


Ce que nous avons fait à la tête de ce ministère prouve que ce n'est pas forcément un argument qui tient toujours. Nous avons pu organiser les élections. Nous nous sommes personnellement impliqués dans l'organisation des élections avec la Direction générale des Élections, la DAF, la Direction générale de l'Administration territoriale, la police, la gendarmerie, l'armée. C'est avec tout cet ensemble qu'il fallait coordonner pour aboutir à ce résultat. Pour l'essentiel - même l'opposition l'a reconnu le jour du scrutin - je pense que leurs appréhensions ne sont plus fondées. Peut-être qu'à l'avenir ce ne sera plus un point important. Ce qui est déterminant, c'est l'engagement et la personnalité du ministre de l'Intérieur, plutôt que son appartenance.
 
 
Votre candidat a été réélu au premier tour avec 58,27%. Mais il a subi une lourde défaite à Touba. Comment expliquez-vous cet énième revers dans la ville sainte ?


Des habitants de Touba n'ont pas voté pour le Président Macky Sall, il n'y a pas une autre explication. Le Président Sall a fait beaucoup de réalisations à Touba comme à l'intérieur du pays. Lorsque la campagne électorale est ouverte, il est venu vendre son programme et faire de la prospection, d'autres candidats l'ont fait. À l'arrivée les populations de Touba, en majorité, ont voté pour le candidat  Idrissa Seck. Même si le candidat Macky Sall n'a pas gagné à Touba, il faut reconnaitre que son score s'est beaucoup amélioré dans la ville sainte par rapport aux élections  législatives. Nous sommes en démocratie, aucun candidat n'est censé gagner forcément toutes les villes, tous les bureaux de vote ; ceci montre que notre démocratie est en marche. Certes le Président Macky Sall a perdu le département de Mbacké, mais il a gagné les départements de Bambey et de Diourbel. Au niveau de Ziguinchor, il est arrivé deuxième derrière le candidat Sonko. Mais dans 12 des 14 régions du pays, le candidat Macky Sall est arrivé en tête, largement devant ses concurrents. Les gens sont partis librement voter à Touba.
 
 
 
Êtes-vous satisfait des résultats enregistrés par Macky Sall à Linguère, votre fief.


Je suis très satisfait des résultats de Linguère. Nous avons l'explication : aujourd'hui nous occupons la cinquième place. C'est Ranérou qui est passé devant nous. Là-bas, il n'y a que deux partis, l'APR et le Parti de la réforme, qui est dans la coalition. C'est ce qui  justifie que Ranérou passe devant nous, sinon nous sommes dans la même tendance. Nous avons amélioré le score en termes de voix parce que c'était important dans un contexte où beaucoup de nos concitoyens sont partis pour la transhumance, mais beaucoup d'entre eux sont revenus pour voter. Le plus important, c'est que le Président Macky Sall a gagné le département de Linguère avec un taux de 80,01%. Nous félicitons l'ensemble des électeurs qui ont participé à ce vote.
Vous été accueilli en héros dans votre fief, Linguère, une semaine après la présidentielle. Qu'est-ce qui explique un tel engouement ?


J'ai été touché par l'accueil que les populations du Djoloff m'ont réservé. J'avoue que c'est spontané parce que jusqu'à vendredi soir, je n'avais pas retenu de venir à Linguère. Puisque nous allons, la semaine prochaine, vers la publication des résultats définitifs, j'ai décidé  de venir au Djoloff pour prendre quelques jours de break en attendant que le Conseil constitutionnel se prononce. Je n'ai jamais vu une telle mobilisation. Toutes les populations sont sorties pour m'accompagner jusque dans la chambre de ma mère.
 
 
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"Il n'y a pas eu de mineurs dans ce scrutin. L'opposition était présente dans tous les bureaux de vote. On avait vu ces images avant même les élections. Des écoles organisaient des techniques de votes dans leurs établissements."
 
 
"Peut-être qu'à l'avenir mon départ du ministère de l'Intérieur ne sera plus un point important. Ce qui est déterminant, c'est l'engagement et la personnalité du ministre, plutôt que son appartenance."
 

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