Au Sunugaal, ces temps-ci, une certaine opinion se plaint qu’on puisse fermer les universités et ouvrir les arènes. On est certes loin de la Rome antique, quand les gladiateurs s’étripaient devant César et au grand plaisir de la plèbe. Mais l’enchainement des combats de lutte à l’Arène nationale, pour un étalage de muscles et des échanges de gnons finissant souvent dans un bain de sang, contraste avec la fermeture sine die des agoras. Les gros bras prennent le pas sur les tribuns et les idées désertent les fora. Les forces de l’ordre peinent à encadrer ceux qui ne font que jacter, alors qu’on les déploie tous azimuts pour cerner, jalonner et sécuriser les foires d’empoigne que sont les combats de lutte. Un sport bien de chez nous, dit-on, qui d’habitude égayait les nuits de moissons florissantes sur la place des villages, mais qui, aujourd’hui, est enfermé dans un système qui en fait un sport pour l’autre, l’étranger, qui depuis chez lui peut acheter le droit de regarder le combat. En tout cas, un renversement de la force de l’argument par l’argument de la force a désormais cours au Sunugaal, consacré par ces restrictions sur tout ce qui est expression libre des idées et des opinions.
Waa Ji