Inculpé, il y a plus de deux ans, Kabirou Mbodje vient d’être renvoyé en jugement. Le juge d’instruction du deuxième cabinet a rendu une ordonnance de renvoi en police correctionnelle en retenant la charge d’abus de confiance contre le Président-directeur général de Wari. Une nouvelle qui va réjouir ses associés qui vont certainement applaudir à tout rompre. Reste maintenant à savoir quel sera l’issue du procès.
Leur témérité a payé. En saisissant le juge d’instruction du deuxième cabinet par une plainte contre Kabirou Mbodje, Malick Fall, Seyni Camara et Cheikh Tague n’étaient portés que par un brin d’espoir et la ‘’solidité’’ de leur dossier. Mais aussi une témérité infaillible. Un brin de confiance fut né le 22 juin 2017, lorsque le juge Yakham Lèye inculpa le Président-directeur général de Wari, pour augmentation illégale de capitaux et abus de confiance. Seyni Camara et Cie viennent d’obtenir gain de cause après trois ans d’instruction. En effet, le juge Youssou Diop, qui a entre-temps hérité du dossier pour être devenu le juge d’instruction du deuxième cabinet, vient de rendre une ordonnance de renvoi en police correctionnelle contre Kabirou Mbodje. Le magistrat instructeur a trouvé des charges suffisantes contre le Pdg de Wari, pour le chef d’inculpation d’abus de confiance. Ledit délit porte sur 510 millions de nos francs.
Pourquoi le magistrat instructeur a retenu cette infraction à l’encontre de Kabirou Mbodje ?
Selon les constatations du juge, le Pdg de Wari a effectué plusieurs dépenses en utilisant «abusivement la carte bancaire sans justificatifs». Cela a été confirmé par l’expert Ngor Diouf, désigné par le juge des référés du Tribunal régional de Dakar. Selon le juge, l’homme de l’art a noté dans son rapport que, pour ce qui est du compte bancaire de la CSI qui est ouvert dans les livres de la Caisse nationale de crédit agricole (Cncas), des retraits et paiements ont été effectués par carte de crédit, estimés à 591.992.659 francs. L’expert a noté que sur les 412.428.291 francs qu’il a analysés, seul le montant de 68.098.643 francs a été justifié. Et ce n’est pas tout ; il y a aussi des frais de missions «exorbitants», des «perdiems très élevés», des chèques émis «sans nom et de paiements non justifiés».
Le juge Youssou Diop ne s’en est pas limité en cela. Il a constaté que le patron de Wari n’a versé dans le dossier aucun document qui prouve que «les instances de la société lui ont permis de s’octroyer 8% du chiffre d’affaire de CSI» et «qui a abouti à un prélèvement de 510 millions de francs au motif qu’il serait le propriétaire de Wari». Autant de faits qui ont convaincu le magistrat de renvoyer Kabirou Mbodje en jugement. Après l’inculpation, ce renvoi fortifie l’espoir des associés du patron de Wari qui avaient perdu la première manche, puisque Kabirou Mbodje était sorti vainqueur pour avoir été blanchi par la chambre d’accusation.
Alassane DRAME