Abdoulaye Makhtar Diop sur l'après Covid-19: "il faut diminuer la taille du gouvernement à l'opposition"




 
Abdoulaye Makhtar Diop, Grand Serigne de Dakar, plaide pour la cause du personnel de santé. Selon lui, ce sont eux qui méritent d’être primés au vu des risques encourus. Le député soutient aussi dans cet entretien, qu’il faut déplafonner l’âge de la retraite des agents de la santé et qu’il faut construire et renforcer les hôpitaux sur le territoire national. Par la même occasion, il a aussi signifié qu’il est foncièrement pour «qu’on retourne aux gouverneurs de régions, aux préfets et aux sous-préfets leurs pleins pouvoirs». L’ancien ministre d’Etat n’a pas manqué de déplorer l’incompréhension qu’il a de certains chefs d’entreprises concernant leurs réactions face au Programme de résilience économique et sociale.
 
 
 
Le corps médical en question
 
«On a refait les routes et construit des autoroutes, c’est bien ; mais on doit s’arrêter un moment et se focaliser sur les hôpitaux. On doit construire de grands hôpitaux. Ça ne suffira pas évidemment, il faut qu’on épaule les professeurs comme le Pr Seydi sur la formation des cadres. Il faut aussi modifier le régime de la fonction publique pour le corps de la santé. Comme on n’a pas le personnel suffisant, il faut prolonger l’âge de la retraite du personnel de santé. Il faut qu’on déplafonne le personnel de la santé. On ne peut pas former, en un rien temps, autant d’infirmiers, de sages-femmes ou de docteurs. Le président de la République doit profiter de ces ordonnances pour déplafonner même ceux qui doivent aller à la retraite. Tout le monde se plaint, les artistes, les basketteurs demandent de l’argent, mais qu’en est-il du personnel de la santé ? C’est le personnel de la santé qui doit être primé. Pourtant, personne ne les défend, alors qu’ils sont les plus exposés ainsi que leurs familles. Ils doivent avoir une part importante des 1000 milliards.»
 
 
Comité de suivi de la mise en œuvre des opérations du Fonds de riposte et de solidarité contre les effets du Covid-19 (Force Covid-19)
 
«Que ce soit le parti au pouvoir, l’opposition ou la société civile, on doit unir nos forces et faire face à cette pandémie. Parce que ce n’est pas le moment de parler de qui a eu plus ou moins, on verra tout ça à l’heure du bilan. Pour le comité de suivi, que celui qui a une proposition n’a qu’à la soumettre au comité de gestion. Quand j’ai vu la création du comité de suivi confié au général Ndiaye, j’ai été surpris de lire dans ‘’Les Échos’’ que la dame Yacine Fall, pour une intellectuelle, fonctionnaire internationale, ne participera pas à ce comité parce que ce n’est pas un comité d’évaluation. Je crois que c’est ce qu’elle a dit, alors que c’est un comité de suivi. Mais c’est fondamentalement différent. Un comité de suivi fonctionne au rythme et concomitamment au projet qu’on lui confie. Ce comité n’a pas été mis en place pour attendre 5 mois pour évaluation. Mais non. Le riz et l’huile ne font même pas 10% du budget de 1000 milliards. Il faut aussi que les personnes cooptées dans ce comité de suivi soit à la hauteur des attentes.»
 
Programme de résilience économique et sociale
 
«Le Programme de résilience économique et sociale touche les entreprises, la société, le ministère de la Santé ainsi que les infrastructures sanitaires. Aujourd’hui, ceux qui contestaient la loi d’habilitation, mais l’ordonnance numéro 1 a interdit le licenciement des employés et leur mise en chômage technique sans payer 70% du salaire. Mais quand je vois des entrepreneurs qui disent qu’ils ne sont pas d’accord, mais écoutez, quand ces entreprises-là font des bénéfices, qui en bénéficie ? J’ai entendu quelqu’un dire que l’Etat aurait dû laisser les gens là-bas et payer leurs salaires, mais si l’Etat le fait, ça veut dire qu’à la fin de l’année, quand le bilan sera positif, l’Etat doit recevoir des dividendes. Il faut aller jusque-là, puisque c’est la logique. Il faut arrêter de sortir des idées à la cantonade sans les creuser, ça ne sert à rien. On a modifié le fonctionnement des collectivités territoriales ; si on n’avait pas fait cette loi d’habilitation, ça ne verrait pas jour. La baisse des taxes sur les matériels et produits sanitaires destinés à combattre le coronavirus ne pouvait pas se faire sans cette loi. Et pendant ce temps, l’Assemblée nationale n’a pas cessé de fonctionner. Les gens disent que Macky Sall a fait voter une loi pour qu’aucun bailleur ne puisse expulser un locataire, alors que ce n’est pas vrai. C’est un projet de loi, il faut donc que l’Assemblée nationale vote cette loi pour qu’elle soit applicable. Ça veut dire que nous députés, on doit se réunir. Si quelqu’un ambitionne d’être à la tête d’un pays, il doit prier pour que ce pays soit stable avant son arrivée. Je pense que les gens doivent savoir raison garder et qu’on travaille ensemble, parce que depuis le début de cette polémique, le président de la République n’a jamais pipé mot. Quand on est la majorité, on ne doit pas avoir le temps de polémiquer.»
 
Rôle des gouverneurs dans la lutte contre la pandémie
 
«J’ai toujours dit qu’il est temps qu’on retourne aux gouverneurs de régions, aux préfets et aux sous-préfets leurs pleins pouvoirs pour que le fast-track comme le veut le président de la République soit une réalité. Je donne l’exemple de Tambacounda, parce que son gouverneur s’est illustré dans ce combat contre le Covid-19. Il n’a attendu personne pour se lancer. Il faut savoir qu’il y aurait des conséquences quoi qu’il arrive et pour moi, la suite, c’est que le président de la République doit diminuer la taille du gouvernement, revoir l’architecture du gouvernement et voir les ministères qui peuvent vraiment aider à l’émergence du pays. Aussi, le président de la République doit penser à faire une union avec les opposants qui veulent travailler pour la bonne marche du pays dans son gouvernement. Dans le Pse, on trouve le Pap (Programme d’actions prioritaires), il faut modifier certains projets et les concentrer sur le secteur sanitaire, ensuite dans la recherche et également dans le développement agricole, de l’industrie agro-alimentaire, créer au niveau de la sous-région des unités d’industries pharmaceutiques. Dans l’organisation du travail gouvernementale, la déconcentration doit se parfaire. Dans chaque région, les services, les agences et projets doivent être officiellement sous l’autorité du gouverneur.»
 
Marième NDIAYE

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