ATTRIBUTION DU CONTRAT D’AFFERMAGE DE L’EAU À SUEZ: Le Conseil d’administration de la Sde dénonce une victoire spoliée, interpelle les bailleurs et annonce un recours à la Cour suprême



 
 
 
Pour faire casser la dernière décision de l’Autorité de régulation des marchés publics (Armp), concernant le contrat d’affermage attribué à Suez, la Sénégalaise des eaux (Sde) compte saisir la Cour suprême. En effet, le Conseil d’administration de ladite société, qui s’interroge sur les critères de ce choix, a tenu à rassurer les Sénégalais sur la continuité de leur service jusqu’à la mise en application de cette décision. Mansour Kama a par ailleurs interpellé les bailleurs de fonds qui, dit-il, ne peuvent pas rester silencieux face à cette situation.
 
 
 
La bataille autour du contrat d’affermage de l’eau attribué à Suez, au détriment de la Sénégalaise des eaux (Sde) est loin de connaître son épilogue. Déboutée par l’Autorité de régulation des marchés publics (Armp) auprès de qui elle avait fait un recours, la Sde va maintenant se tourner vers la Cour suprême. La nouvelle a été annoncée, hier, par Mansour Kama, président du Conseil d’administration de ladite société, lors d’un face à face avec la presse. Selon M. Kama, au vu des résultats sortis des travaux du Comité de règlement des différends de l’Armp, le Conseil d’administration a jugé nécessaire de se réunir et d’apprécier à sa juste valeur cette décision. 
 
 
 
«Cette décision ne respecte pas le droit, ni le Code des marchés publics, encore moins le dossier d’appel d’offres»
 
En effet, l’Armp, dans sa décision du 29 mai, avait rejeté le recours contentieux que la Sénégalaise des eaux avait introduit pour demander l’annulation de l’attribution provisoire du marché accordée à Suez par l’autorité chargé de l’hydraulique et de l’assainissement, le 16 avril dernier. «Nous avons par diverses voies exprimé notre étonnement et notre désaccord profond avec cette décision, qui ne respecte pas le droit, ni le Code des marchés publics, encore moins le dossier d’appel d’offres. Nous sommes plus que jamais convaincus que nous sommes en train d’être spoliés de notre victoire. Cette affaire s’appuie sur un dossier d’appel d’offres très clair et précis, qui a toujours indiqué que l’adjudicataire doit être le candidat le moins disant. Et c’est le cas pour la Sde, parce que nous avons offert le prix le plus bas par rapport à nos concurrents», a fait savoir le Pca de la Sde.
 
«Un manque à gagner de 42 milliards s’échappera des poches des Sénégalais sur les 15 ans si le contrat avec Suez demeure»
 
D’après M. Kama, si on fait de l’extrapolation, on peut s’étonner de constater qu’un manque à gagner devient apparent, si on compare la différence de prix qu’il y a entre Suez et la Sde, puisque, sur les 15 ans du contrat, pas moins de 42 milliards s’échapperont de la poche des consommateurs sénégalais. Mansour Kama invite donc l’opinion à faire la comparaison des prix proposés par les deux sociétés. «La Sde propose 286,9 F/m3 là où Suez propose 298,5 F/m3. Cette différence justifie amplement qu’au plan économique, pour l’Etat et pour les populations sénégalaises, la Sde doit être l’adjudicataire de ce marché, d’autant plus que la Sénégalaise des eaux a déjà fait ses preuves partout en Afrique et même ailleurs», précise-t-il.
 
 
«La Sde est une entreprise de Sénégalais composée d’experts sénégalais bon teint, qui exerce depuis 23 ans»
 
Poursuivant, le Pca de la Sde ajoute : «je suis toujours fier de dire que la Sde est une entreprise dont les experts sont des Sénégalais bon teint, qui exerce depuis 23 ans au Sénégal. C’est cette même société qui a travaillé à La Mecque et à Médine pour aider les Saoudiens dans le cadre de la distribution de l’eau», clame M. Kama.
 A en croire M. Kama, beaucoup d’exemples comme ça peuvent être cités. «Ils ne peuvent donc pas dire que nous ne sommes pas des professionnels. Nous sommes fiers de porter le drapeau du Sénégal dans beaucoup de pays, sur beaucoup de marchés. La Banque mondiale elle-même l’a certifié. Elle a fait de la Sde un porte-étendard et la dernière en date, c’est en 2018, où nous avons reçu en Afrique du Sud le premier prix en ce qui concerne la gestion publique de l’eau», dit-il.
Aussi, Mansour Kama dit à qui veut l’entendre qu’ils n’accepteront pas qu’on cherche à pénaliser la Sénégalaise des eaux. Déjà, assure-t-il, le Conseil d’administration a pris les dispositions nécessaires pour aller devant la Cour suprême. «Nous irons devant cette juridiction pour exercer notre droit. Nous sommes des professionnels et nous tenons à ce que les Sénégalais sachent que nous sommes une entreprise professionnelle, qui va assurer la continuité du service public jusqu’à ce que l’on nous remercie. Il n’y a aucune crainte à avoir par rapport à la continuité du service», rassure M. Kama, avant d’interpeller les bailleurs de fonds pour savoir comment eux-mêmes apprécient cette situation assez ubuesque.   Abdoul Ba, Dg de la Sde : «Le déficit de l’eau est toujours là mais...»   Interpellé sur le déficit en eau, le Directeur général de la Sénégalaise des eaux assume et précise. «Effectivement, depuis 2013, ce que nous produisons en eau ne couvre pas les besoins des populations de Dakar. Le déficit était estimé en 2017 à 60.000m3/jour par la Sde et la Sones ; et chaque année 30.000 supplémentaire, si rien n’est fait. Heureusement, entre-temps, des ouvrages ont été réalisés pour amoindrir les impacts liés au fait que ce déficit existe toujours», renseigne M. Ba.
 
Ndeye Khady D. FALL

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