ATTAQUE ET CONTRE-ATTAQUE SUR LES EXCEPTIONS: La défense dit proposer 12 villas, l’Aje pas satisfait

Les répliques des avocats de la défense sur les exceptions de nullité de la procédure se sont poursuivies, hier. La défense, par la voix de Me Seydou Diagne, a fait savoir qu’elle a proposé 12 villas dont la valeur totale, à dire d’expert, dépasse largement 1,8 milliard. Cependant, l’Etat du Sénégal a soutenu n’avoir jamais reçu une quelconque communication de pièces annexes s’agissant de la liberté provisoire, mais seulement des photocopies. Antoine Diome et ses avocats ont par la suite demandé au Tribunal de rejeter les demandes de la défense.



 
 
 
 
 
De répliques en répliques, les exceptions ont perduré jusqu’au 6e jour du procès de Khalifa Sall et Cie. C’est la défense qui avait d’abord la parole, hier. Me Amadou Sall, qui est le premier à prendre la parole, clashe : «le rapport de l’Ige est entré clandestinement dans la procédure». Selon lui, il devrait être déclassifié pour pouvoir servir de pièce de procédure dans le dossier. Khalifa Sall a eu des relations heurtées, à l’en croire, avec le Président Macky Sall, qui voulait qu’il l’accompagne pour un second mandat ; raison pour laquelle il a reçu des bâtons dans les roues, avec l’intervention de l’Ige dans sa mairie. Me Seydou Diagne, pour sa part, a déclaré que «le Procureur fait dans la diversion en défendant que le règlement numéro 5 de l’Uemoa n’a pas été violé». A en croire la robe noire, il n’est nullement fait mention, dans les procès-verbaux d’enquête préliminaire, que les officiers de police judiciaire ont notifié aux prévenus leur droit de se faire assister par un avocat. 
En outre, Me Diagne a confirmé avoir communiqué 12 titres de rapports d’expertise au Tribunal et 12 autres maisons à l’Etat du Sénégal. Selon lui, le rapport qu’ils ont déposé dépasse largement 1,8 milliard de nos francs. Me Diagne de préciser que «s’il y a contestations de la part de l’Etat, il faut saisir un autre expert».
 
 
Me Ousseynou Fall s’attaque encore au Procureur
 
 
Prenant la parole, Me Ousseynou Fall s’est farouchement attaqué au procureur de la République Serigne Bassirou Guèye. «Hier, le procureur, en faisant une comparaison, a dit que les droits de la défense sont plus respectés au Sénégal qu’en France. Ce n’est pas vrai ! Vous voulez juste envoyer Khalifa Sall à l’échafaud, car c’est un dossier de l’exécutif», a pesté l’avocat. Il est arrêté net dans son élan par le juge Lamotte : «Je voudrais juste vous dire que l’intérêt d’une plaidoirie, c’est de convaincre. Votre interlocuteur, c’est le tribunal. Et vous n’avez pas à vous tourner vers le procureur pour l’attaquer, car cela ne sert à rien. Il ne faut pas vous attaquer au procureur», lui a rappelé le président du Tribunal. Me Moustapha Ndoye, de son côté, a affirmé qu’il est établi qu’il y a violation des droits de la défense sur le fait que le juge d’instruction a instruit à charge et non à décharge. Vu qu’il n’a posé aucun acte allant dans ce sens. Après Me François Sarr, ce fut au tour de Me Borso Pouye qui a demandé formellement au Français Me Thomas Ricot, un des avocats de l’Etat qui a traité la défense de «pétanque», de retirer ses propos. Ce que ce dernier a aussitôt fait en s’excusant.
 
Barth s’invite au procès
 
C’est alors que subitement Barthélemy Dias est entré en jeu, allant directement à la barre pour prendre la parole. Mais le juge ne lui a pas laissé placer un mot. «Monsieur Dias, cela ne se passe pas comme ça. Je ne vous ai pas encore appelé», lui précise-t-il. Et le maire de Mermoz Sacré-Cœur de répondre avant d’aller se rasseoir : «excusez-moi Monsieur le président !»
 
L’Aje rejette les documents produits par la défense
 
L’agent judiciaire de l’Etat, qui n’a pas donné une quelconque importance à cela, a alors pris la parole pour répondre à la défense : «s’agissant de la liberté provisoire, l’Etat du Sénégal n’a jamais reçu une quelconque communication de pièces annexes. Ils se sont juste contentés de nous dire qu’ils ont déposé les pièces annexes dans le dossier ; quand même, ils nous ont donné des photocopies de pièces annexes concernant la consignation. Dire que nous nous détachons des principes pour personnaliser cette affaire est loin de la réalité. Personne ne peut démontrer que le rapport s’est retrouvé dans ce dossier de manière clandestine», souligne-t-il.
A noter qu’au terme de cette audience, Malick Lamotte a encore appelé Barthélemy Dias à la barre, pour lui recommander de saisir le Tribunal par lettre s’il a quelque chose à dire dans ce procès. Ce, non sans préciser que le Tribunal appréciera.
 
Fatou D.DIONE (Stagiaire)

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