Toutes griffes dehors, Toussaint Manga et Sira Ndiaye ont échangé hier des propos aigres-doux lors du vote du budget du ministère des Sports à l’Assemblée nationale. Loin des années d’amitié passées au sein de l’Ujtl, ces deux députés ne se font pas de cadeau depuis l’ouverture de la session budgétaire.
A priori, tout ou partie les rassemble. Tous issus des flancs du Parti démocratique sénégalais (Pds), ils sont anciens membres de l’Union des jeunesses travaillistes libérales (Ujtl). L’un a quitté le Pds. L’autre y est resté. Tous députés aujourd’hui, l’un est dans le groupe parlementaire de l’opposition tandis que l’autre est dans la mouvance présidentielle. L’un est à son premier mandat de député, l’autre à son second. Mais entre Sira Ndiaye et Toussaint Manga, c’est cette fougue de la jeunesse. Ce tempérament. Ces années d’université partagées et cette volonté à faire face aux adversaires politiques. Quel qu’en soit le prix ? «Vous n’êtes pas une référence. Vous n’êtes pas des modèles. Mais venant de vous, c’est normal. Et cela ne surprend pas. Vous êtes à l’image de vos leaders. Vous êtes un groupe parlementaire divisé. Vous êtes indisciplinés. Vous n’avez aucune leçon de morale à nous édicter», a griffé à la figure Sira Ndiaye quant aux orientations supposées politiques des travaux de l’Assemblée nationale.
Mais Toussaint Manga ne se fait pas prier. Comme une hyène affamée, il crie et fustige les propos de sa collègue. Vivement, il le fait savoir à la présidente de la session. «Dites à vos députés d’arrêter de nous insulter. Vous les laissez nous insulter et vous me demandez de me taire ?», s’est-il adressé à Awa Guèye.
Toussaint Manga : «Je m’en fous de la présidente de séance»
«Ayez du respect pour les autres. Ne leur arrachez pas la parole pendant qu’ils s’expriment. Nous ne sommes pas au marché où chacun parle comme il veut. Il faut avoir du respect pour l’Institution qu’est l’Assemblée nationale», s’est emportée Awa Guèye. Mais pas suffisant pour imposer son autorité. «Je m’en fous de la présidente de séance. Qu’elle dise aux députés de la majorité d’arrêter de nous insulter et de raconter n’importe quoi», a lancé Toussaint Manga à une collègue qui tentait de le calmer.
Son autorité balafrée, Awa Guèye reprend la parole avant Sira Ndiaye, qui se dirigeait vers le présidium. «Personne n’a insulté personne», a coupé court Awa Guèye avant de poursuivre. «Je voudrais personnellement interpeller le président du groupe parlementaire Liberté et Démocratie de parler à ses collègues. Nous sommes en train de travailler. Nous ne sommes pas en train de jouer», a-t-elle ajouté, en vain. «Je n’impose rien. C’est une prière», a-t-elle fini. Toussaint Manga sera aussi ramené à la raison par le député de Oussouye, Aimé Assine. Touché par les paroles de son collègue et grand-frère du sud, le député libéral dira : «personnellement, je n’attaquerai jamais un collègue. Je peux donner mon point de vue. Cela peut faire mal. Mais c’est comme ça. C’est ma nature. Malheureusement, vous devez m’accepter comme tel», a conclu Toussaint Manga.
Albino MANTANE