L’Unacois déchire l’arrêté qui contraint les importateurs et distributeurs à vendre à perte
La bataille contre la flambée des prix des denrées de première nécessité n’est pas gagnée d’avance puisque, de l’avis des importateurs et distributeurs de l’Unacois Jappo, l’application de l’arrêté pose problème parce que plusieurs facteurs n’ont pas été pris en compte.
Si les consommateurs ont salué l’arrêté ministériel du 25 février portant fixation des prix du riz brisé ordinaire et homologation des prix plafond du sucre cristallisé et de l’huile raffiné comestible, ce n’est pas le cas des importateurs et distributeurs réunis autour de l’Union nationale des commerçants et industriels du Sénégal (Unacois Jappo). Face à la presse, hier, Idy Thiam et ses camarades ont décelé un gros problème d’applicabilité de cet arrêté. «Nous avons examiné les prix de l’arrêté et si ces prix sont appliqués en l’état, ces entreprises – qui sont dans l’importation et la distribution - peuvent mettre la clé sous le paillasson, parce qu’elles vendront toutes à perte», a d’emblée indiqué Ousmane Sy Ndiaye. A l’en croire, le Président a très bien agi, mais c’est dans la formulation de sa directive qu’il y a eu beaucoup de problèmes. «On n’est pas sûr que les informations mises à la disposition de l’autorité émanent de la bonne source», ajoute Ousmane Sy Ndiaye.
L’équation du sucre
Revenant sur les goulots d’étranglement, il fait remarquer, s’agissant du riz, qu’il y a des stocks en souffrance qui ne sont pas pris en compte par l’arrêté ministériel. S’y ajoute, dit-il, la non prise en compte des coûts supplémentaires de transport et de manutention. Pour le sucre, il n’a pas manqué de dire son étonnement. «Dans le cadre de cet arrêté censé mettre en œuvre la volonté du chef de l’Etat d’alléger le coût de ces denrées aux populations, notre grande surprise a été de noter que le prix du sucre passe de 545.000 à 570.000 francs la tonne», dénonce le Directeur de l’Unacois. Pire, les distributeurs, dit-il, sont obligés d’aller à Richard-Toll pour le chargement, en plus du transport et de la manutention qui impliquent des charges supplémentaires. Or, ces coûts, regrette M. Ndiaye, ne sont pas pris en compte par l’arrêté ministériel.
Le cas de l’huile
Évoquant la question de l’huile, il relève que c’est la grande équation, un serpent à 1150 têtes. Si les huiles concernées sont l’huile de palme, l’huile raffinée et l’huile importée d’Asie (la plus consommée par la population), Ousmane Sy Ndiaye rappelle que c’est le cours mondial qui détermine le prix de cette huile. Ce qui lui fait dire que cette huile est importée en plus de l’inflation qui, dit-il, a été accentuée par la guerre en Ukraine. En plus du coût du fret qui a également flambé de 40 à 60%, l’huile importée, dit-il, arrive à Dakar à un prix (entre 21.500 et 22.000) pas conforme à celui de l’arrêté ministériel. Avec les droits de douane, le transport, la manutention, etc., l’huile arrive à l’importateur au prix de 24.000 ou 25.000 francs. Autant de facteurs qui, dit-il, ne contribuent pas à l’application de cet arrêté ministériel. Cependant, Ousmane Sy Ndiaye rappelle que l’Unacois a la volonté d’aider l’Etat à trouver des solutions. «L’Etat est un partenaire et nous avons l’impérieuse nécessité de l’assister ; a fortiori, dans ces situations de conjoncture internationale. C’est difficile partout et tant que la guerre persistera, la situation sera de plus en plus difficile», souligne M. Ndiaye.
M. CISS