Les jeunesses de l’opposition, arrêtées dans le cadre des événements relatifs à l’organisation des élections du 24 février, peuvent compter sur le soutien de leurs camarades. A la veille de leur procès (pour certains) prévu ce matin, leurs camarades ont fait face à la presse pour donner de la voix. Badara Gadiaga de Rewmi dit que s’ils ne sont pas libérés, les jeunesses de l’opposition restées libres envahiront la place de la Nation.
Sauf si leurs camarades arrêtés dans le cadre des événements post électoraux sont libérés, le président Macky Sall va encore devoir faire avec la coalition «Idy 2019». Preuve que «l’autre tour» avec ladite coalition est engagée, ce sont les jeunes de la coalition qui sont montés au créneau pour se faire entendre. En conférence de presse hier, au siège de Taxawu Senegaal, ils ont décidé de ne pas observer la position attentiste de leurs leaders. Selon Badara Giadaga, membre du secrétariat national de Rewmi et conférencier du jour, les jeunesses de l’opposition inviteront sous peu à un grand rassemblement à la place de la Nation. Badara Gadiaga de regretter qu’une trentaine de jeunes et de femmes de l’opposition soient jetés de cette manière en prison. Ce qui est pire, a dénoncé Gadiaga, ce n’est pas que le régime les arrête, parce qu’ils ont fauté, mais que certains soient trouvés jusque chez eux, auprès de leurs familles, chez le Khalife général des mourides, à la mosquée, pour les arrêter sous le prétexte qu’on doit les auditionner. «C’est chez eux qu’on les trouve sans mandat d’emmener, ni aucun autre papier et on les emmène. D’autres, c’est pendant qu’ils priaient vendredi; qu’on les a fait sortir, en disant qu’on allait les entendre parce qu’ils sont soupçonnés de manœuvrer contre le pouvoir. D’autres ont été arrêtés chez le Khalife général des mourides même. Cette situation, l’opposition l’a vécue à Thiès, elle l’a vécue à Touba», laisse entendre, amer, Gadiaga, qui avertit qu’ils ne peuvent plus continuer à supporter cette situation.
Gadiaga et Cie déchirent le pacte de non-agression «signé» par Idy et les autres leaders
Aux leaders de l’opposition qui leur avaient demandé d’observer une pause, le temps d’avoir les résultats, les jeunesses de l’opposition avertissent qu’ils commencent à perdre patience avec les arrestations tous azimuts. Il n’y a pas longtemps, disent-ils, ils pouvaient comprendre que certains soient interpellés. Mais que des gens soient placés en instruction pour des faits qui pouvaient être jugés en flagrant délit, Gadiaga et Cie refusent de l’accepter. Si leurs camarades ne sont pas libérés, on entendra parler d’eux. «Macky Sall n’est plus dans l’intimidation. Il est dans les actes, parce que tout simplement nous avons refusé de le féliciter et de reconnaître cette victoire qui n’en est pas une. S’il n’arrête pas dans les meilleurs délais, nous, la jeunesse de l’opposition, nous assiègerons la place de la Nation, la place de l’obélisque. Nous invitons d’ailleurs toute la jeunesse à venir pour un grand rassemblement pacifique à la place de la Nation», a indiqué Gadiaga.
«Félicite-moi de force, ça n’existe nulle part !»
Et comme pour anticiper et dire que ce n’est pas faire fi de l’appel à eux fait par le Khalife général des mourides, qui invite au calme, le jeune rewmiste de dire qu’ils ont jusque-là essayé de se conformer aux recommandations du saint homme. Mais c’est Macky Sall qui ne veut pas de cette paix, de cette tranquillité à laquelle ils ont été contraints par leurs leaders. «Nous ne brûlerons pas ce pays, nous ne le réduirons pas non plus en cendres pour l’amour que nous avons pour notre pays. Mais nous ne félicitons pas Macky Sall. Tu vas me féliciter par la force, félicite-moi de force, ça n’existe nulle part. C’est ce que Macky Sall essaie de nous imposer à travers toutes ces arrestations. Face à l’intimidation, nous répondrons présents. Et nous disons à nos leaders (de l’opposition) qui nous avaient prié d’observer le calme, la sérénité, de prendre le temps d’écouter, que nous ne pouvons plus rester à attendre. Toute la jeunesse de l’opposition est actuellement représentée à Rebeuss et il faut que ça s’arrête», tonne Gadiaga.
Madou MBODJ