APRÈS LES MAIRES ET LEURS ADJOINTS : Les percepteurs reçoivent une indemnité de gestion variant entre 100.000 et 1 million à la charge des collectivités territoriales




 
 
 
Voilà une information qui risque de radicaliser les travailleurs des collectivités territoriales qui luttent depuis plusieurs mois pour la revalorisation de leur statut. Ce, sans avoir la moindre oreille attentive des autorités. Voilà qu’une décision qui défie le sens est tombée pour allouer des indemnités extrêmement importantes aux comptables publics, receveurs des collectivités territoriales et de leurs groupements. Des indemnités qui vont de 100.000 à 1 million selon la moyenne des recettes réalisées par la collectivité durant les trois dernières années.  Les maires sont d’autant plus outrés par cette décision que c’est la collectivité qui devra payer cette manne.
 
 
 
 
Les comptables publics, receveurs des collectivités territoriales et de leurs groupements peuvent se frotter les mains. Outre leur salaire, avantages divers et autres fonds communs, ils vont se retrouver avec un revenu mensuel appelé « indemnité de gestion » à la charge, curieusement, des collectivités territoriales. La décision a été prise depuis le mois d’août dernier par le ministre des Finances et du Budget sur le rapport du Directeur général de la Comptabilité publique et du Trésor.
 
 
De 100.000 à 1 million par mois par collectivité
 
 
Les montants qui leur sont alloués sont très importants. En effet, ils vont de 100.000 francs à 1.000.000 par collectivité. Si la moyenne des recettes réalisées par la collectivité durant les trois dernières années est inférieure à 50 millions, l’indemnité est de 100.000 francs. Si la moyenne est comprise entre 50 millions et 100 millions, l’indemnité est de 150.000 francs ; elle est de 200.000 si la moyenne des recettes varie entre 100 millions et 150 millions. Si c’est entre 150 millions et de 250 millions, l’indemnité est de 250.000. Elle passe à 350.000 si la moyenne des recettes est comprise entre 250 millions et 500 millions. Si la collectivité a une moyenne de recettes entre 500 millions et 750 millions, l’indemnité du receveur est de 450.000. Pour les mairies qui ont des recettes variant entre 750 millions et 1 milliard, le receveur se retrouve avec une indemnité de 550.000. Ceux qui ont la chance de gérer des collectivités avec des recettes comprises entre 1 milliard et 2 milliards 500 millions, une indemnité de 650.000 leur est octroyée. Elle passe à 750.000 pour les collectivités comprises entre 2 milliards 500 millions et 5 milliards. Les receveurs qui gèrent des collectivités qui ont un budget compris entre 5 milliards et 10 milliards perçoivent 900.000. Et enfin, pour les collectivités avec plus de 10 milliards, les receveurs culminent à 1 million de francs Cfa.
 
 
 
Les receveurs : riches comme Crésus
 
Cet arrêté ministériel va faire des receveurs - même ceux qui gèrent des collectivités territoriales de petite envergure - des fonctionnaires très riches. En effet, un receveur peut avoir à sa charge, à lui seul, une vingtaine de collectivités territoriales. Pour le Département de Dakar, par exemple, où il y a trois receveurs pour les 19 communes et la ville qui ont toutes des budgets extrêmement importants, ces derniers peuvent se retrouver avec une belle manne financière. C’est le cas dans les autres villes et même dans les communes. Parce que même dans les zones de l’intérieur, un receveur peut polariser plusieurs communes.
 
 
 
 
 
 
Les maires dans tous leurs états
 
Cette décision des fonctionnaires du Trésor met dans tous leurs états les maires. Ils sont d’autant plus révulsés que ce sont les collectivités territoriales qui vont payer cette manne financière. Une charge supplémentaire que l’Etat leur impose et que certains maires comptent dénoncer. Ce, d’autant que l’indemnité des adjoints au maire pèse déjà très lourdement sur leurs épaules.
Cette indemnité réservée exclusivement aux receveurs existe depuis des dizaines d’années, selon nos sources, mais elle était annuelle. Mais avec sa mensualisation, ce sont les collectivités territoriales, qui peinent déjà à faire des investissements avec leurs maigres recettes, qui vont se retrouver dans le fond.
Les maires avec qui « Les Echos » s’est entretenu ne comprennent pas non plus que les receveurs, qui ont une ligne budgétaire pour leur carburant, les papiers… à la charge des collectivités territoriales, soient choyés encore au point de grever leur budget. « Les mairies ont des lignes budgétaires qu’on peut consommer totalement ou à moitié ou en partie, mais pour les lignes des receveurs, ils consomment tout. Et ils ne font aucun effort de recouvrement. Ce sont les collectivités territoriales qui se battent pour recouvrer l’argent. C’est inadmissible cette décision qu’on a fait prendre au président de la République », confie un maire sous le sceau de l’anonymat.
 
Les travailleurs des collectivités territoriales dans leur droit
 
Cette décision des autorités peut radicaliser les travailleurs des collectivités territoriales. Pendant que les maires, leurs adjoints et les percepteurs voient leurs indemnités gonfler, ils continuent de trimer. En grève depuis des mois, aucune oreille attentive ne leur est prêtée. Certains maires menacent même de couper leurs salaires pour les journées non travaillées. Une injustice que rien n’explique.
 
 
 
Moussa CISS
 
 
LES ECHOS

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