APRÈS AVOIR ÉTÉ ÉLU PREMIER PRÉSIDENT DE LA FEDERATION SENEGALAISE DE BADMINTON :Anthony Mendy dresse sa feuille de route



 
Après avoir mené de main de maître le Comité national de promotion du badminton (Cnpb) dont il était le président durant ces deux dernières années, Anthony Diandy «Tony» a été élu premier président de la Fédération sénégalaise de badminton (Fesbad). Dans cet entretien qu’il a accordé au quotidien «Les Echos», il est revenu sur les périples du badminton au Sénégal, mais aussi les perspectives de vulgarisation de cette discipline qui reste méconnue du grand public.
 
 
 
Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs?
 
Je m'appelle Antony Diandy, président de la Fédération sénégalaise de badminton. J’ai dirigé le Comité national de promotion du badminton (Cnpb) avant qu’on ne soit organisé en fédération.
 
 
 
Qu'est-ce que le badminton ?
 
Le badminton est un jeu de raquette communément appelé le frère du tennis. Le badminton est un sport qui oppose soit deux joueurs, soit deux paires, placés dans deux demi-terrains séparés par un filet. Les joueurs, appelés badistes marquent des points en frappant un volant à l'aide d'une raquette afin de le faire tomber dans le terrain adverse. Ça se joue sur une surface de 13m40 sur 6m10 séparée par un filet de 1m55 avec deux variantes de jeu à l'intérieur qu'on appelle Indoor et le jeu à l'extérieur qu'on appelle Outdoor ou air badminton. C'est une discipline olympique qui existe depuis 1992 et c'est pratiqué au Sénégal depuis une dizaine d'années.
 
 
 
Pourquoi le badminton n'est pas aussi vulgarisé que les autres disciplines olympiques au Sénégal ?
 
Ce qui s'est passé, c'est que généralement, les sports et les disciplines de raquette étaient destinés à une élite. C'est vrai qu'en 2004, le Français Olivier Bime a sorti les premières raquettes ici au Sénégal. Il était accompagné par de personnes comme William Diebalène et Khalil Ndiaye qui sont les précurseurs du badminton au Sénégal. Tour à tour, ils ont sillonné des lieux comme la Piscine olympique, le camp Leclerc ainsi de suite pour promouvoir le badminton. Des lors, pour mieux développer la discipline, en 2019, le ministre Matar Ba a mis sur pied le Comité national de promotion du badminton. Il nous a confié les rênes de cette nouvelle discipline avec comme objectif principal de faire connaître le badminton à tous les Sénégalais et surtout de le développer. C'est ce qu'on a fait en sillonnant les écoles et les universités. Nous avons fait des exhibitions dans les grandes places comme à Gorée, à la place de la nation pour faire découvrir le badminton. Il fallait surtout propager la pratique du badminton dans les régions. C'est ainsi qu'à Thiès, à Kaffrine, à Podor, à Matam, à Saint-Louis et à Pété au nord, les gens pratiquent le badminton. Il en est de même pour Tambacounda où d'ailleurs notre seul entraîneur de niveau 1 est issu. C'est une discipline qui est en train de gagner du terrain parce que simplement les jeunes Sénégalais veulent se l'approprier. Au-delà de l'aspect sportif, il y a un aspect ludique qui est de faire du sport et dépenser des calories et pourquoi pas être demain champion de badminton.
 
 
 
Où est-ce qu'on peut jouer aubadminton au Sénégal ?
 
Jusque-là nous avons deux catégories de badminton. Pour le badminton indoor qui est professionnel, il se pratique dans des salles. C'est ainsi que les compétitions sont jouées dans la grande salle et l'annexe du stadium Marius Ndiaye. A Thiès nous avons le stadium Lat Dior où on organisait le gros de nos compétitions avec des stages ainsi qu'à Saint-Louis avec les installations de l'Ugb. Nous sommes ouverts, ça fait partie des recommandations que nous avons faites au ministre de nous doter de salles adéquates. Sur une salle de basket par exemple, on peut ériger pas moins de 4 cours de badminton. Nous pensons qu'avec la rénovation du stade Léopold Senghor et Marius Ndiaye nous aurons des salles fermées où nous pourrons pratiquer valablement notre discipline.
 
 
 
Justement vous êtes devenus une fédération. Comment êtes-vous organisés maintenant ?
 
Je vais vous étonner parce qu'en deux ans, je disais que nous avons été mis sur pied en décembre 2019, et dès janvier 2020, nous avons envoyé un coach en Tunisie pour une formation sanctionnée d'un diplôme d'entraîneur. Au mois de mars, avant l'avènement du Covid, nous nous sommes affiliés aux instances faîtières internationales. C'est ainsi que la Fédération mondiale de badminton nous a coopté comme membre associé ce qui nous a ouvert les portes de la Confédération africaine de badminton et de l'Association francophone de badminton. Nous avons ensuite soumis un plan d'action qui nous a permis d'être financé à hauteur de 5000 dollars qui n'est pas certes élevé, mais avec du matériel. Un matériel consistant à savoir près de 600 raquettes, des filets, des volets qui nous ont permis de nous développer. Avec comme support le programme Shuttel Time. C'est l'apprentissage du badminton dans les écoles et dans les universités. C'est ainsi qu'on a pris des écoles pilotes, nous nous sommes dit que la formation était le plus important. Nous avons formé tour à tour 11 tuteurs qui sont les formateurs à Dakar. 21 enseignants à Dakar, 30 qui sont des professeurs d'éducation physique à Saint-Louis et Kaffrine. A ce jour nous comptons 100 enseignants et 11 tuteurs dans les régions ce qui est normalement négligeable. Tous sont certifiés avec des diplômes BWF Fédération mondiale de badminton. Ces tuteurs et ces enseignants sont les relais ou ambassadeurs du badminton dans les régions. Dans ce lot nous avons aussi formé 5 juges-arbitres ainsi que 10 officiels techniques eux aussi certifiés BWF.
 
 
 
Avez-vous des clubs et ligues organisés ?
 
 
 
A ce jour, nous comptons pas moins de 15 clubs. Rien qu'à Dakar, on a 7 clubs, 4 à Thiès, 1 à Tambacounda et 2 à Kaffrine et 2 à Saint-Louis. Pour vous dire, l'US Gorée et la Jeanne D'arc ont créé des sections de badminton. Il y a aussi le doyen des clubs qui est l'Amitié Badminton Club. On a aussi Excellence Badminton Club, Diamniadio Badminton Club. Pour dire que les clubs sont en train de se faire. Les objectifs que nous nous sommes fixés c'est d'arriver à 20 clubs avant la fin de l'année.
 
 
 
Comment organisez-vous le championnat local ?
 
Vous savez qu'avec l'arrivée du Covid au Sénégal, toutes les activités sportives étaient suspendues. Nous avons organisé des tournois et des Opens. Il y a eu le tournoi du Panda international et un tournoi qui était ouvert à la représentation diplomatique avec l'ambassade de Chine qui nous aide d'ailleurs dans la formation, dans l'encadrement mais aussi dans le soutien financier. Au-delà de nous avoir financé le tournoi du Panda, elle nous a doté d'un fonds de résilience à hauteur d'un million. Tout ça c'est grâce à la coopération sino-sénégalaise dans le domaine du sport. Aujourd'hui nous organisons des tournois et des compétitions ici à Dakar et ailleurs. En ce moment même, on organise un tournoi à Saint-Louis.
 
 
 
Combien de licenciés avez-vous actuellement ?
 
 
 
Avec le Cnp nous n'avons pas voulu faire de licence de sitôt. Mais il faut maintenant considérer qu'on a entre 500 ou 600 licenciés mais des milliers de pratiquants. Si on fait le calcul entre les régions on a plus de 200 pratiquants par région et on se retrouve avec plus de 1000. A partir de là date où la Fédération sénégalaise a été mise sur pied, nous allons nous atteler aux licences. Aujourd'hui le Cnp avait pris en charge tous les pratiquants. Nous avons pu organiser des compétitions dans les régions, à Thiès et à Saint-Louis, à Dakar juste dans le sens de développer et de décentraliser.
 
 
 
Vous faites aussi la promotion de la petite catégorie
 
 
 
Je disais lors de l'assemblée générale que pour construire une maison, il faut commencer par la base. Nous avons misé sur la petite catégorie. L'année dernière nous avons envoyé une équipe complète de jeunes au championnat d'Afrique U15 au Bénin. Nous étions ex-aequo, en terme de ranking, avec le pays organisateur, alors que le Bénin à plus de 10 ans de pratique du badminton. Aujourd'hui avec les Jeux olympiques de la jeunesse qui arrivent, nous avons créé un noyau qui regroupe des jeunes entre 12 et 15 ans. Nous encadrons ces 20 jeunes qui constituent l'élite 2026 avec bien sûr les coachs locaux et un international en la personne de Argene Smith qui est Hollandais, qui préparent nos jeunes au haut niveau. Je suis persuadé que d'ici les rendez-vous et les joutes sportives de 2024 et 2026, les gamins seront prêts pour représenter le Sénégal.
 
 
                                                                    
Quels sont vos projets et perspectives pour cette année ?
 
 
 
Au-delà de la massification qui est un de nos objectifs, nous allons organiser un tournoi auquel tout type de Sénégalais peut participer. Un tournoi qui est destiné aux professionnels et aux licenciés et des tournois Open pour ceux qui veulent découvrir le badminton. Ça passera par le badminton indoor ou Outdoor à l'extérieur qui est très présent et qui peut se jouer dans plusieurs surfaces, sur du sable à la plage par exemple, sur une surface gazonnée ou même du dur. C'est ce projet qu'on a pour faire promouvoir le badminton au Sénégal. Nous avons aussi l'ambition d'organiser avant les JOJ de 2026 les championnats d'Afrique de petite catégorie U15 et U19.
 
 
LES ECHOS

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