APPROVISIONNEMENT EN MOUTONS DE TABASKI: près de 30.000 bêtes sont entrées au Sénégal au 31 juillet, contre un cumul global de 457.643 l’année dernière



 
 
La Tabaski, c’est dans une vingtaine de jours et, comme d’habitude, l’approvisionnement du marché sénégalais en moutons pour le sacrifice rituel pose problème. Il faut comme les autres années espérer l’arrivée d’animaux en provenance des pays voisins, notamment le Mali et la Mauritanie, pour combler le gap. Estimés à quelque 750.000 têtes, les besoins du Sénégal ne peuvent être satisfaits par le bétail local qu’à hauteur de 450.000 têtes. Aussi, le ministre de l’Elevage s’est rendu à Nouakchott et à Bamako pour convenir avec ses homologues des conditions d’accès des moutons de ces pays au marché sénégalais. Au 31 juillet, près de 30.000 têtes avaient franchi les frontières du pays.
 
 
La Tabaski, c’est le 22 août prochain et les moutons ne sont pas encore très visibles à travers les traditionnels points de vente de la capitale, bien que quelques vendeurs arpentent déjà les rues avec deux à trois béliers, naturellement hors de prix. «C’est vrai que chaque année, il y a un débat autour de l’approvisionnement du marché en moutons de Tabaski. Ce qu’on peut dire, c’est qu’en ville, c’est autour des 10 derniers jours que nous constatons le rush au niveau des points de vente. Actuellement, les troupeaux rentrent au Sénégal ou viennent des zones locales de production et sont au niveau des zones d’attente», indique le Directeur de l’Elevage. Dame Sow précise tout de même : «au niveau des marchés urbains, notamment à Dakar, les animaux nés en ville qu’on appelle des moutons de terrasse sont en train d’être sortis et si vous vous promenez, vous les voyez. Au niveau également des marchés hebdomadaires et des zones d’attente, les moutons commencent à affluer». Mais, il faut le dire, ce sont les moutons venant de l’extérieur, du Mali et de la Mauritanie, qui font l’affaire des petites bourses.
 
Les troupeaux restent en zone d’attente jusqu’à une semaine de la fête
 
«Au niveau de la frontière, nous avons commencé le suivi, parce que nous importons autour de 350.000 moutons. Nous avons donc noté des débuts d’entrées. Ainsi, au niveau de Kidira, de la frontière mauritanienne et au niveau de Kédougou, nous avons enregistré au 31 juillet, 28.972 têtes, dont 24.000 à partir du Mali et de la Mauritanie par Kidira et 2388 en provenance directement de la Mauritanie, par les postes de Bakel et de la région de Saint-Louis. Et cette année, c’est particulier, nous avons noté une entrée dès le début de 2528 sujets à partir de la région de Kédougou, notamment par le poste de Moussala», renseigne le patron de l’Elevage sénégalais, qui, sur cette base, dit vouloir rassurer les pères de famille. «Les 10 prochains jours seront déterminants pour pouvoir évaluer exactement la situation de l’approvisionnement du marché», avance-t-il.
 
Les intempéries de juin n’ont affecté que les brebis
 
«Il y a actuellement des moutons de race, biens nourris. Il n’y a pas encore les troupeaux, qui sont actuellement en zone d’attente. Et ce qu’il faut déplorer, c’est que ces vendeurs de moutons de race essaient d’apeurer les gens en invoquant la calamité qui avait touché le cheptel avec la première pluie du mois de juin, cela pour justifier une possible pénurie de moutons et un problème d’offre. D’après ce que j’ai entendu, cela ne tient pas debout, car les bêtes affectées pas cette calamité n’étaient pas des moutons destinés à la Tabaski. Donc ce n’est pas un bon prétexte pour renchérir les prix», relève Momath Cissé, vice-président de l’Association des consommateurs du Sénégal (Ascosen). Ce que confirme du reste le Directeur de l’Elevage, selon qui les intempéries n’ont touché que les femelles.
 
Acheter tôt le mouton pour rassurer l’éleveur qui doit rentrer fêter la Tabaski
 
«La Tabaski se prépare bien et les troupeaux sont encore hors des villes où il n’y a pas encore d’infrastructures pour les recevoir. Et comme vous le savez, entretenir des bêtes en ville revient assez cher pour l’éleveur. Il faut aussi dire que beaucoup profitent de l’événement pour se faire de l’argent, notamment les transporteurs qui augmentent leurs prix», fait remarquer Ismaïla Sow, président de l’Association des éleveurs du Sénégal. Mais ce qui est plus important, à son avis, «les consommateurs doivent faire à temps leurs achats de moutons, ce qui va rassurer les éleveurs dont le souci est de vendre vite pour rentrer chez eux à temps afin de préparer eux aussi la fête».
 
260.000 moutons rien que pour Dakar
 
La demande en moutons de Tabaski est évaluée à 750.000 moutons dont 260.000 pour la région de Dakar. Information donnée par Mme Aminata Mbengue Ndiaye, ministre de l’Elevage, en visite auprès de son homologue mauritanien Mme Vatma Vall Mint Soueina, pour une séance de travail samedi dernier, sur l’approvisionnement du marché sénégalais en moutons mauritaniens. A ce propos, Aminata Mbengue estime que la satisfaction de la demande passera nécessairement par l’importation d’un effectif global de 350.000 têtes pour combler le gap et approvisionner correctement toutes les grandes agglomérations sénégalaises. 
 
Le ministre de l’Elevage en Mauritanie et au Mali
 
«Le cumul des importations de l’année passée avait atteint le chiffre record de 457.643 têtes de moutons en provenance des Républiques sœurs de la Mauritanie et du Mali, notant que sur ces importations 294.557 sujets étaient rentrés par le poste de Kidira et 157.163 directement par les postes frontaliers de Bakel, de Podor, de Matam et de Saint-Louis. Le bétail mauritanien passant par Kidira était estimé à 63%. Ainsi, la contribution des opérateurs mauritaniens se situait à elle seule à 342.733 têtes», souligne Mme Aminata Mbengue.
La ministre a enfin précisé que pour la présente édition 2018 le Sénégal a reconduit toutes les mesures de facilitation pour encourager l’exportation des moutons vers le Sénégal. Au terme de la réunion, les deux ministres ont signé le procès-verbal de la visite en présence des membres des deux délégations. C’est le même procédé que le ministre de l’Elevage a utilisé auprès de son homologue malien.
 
Mansour KANE

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