Le dernier communiqué du Conseil national de régulation de l’audiovisuel (Cnra) appelant les chaines de télés et radios ainsi que les web tv à se conformer à l'article 94 du Code de la presse sous peine de sanctions n’est pas du gout de l’Association des éditeurs et professionnels de la presse en ligne (Appel). A travers un communiqué publié hier pour répondre au régulateur, Ibrahima Lissa Faye et Cie invitent le Cnra à d'abord se mettre à jour. Aussi, ils demandent à tous ses membres et acteurs de l’écosystème digital média de ne pas donner suite à cette injonction du Cnra.
Dans son communiqué, l’Association des éditeurs et professionnels de la presse en ligne (Appel) s’en est vivement pris au Conseil national de régulation de l’audiovisuel (Cnra). Appel se dit surprise que le Cnra attende maintenant pour rappeler cette importante disposition. «Et pourtant, il a eu le temps d’organiser des concertations avec les radios et télévisions traditionnelles en février 2021 jusqu’à signer des conventions et cahiers de charges avec leurs directions. Pourquoi les éditeurs de la presse en ligne, notamment des Web TV et Web Radio n’étaient pas conviés dans ces pourparlers ?», se demande le Bureau exécutif national de Appel. Qui note avoir toujours eu cette position de principe qui consiste à rappeler aux autorités compétentes que le Cnra est caduc et qu’il ne peut plus assurer la régulation d’un secteur où le numérique a fini par s’imposer. Ainsi, elle demande à tous ses membres et acteurs de l’écosystème digital média de ne pas donner suite à cette injonction du Cnra.
En effet, Ibrahima Lissa Faye et ses camarades estiment que l’article 94 du Code de la presse parle de «communication audiovisuelle quelle que soit la technologie utilisée». Or, note le communiqué, «le Cnra est créé par la loi n°2006-04 du 4 janvier 2006… à l’époque, la presse en ligne était à ses balbutiements et les médias sociaux pas encore aussi développés en Afrique.» «Jusqu’à présent, ces textes n’ont pas fait l’objet de mise à jour malgré les prescriptions du Code de la presse», indiquent-ils. Appel d’estimer que ce communiqué devrait être précédé par des discussions afin d’étudier avec les acteurs les pièces et modalités de mise en œuvre de l’article 94 du Code avant de rappeler : «le Code de la presse qui est fortement en avance sur les textes du Cnra propose la création d’un nouvel organe de régulation adapté au contexte et aux enjeux de l’heure».
Ainsi, rappelant que l’avant-projet de loi instituant la Haute autorité de régulation des communications audiovisuelles (Harca) a été adopté par consensus par les acteurs du secteur, le ministère de la Communication et des membres du Cnra, Appel indique qu’il serait surprenant que les entreprises de presse soient soumises à la fois aux dispositions qui concernent la presse en ligne et à celles qui concernent la presse audiovisuelle. «La presse en ligne, faut-il le rappeler, agrège plusieurs contenus : l’écrit, la photo et la vidéo. Et les autres supports utilisés (Facebook, X, YouTube) ne sont que des réseaux sociaux affiliés au médias en ligne pour lui permettre de disséminer son contenu. D’où la nécessité de mettre en place un régulateur qui comprenne les enjeux et les spécificités de chaque type de média», enseignent Lissa Faye et Cie.
Les éditeurs de la presse en ligne qui souhaitent se conformer à la loi, assurent qu’ils n’ont de cesse de le clamer. «Toutefois, ils appellent les nouvelles autorités à rouvrir les discussions sur l’avant-projet de la Harca qui est au secrétariat général du gouvernement pour opérer les mises à jour nécessaires», précise-t-il.
Sidy Djimby NDAO