ANNONCE D’UN PRET DE FINANCEMENT DE 300 MILLIONS DE DOLLARS POUR LE PROJET SANGOMAR: Les connexions dangereuses de FAR avec Glencore



 
 
Le pétrole sénégalais continue de faire parler, surtout après la récente annonce par Far d’un prêt de financement pour sa part dans le projet Sangomar d’une valeur de 4,2 milliards. En effet le projet de Sangomar est une coentreprise (JV) entre Woodside Petroleum WPL.AX, Cairn Energy Plc CNE.L, FAR et la société d'État sénégalaise Petrosen. Seulement, FAR, partenaire minoritaire du projet, a déclaré avoir reçu des approbations de crédit pour une facilité de prêt garantie de premier rang de 300 millions de dollars australiens (206 millions de dollars) par BNP Paribas, Macquarie Bank et Glencore. Mais la dernière société citée a fait couler beaucoup d’encre. En clair, voilà dix ans que cette société est mise au banc des accusés sur des pots-de-vin, des comptes planqués dans de paradis fiscaux…
 
En effet, Glencore accumule les ennuis après que le ministère américain de la Justice a ordonné au groupe de lui transmettre des documents et d'autres éléments en lien avec le respect des lois sur les pratiques de corruption à l'étranger et le blanchiment d'argent. Les autorités américaines s'intéressent aux activités de Glencore au Nigeria, en République démocratique du Congo (RDC) et au Venezuela et veulent étudier les dossiers remontant jusqu'à 2007. D’autres nouvelles révélations pourraient bien compliquer encore les affaires du géant suisse des matières premières. L'information a été dévoilée par le Wall Street Journal. L'une des filiales de Glencore en RDC, KCC, payait des millions chaque année à une société liée à Dan Gertler, homme d'affaires israélien – déjà sous sanction du Trésor américain pour corruption – afin de faciliter ses relations avec différentes institutions congolaises. Il s'agit d'un contrat signé entre KCC, une filiale de Glencore, et Denovo Congo SPRL, présentée à l'époque comme la représentation au Congo de Fleurette, la société de Dan Gertler, l'ami du Président Kabila. Ce contrat date du 3 décembre 2013. A l’époque, l'homme d'affaires israélien est déjà très controversé. C'est pour une transaction douteuse signée avec Dan Gertler que le Fmi avait suspendu quelques mois plus tôt ses prêts à Kinshasa. L'Africa progress panel de Koffi Annan l'avait aussi pointé du doigt.
Depuis 2007, Glencore et Dan Gertler étaient pourtant déjà partenaires au Congo dans deux projets miniers, dont KCC. Mais ce contrat montre qu'en plus, depuis 2013, KCC payait chaque année 6 millions de dollars à Denovo Congo SPRL et à son représentant Dieter Deboutte - lui aussi aujourd'hui sous sanctions du Trésor américain - pour lui fournir toute une série de services, notamment pour «le maintien des relations avec la présidence, le Parlement, différents ministères» et même le système judiciaire.
Ce contrat évoque tout de même à son point 9 la nécessité pour le sous-traitant, en l'occurrence Denovo Congo, de respecter les dispositions anticorruption. Mais si la transaction parait aujourd'hui suspecte, c'est que Dan Gertler avait déjà été soupçonné d'avoir payé des pots-de-vin à plusieurs officiels congolais, du Président Kabila à des magistrats, pour le compte d'un fonds d'investissement américain Och Ziff. Ce fonds avait été épinglé en 2016 par le SEC, le gendarme des marchés américains, et avait reconnu les faits. La présidence congolaise avait, elle, démenti toutes ces accusations.
Autre affaire qui ne fait pas les affaires de Glencore en décembre 2019, c’est qu’il fait l’objet d’une enquête du Serious Fraud Office au Royaume-Uni. Sans donner plus de détails. D’autant plus que le titre de Glencore à la bourse de Londres a chuté. «Glencore a été informé aujourd’hui que le Serious Fraud Office (SFO) a ouvert une enquête sur des soupçons de corruption dans la conduite des affaires du groupe Glencore. Glencore coopérera avec l’enquête du SFO.» Ce bref message a été envoyé à ses investisseurs. Le SFO est l’agence du Royaume-Uni chargé de l’enquête et de la poursuite des cas graves de fraude et de corruption qui mettent en jeu des sommes supérieures à 1 million de livres sterling (environ 1,3 million d’euros) ou qui impliquent plusieurs juridictions nationales. 
Samba THIAM

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