AMELIORATION DES CONDITIONS DE TRAVAIL: Les centrales syndicales annoncent un préavis de grève



 
La Coalition des confédérations syndicales des travailleuses et des travailleurs du Sénégal a tenu, hier, sa traditionnelle conférence de presse de veille du 1ermai. Pour cette année, les syndicats des travailleurs comptent organiser un rassemblement dans l’unité à la place de l’obélisque à l’occasion de la Fête du travail. En attendant, Cheikh Diop et Cie annonce le dépôt d’un préavis de grève pour amener l’Etat et le patronat à améliorer les conditions de travail.
 
 
A quelques semaines de la célébration du 1ermai, les centrales syndicales plaident pour l’amélioration des conditions de travail et annoncent le dépôt d’un préavis de grève, a cause du blocage systématique des négociations collectives par une frange du patronat. 
D’après Elimane Diouf, c’est l’occasion de passer en revue les préoccupations des travailleurs, rappelant ainsi au président de la République et à son gouvernement la matérialisation sans délai des engagements souscrits vis à vis des travailleurs et de leurs organisations syndicales. «Il s’agit, entre autres, de la mise en œuvre des conclusions de l’étude sur le système de rémunération des agents de la Fonction publique, la réalisation des actions inscrites dans le plan de mise en œuvre du Pacte national de stabilité et d’émergence économique, des concertations périodiques entre le président de la République et les secrétaires généraux des Centrales syndicales qui n’ont jamais eu lieu, malgré les nombreuses relances faites durant la période 2017-2018 pour aborder les points de revendication», liste M. Diouf, qui soutient qu’il y a aussi «le niveau de traitement de dossiers au niveau de certains ministères, notamment ceux des Infrastructures, de la Santé, de l’Education, de la Communication, de la Pêche de la Fonction publique, des Finances…, qui ne donne aucune satisfaction aux travailleurs. Il en est de même des négociations avec  le secteur privé sur la plateforme minimale revendicative, à savoir la hausse généralisée des salaires dans le secteur privé, la révision de la Convention collective interprofessionnelle, la protection sociale des travailleurs journaliers, l’expansion de la protection sociale aux travailleurs de l’économie informelle, le règlement du lourd passif social des ex-travailleurs des entreprises  en faillite», dit-il.
 
 
Serigne Diop : «Il est temps de tourner la page du dialogue de restitution pour aller vers le concret»
 
 
Pour Serigne Diop de la Cnts/Fc, il est regrettable de constater que malgré les progrès accomplis par notre pays en matière de dialogue social, le patronat rechigne toujours à engager des négociations sérieuses autour des revendications légitimes des travailleurs. «Les tendances de ce dialogue doivent être absolument renversées. L’Etat a fait des efforts en termes de structures. Mais, malheureusement, ce n’est qu’en termes de structures qu’il y a eu des avancées. Mais le contenu du dialogue social sénégalais est à revoir. C’est un dialogue social de restitution. Au niveau de tous les secteurs, il y a des accords signés et qui ne sont pas respectés. Cette situation traverse les trois régimes que nous avons connus. Depuis plus de 20 ans, on est qu’au dialogue social de restitution. Il est temps de tourner la page du dialogue de restitution pour aller vers le concret», affirme  Serigne Diop.
 
«Le patronat nous propose 2% pour l’amélioration du pouvoir d’achat des travailleurs, c’est quand même humiliant»
 
A l’en croire, depuis 2009, aucune amélioration sensible du pouvoir d’achat des travailleurs n’a été enregistrée. Les décisions sur les salaires stagnent, les négociations sur le projet de révision de la Convention nationale interprofessionnelle, entamées depuis 2008, trainent du fait des tergiversations du patronat. «Le patronat ne veut pas engager des négociations sérieuses. La preuve, nous leur avons proposé un taux de 25% pour l‘amélioration du pouvoir d’achat des travailleurs, et le patronat nous propose 2%, c’est à la limite humiliant», fait-il savoir, avant d’assurer qu’après constat du blocage systématique des négociations collectives par une frange du patronat, la coalition a décidé de passer à l’étape de dépôt d’un préavis de grève. «Depuis 2008, on n’a pas négocié l’augmentation de salaire et pourtant, on nous dit que la croissance est en hausse et de façon permanente. Nous avons signé un Pacte de stabilité sociale et d’émergence économique et tous les termes du pacte n’ont pas été respectés. Même l’Etat sait qu’on a un système de rémunération discriminatoire. Il faudrait aussi résoudre définitivement le passif social en termes d’engagement, de droit et d’acquis confisqués».
 
Ndèye Khady D. FALL

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