Amadou Bâ envoie au fond de ses caisses toutes les critiques et déclarations alarmantes sur les finances publiques. Pour l’argentier de l’Etat, non seulement il n’y a pas de problèmes de trésorerie pour honorer les engagements de l’Etat, mais il y a aujourd’hui dans ses caisses l’équivalent du budget national en 1997, quand Mamadou Lamine Loum était chef du gouvernement sous le régime Diouf. Soulignant tous les efforts et performances financiers du Sénégal, qui a mobilisé plus d’argent et en a injecté beaucoup plus dans l’économie, le ministre de l’Economie, qui n’exclut pas qu’il puisse y avoir des problèmes, pense qu’au cas échéant, ils doivent être gérés dans la paix.
«Le Trésorier général de l’Etat garde aujourd’hui dans ses caisses 729 milliards de francs Cfa, l’équivalent du budget du Sénégal en 1997»
Ces derniers temps, le débat fait rage entre des opposants, des spécialistes et des agents du ministère de l’Economie et des Finances, à propos de la situation financière du pays qui serait critique. La polémique est telle qu’hier, l’argentier de l’Etat est monté lui-même au front, entouré de ses différents directeurs concernés. Et c’est pour nier en bloc toute tension financière. «Il n’y a pas aujourd’hui de problèmes de trésorerie ; que ça soit clair. Nous avons au moins 700 milliards pour faire face aux engagements de l’Etat», a-t-il martelé. Il ajoute, comme pour répondre à son prédécesseur Mamadou Loum (sous Diouf) : «Le Trésorier général de l’Etat garde aujourd’hui dans ses caisses 729 milliards de francs Cfa, l’équivalent du budget du Sénégal en 1997 (Quand Loum était Premier ministre), assène-t-il. Et de préciser que tous ces chiffres qu’il avance sont «dans les livres tenus par le Trésor et qu’on peut vérifier».
630 milliards de plus que l’an dernier, à la même période, mobilisés cette année à la date du 7 juin
Peignant un tableau reluisant des finances publiques, le tenant de la bourse de l’Etat en veut pour preuve les montants importants mobilisés à la date du 7 juin, qui dépassent de loin ceux de l’an dernier à la même période. «La mobilisation des ressources s’élève à 2194 milliards de F Cfa en 2018 contre 1664 en 2017, soit une progression de 630 milliards de F Cfa», soutient le ministre de l’Economie et des Finances. Qui souligne que ces recettes sont constituées «essentiellement» par «les recettes fiscales et non fiscales pour 865 milliards de F Cfa en 2018 contre 825 milliards de F Cfa en 2017, soit une progression de 39,6 milliards», mais aussi que «la mobilisation sur le marché financier a atteint 1187 milliards F Cfa en 2018 contre 725,4 milliards de F Cfa, soit une augmentation de 462 milliards».
«Nous avons fait une injection de liquidités dans l’économie de 1610 milliards de F Cfa en 2018 contre 1326 milliards de F Cfa à la même période en 2017»
La santé financière du pays est aussi à regarder sur les montants injectés dans l’économie en termes de liquidités. «Nous avons injecté beaucoup plus d’argent dans l’économie. Cette année, nous avons fait une injection de liquidités dans l’économie d’un montant global de 1610 milliards de F Cfa en 2018 contre 1326 milliards de F Cfa à la même période en 2017, soit une variation positive de 184.1 milliards de F Cfa», a fait savoir Amadou Bâ. Qui rassure quant à la gestion de la dette intérieure. «Les paiements en contraction de l’Etat (fournisseurs et entrepreneurs) se chiffrent à 652.2 milliards en 2018 contre 475.2 milliards en 2017, soit une progression de 117 milliards de francs Cfa», dit-il. Non sans ajouter que 391,3 milliards ont été consacrés aux salaires des agents des collectivités locales et des corps émergents, 30 milliards déjà décaissés au titre des bourses des étudiants. De la même manière, 60,6 milliards sont consacrés à l'agriculture dont 47 milliards pour la campagne de commercialisation arachidière et 25,8 milliards vont aller aux ambassades.
«Nous ne disons pas que le pays n’a pas de problèmes, mais…»
Fort de tous les efforts et performances financiers évoqués ci-haut, Amadou Bâ, qui fait sans doute un nouveau clin d’œil à ses détracteurs, d’appeler à la sérénité. «Aujourd’hui, l’économie sénégalaise se porte bien. Nous ne disons pas que le pays n’a pas de problèmes, mais quelle que soit la situation, nous devons les gérer dans la paix», dit-il. Par rapport aux critiques de Mamadou Lamine Loum sur l’Eurobond et l’emprunt obligataire, le ministre, qui ne veut visiblement pas polémiquer sur le sujet, de noter que «ce qui est important à retenir à propos de ces emprunts de l’Etat est que nous n’avons pas de fonds spéculatifs. C’est des investisseurs convaincus par le cadre macroéconomique du pays qui sont venus investir». Reste à savoir si le démenti et les précisions du ministre pourront mettre fin à la polémique !
Mbaye THIANDOUM