Après avoir abattu un pêcheur sénégalais, les garde-côtes mauritaniens voulaient aussitôt envoyer le corps à Saint-Louis. Mis au courant, le ministre de l’Intérieur a dit niet. «Alors que je cherchais à joindre sans succès le ministre de l’Intérieur de la Mauritanie, on m’a informé qu’ils voulaient rapatrier le corps vers 13h (dimanche dernier). C’est moi-même qui ai appelé l’ambassadeur pour lui demander de leur dire qu’ils ne peuvent pas rapatrier le corps dans ces conditions. Car ils ont tué un être humain», soutient Aly Ngouille Ndiaye. Qui explique : «Quand vous tuez un être humain, il y a des dispositions à prendre pour que l’on sache dans quelles conditions il a été tué. Vous ne pouvez pas dire à quelqu’un : j’ai tué votre fils ; je le mets dans une caisse et je vous l’amène. C’est pourquoi on leur a dit de l’emmener à Nouakchott, de faire toutes les investigations nécessaires et de nous écrire officiellement, afin que l’on puisse voir comment traiter la question». Et le ministre de l’Intérieur de déplorer le comportement des garde-côtes mauritaniens. «Quand il y a tort, on doit sanctionner à la hauteur du tort, malheureusement, ce n’est pas le cas ici. (…). Nous sommes des pays voisins, nous devons pouvoir discuter de nos problèmes. Et même si on ne discute pas, rien ne justifie de tirer sur quelqu’un parce qu’il a pêché dans vos eaux».
Tout en partageant la peine des populations de Guet-Ndar, le ministre de l’Intérieur les rassure sur le fait que «le problème est pris en charge au niveau le plus élevé». En effet, il rappelle que dès qu’il a été informé, il a saisi à son tour le chef de l’Etat, après avoir pris langue avec le Premier ministre. Et que Macky Sall qui était au sommet de l’Union Africaine en a parlé aussitôt à son homologue de la Mauritanie. Ce dernier, séance tenante, a promis d’envoyer une mission à Dakar, pour trouver une solution à cette question et à beaucoup d’autres, comme l’affaire des accords de pêche. En effet, l’absence de protocole d’accord et de licences de pêche fait que les pêcheurs sénégalais n’ont plus le droit de pêcher dans les eaux territoriales mauritaniennes. Mais n’ayant pas le choix, beaucoup risquent leur vie en bravant cette interdiction. En effet, ce n’est pas la première fois que les garde-côtes mauritaniens tirent sur une pirogue et tuent des pêcheurs».
Mbaye THIANDOUM