ALIOUNE SOUARE SUR LE RETROPEDALAGE CONCERNANT L’AUGMENTATION DU NOMBRE DE DEPUTES : «Nous avons malheureusement une majorité ‘’godillot’’ et une opposition à la recherche de buzz»



 
 
Après les nombreuses concertationsentre le ministère de l’intérieur et les différents pôles politiques, l’Assemblée s'était réunie le vendredi 15 avril 2022 pour acter le «consensus» sur l’augmentation de 7 députésdu nombre de 165. Mais à la surprise générale, l’opposition a fait volte face. Et sur la base d’un amendement de la majorité, le nombre de parlementaires n’a pas finalement évolué. Les 7 députés vont être piochés sur la liste nationale. Ce qui constitue,selon Alioune Souaré, un véritable recul démocratique.
 
 
Défalquer 7 députés sur la liste nationale pour corriger les impairs relatifs au quota de certains départements est une énorme erreur,d’après le député Alioune Souaré. Ce dernier, qui se définit comme un député «apparenté», estime qu’il ne fallait pas remettre en cause les fondamentaux. «Il fallait aller jusqu’au bout. C’est la première fois depuis le code de 1992 que l’on rétropédale à l’Assemblée nationale après avoir obtenu un consensus lors des concertations entre pôles politiques et le ministère de l’Intérieur», déplore-t-il.
Mettant en relief l’augmentation du nombre de la population depuis la dernière législative, le parlementaire souligne : «en 2017, on était à 0,58% de taux de représentativité sur le rapport population/député. Et en 2022, avec les 17 millions de population, nous sommes à 0,60% de taux de représentativité. On note donc une augmentation de la population qui devrait impliquer aussi une augmentation du nombre de ses représentants», fait savoir M. Souaré.
 
 
«Entre 2017 et 2022, nous somme passés de 0,58% à 0,60% de taux de représentativité à l’Assemblée nationale »
 
 
Et ceux qui parlent d’incidence financière, Alioune Souaré leur fait comprendre que la démocratie n’a pas de coût. Donc si cette augmentation de 7 députés de plus devait impliquer des dépenses supplémentaires, il ne voit pas en quoi cela devrait-il gêner autant. Néanmoins, ce qu’il faudrait, c’est s’assurer que ceux commis par les populations à l’Assemblée nationale puissent être dignes de ce rôle qui les incombe. «Il est vrai que les députés de cette législature sont critiqués. Les populations s’interrogent même sur l’utilité de cette augmentation parce que considérant que les parlementaires ne servent pas à grand-chose. Mais, il faut savoir que dans toutes les démocraties, il ya toujours des gens qui chahutent. C’est peut-être exagéré avec notre Assemblée, mais c’est la faute aux groupes parlementaires qui ne jouent pas pleinement leur rôle», explique M. Souaré, qui pointe du doigt le manque de formation des députés sur leur véritable rôle.
 
 
«La démocratie n’à pas de coût… »
 
Le nœud du problème, d’après Alioune Souaré, c’est que nous avons une opposition qui se distingue par la recherche de buzz et une majorité avec des parlementaires godillots, qui abondent tout le temps dans le même sens que l’exécutif.L’Assemblée nationale a besoin de profondes réformes. Et ce qu’il faudrait,selon le «député apparenté», pour dépasser ces problèmes, c’est avoir des textes forts qui encadrent davantage le travail du député. Ensuite, revoir le dispositif de l’Assemblée nationale lui-même. Alioune  Souaré ne comprend pas que pour plus de 500 députés l’Assemblée nationale française n’a que 8 commissions permanentes, alors qu’au Sénégal, nous avons 14 commissions permanentes avec 165 députés seulement. «Les gens connaissent le véritable problème, mais personne ne veut y toucher», souligne-t-il.
 
«L’Assemblée a besoin d’une profonde réforme avec des textes forts»
 
«Certaines commissions pouvaient être regroupées en une seule, mais on préfère éclater pour caser la clientèle politique. Le budget alloué pour le fonctionnement de chacune d’elles pouvait prendre en charge d’autres députés»,dit-il en affirmant que si l’on veut une Assemblée nationale de qualité, il faudra une réflexion sérieuse sur ces questions. Pour Alioune Souaré, si la population qu’ils représentent les critique ouvertement, c’est qu’il est temps de se remettre en question. «Ce qui est plus déplorable, c’est que les populations n’ont aucun moyen d’évaluer les députés qu’ils ont élus 5 ans après. Aucun mécanisme n’à été mis en place pour permettre à la population d’avoir la possibilité de noter ceux qu’ils ont choisis il ya 5 ans pour défendre leurs intérêts. Nous pouvons y arriver parce que il y a des pays qui le font déjà. Cela nécessite juste une meilleure implication des populations dans ce qui se décide en leur nom», conclut  Alioune Souaré.
 
Ndèye Khady DIOUF
 
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