Suite à la proclamation des résultats, les nouveaux bureaux municipaux ont été installés. Et comme d’habitude, la question de la majorité pour les partisans du maire dans le bureau municipal s’est posée à chaque fois. Et dans certaines localités comme Guédiawaye, les conseillers et le maire se sont même donnés en spectacle. Mais, pour Alioune Souaré, toute cette agitation n’était pas nécessaire, parce que la réforme induite par l’acte III de la décentralisation confie au maire le pouvoir de diriger sans possibilité d’être gêné par ses adjoints.
A la ville de Guédiawaye, l’élection du bureau municipal n’est jusqu’à présent pas effective. Une situation inédite.Interpellé sur la situation, Alioune Souaré,expert en gestion des collectivités territoriales,soutient que tout ce spectacle n’était pas nécessaire. Convoquant les anciens textes du code général des collectivités territoriales, M. Souaré explique qu’avant la réforme, la décentralisation désignait deux organes : l'organe délibérant qui revenait au conseil municipal et l'organe exécutif qui incombait au bureau municipal. En ces temps, le bureau municipal avait des prérogatives qui lui permettaient de fixer l'ordre du jour. Le maire était d'ailleurs tenu de convoquer impérativement le bureau municipal avant la convocation des réunions municipales.Mais maintenant, poursuit-il, bien que le conseil municipal continue d’être l’organe délibérant, le maire est devenu l'organe exécutif. Selon les dispositions de l'article 93 du code généraldes collectivités locales, ce dernier est assisté par ses adjoints dans ses missions.
«Le maire est devenu l’organe exécutif. Les adjoints sont habilités à donner leur avis simplement…»
Selon Alioune Souaré, l'article 111 qui définit les missions des adjoints explique clairement que ces derniers ne peuvent que donner désormais leur avis au maire.Un maire peut donc être minoritaire dans son bureau municipal sans avoir du souci à se faire.«Rien n'empêche à un maire aujourd'hui de fixer l'ordre du jour et de convoquer le conseil municipal.Il n'y a plus de rapport de force. Les adjoints n'ont plus le pouvoir d'influer sur l'ordre du jour où les réunions du bureau municipal. Ils donnent simplement leur avis. Le dernier mot revient au maire», explique le parlementaire, selon qui il n'y a plus d'enjeu à se battre pour avoir la majorité dans le bureau municipal ou de contrôler les adjoints du maire.
«L'article 254 offre une porte de sortie aux maires. Le préfet peut rendre exécutoirele budget s’il n’est pas voté jusqu’au 31 mars»
Concernant la question du quorum qui était souvent un moyen de pression du conseil municipal sur le maire, M. Souaré indique qu’elle a aussi été réglée par l'article 147.«Certes, les textes disent qu'il faut avoir le quorum pour délibérer,mais selon ledit article, suite à une première convocation, si le quorum n'est pas atteint, le maire peut convoquer à nouveau une réunion trois jours après et avec le quart des conseillers présents, il peut valablement délibérer», assure-t-il.
Par rapport au budget, l'article 254 offre une porte de sortie aux maires, d’après Alioune Souaré. En effet, depuis la réforme,cet article stipule que si le budget n'est pas voté jusqu'au 31 mars de l'année, le représentant de l'Etat, le préfet en l'occurrence, peut rendre exécutoire le budget prévu par le maire. Donc fini les manigances des conseillers pour bloquer le vote du budget.
«AhmedAïdara est entrain de vider des cartouches pour rien, toutes ces agitations autour du bureau municipal sont des coups d'épée dans l'eau»
Pour Alioune Souaré, si les élus locaux prenaient le temps de se former afin de saisir tout le sens des textes, ils ne seraient pas victimes de blocage.«A Guédiawaye, par exemple, il n'y avait pas dechat à fouetter. Il faut maîtriser les textes pour savoir que ce n'est plus un enjeu d'être majoritaire dans le bureau municipal. C'est le maire lui-même qui décide de déléguer des pouvoirs aux adjoints si ça le chante. Même si tout le bureau municipal est contre lui, cela ne peut pas l'empêcher de travailler», déclare cet expert du code des collectivités territoriales. A l’en croire, Ahmed Aïdara est entrain de vider des cartouches pour rien, toutes ces agitations autour du bureau municipal sont des coups d'épée dans l'eau.«Il est entrain d'envenimer ses rapports avec l'administration territoriale et si jamais le conseil municipal est bloqué, c'est la délégation spéciale qui va suivre. Ses adversaires maitrisent peut-être ce point et cherchent à l'y conduire», prévient Alioune Souaré, qui invite les élus locaux à se former.Parce qu’on peut avoir un excellent profil, être bardé de diplômes sans savoir comment gérer une collectivité locale.
NdèyeKhadyDIOUF