
En partenariat avec L’Unfpa et le Canada, le Comité de lutte contre les violences basées sur le genre (Clv) supervise leprojet d’amélioration de la santé et du bien-être de la femmeet des enfants dans les régions sud du Sénégal depuis 2018. Un programme qui a permis de soulager beaucoup de femmesatteintes de fistules, avec l’opération de quatre-vingt quatorze (94) parmi elles durant ces cinq ans.
Ce n’est pas pour rien qu'on l’appelle la maladie de la honte. La fistule continue d’être un véritable tabou dans certaines contrées. Dans la zone sud du Sénégal où on note le plus fort taux de femmes fistuleuses, des actions sont menées depuis 2018 pour atténuer le phénomène. C’est dans ce cadre qu’interviennent le Fonds des Nations-Unies pour la population (Unfpa) et le Canada pour soutenir ensemble le projet d’amélioration de la santé et du bien-être de la femme et des jeunes filles porté par leComité de lutte contre les violences basées sur le genre (Clv). Le secrétaire dudit comité revient ici sur les stratégies déployées pour venir à bout de cette maladie.«Depuis 2018, on travaille dans l'identification, le référencement et l'accompagnement psychosocial et médicale des femmes porteuses de fistule», a fait savoir Ahmadou Tidiane Diaw.
Poursuivant, ce dernier affirme qu’en tant que prestataire de santé, c’est un travail de coordination qui leur permet de trouver et d’orienter les femmes fistuleuses. «Nous utilisons des mots clés pour repérer les femmes malades et les référerauprès des structures sanitaires pour confirmation. Ensuite, nous organisons des camps pendant lesquels des femmes sont opérées. De 2018 à nos jours, 94 au total sont passésà l’acte, sous le leadership du médecin chef de région, ce projet est appuyé par Unfpa et le projet Canada» informe-t-elle.
«Lafistule, maladie de la honte»
Selon le secrétaire du Clv, les femmes atteintes de fistule sont victimes de stigmatisation. «On parle de maladie honteuse. Déjà l'appellation en dit long, généralement la jeune fille ou la dame qui a cette maladie est mise a l’écart au sein même de sa famille. Ceci est dû sans doute à l'odeur», fait noter M. Diaw.Des fois, dit-il, ce sont elles-mêmes qui s’isolent pour fuir les regards et les commentaires. Elles sont mal à l’aise.
Le pire, renseigne Ahmadou Tidiane Diaw,c’est qu’il ya des maris qui n’hésitent pas àabandonner leurs femmes atteintes avec leurs enfants. «Ça devient dès lors un problème délicat et c'est la famille d'origine qui est obligée de prendre en charge la victime. Sur le plan économique, les femmes ne peuvent plus s'activer. Même si elles avaient un petit commerce, ça tombe à l'eau. Socialement, elles ne peuvent plus participer aux activités familiales», regrette ce dernier.
Heureusement, le projet d’amélioration de la santé et du bien-être de la femmeet des enfants est mis en branle depuis 2018 avec l’Unfpa et le Canada pour faciliter la réinsertion sociale de ces femmes. «C’est à travers des activités génératrices de revenus qu’on aide les femmes atteintes de fistule à reprendre leur vie en main. Avec Rougui, on a mis en place une unité de transformation céréalière avec deux machines et un réfrigérateur qui lui permettent de gagner de l'argent. Elle ne gagne pas beaucoup, mais elle arrive quand même à subvenir aux besoins de ses enfants en termes de médicaments, de fournitures scolaires et autres besoins», déclare le Sg du Clv.
Selon Ahmadou Tidiane Diaw, depuis l’avènement du projet, on note une diminution très importante en ville, mais au village, les accouchements à domicile et la non-accessibilité des structures de santé son souvent à l'origine de la fréquence de la maladie. Le Comité de lutte contre les violences basées sur le genre travaille avec les BajanuGox et les relais communautaires en plus de l'accompagnement technique des postes et districts sanitaires.
Ndèye Khady DIOUF (envoyée spéciale)