Elles se plaisaient pourtant à aimer, commenter et analyser les publications, en somme traiter les «cas». Aujourd’hui que les arrestations ont commencé et que les plaintes contre les admins se multiplient, plusieurs membres des groupes «Top Cas» et «kaay ma deey la» ont tout bonnement quitté. C’est le sauve-qui-peut généralisé.
«J’ai quitté depuis. Ce n’est pas sûr. Le groupe était mon passetemps favori. Je suivais tous les cas. Je ne ratais aucune publication. Mais depuis que j’ai lu le problème sur un site, j’ai tout bonnement quitté», révèle AMN, une membre. A la question de savoir si elle a une fois fait une publication en anonyme, elle soutient n’avoir jamais fait d’ano. «Je ne faisais que commenter. Et comme presque toutes les membres, je disais ce que je sentais. Je me défoulais même sur certains sans hésiter», lâche-t-elle dans un fou rire.
Contrairement à AMN, MS n’a pas quitté, non parce qu’elle n’a rien à se reprocher, mais plutôt par peur. «Je suis membre du groupe depuis sa création. Je n’ai jamais aimé, je n’ai jamais commenté, mais je ne ratais aucune publication. Lire les posts est mon passetemps favori. Ça me permet déstresser. Quand j’ai appris le problème, au début, presque comme tout le monde, je voulais quitter mais après j’ai pensé que ce serait un peu suspect. D’après ce que j’ai compris, les enquêteurs sont en train d’arrêter les membres et certainement, elles ne sont peut-être pas toutes coupables, mais l’enquête nécessite leur arrestation. J’ai pensé à ça, c’est pourquoi je suis restée pour me fondre dans la masse».
De plus de 20 publications par jour à 0
Même si l’affaire n’avait pas été médiatisée, le silence dans le groupe allait éveiller des soupçons. En effet, le groupe qui était jadis très animé est devenu tout d’un coup calme. Aucune publication, aucun post d’attaque, aucun règlement de compte. Rien.
Le groupe qui compte à ce jour 27.600 membres, a enregistré 692 publications le mois dernier.
La dernière en date remonte à 4 jours. Et tout laisse croire que la publication était des enquêteurs qui gèrent actuellement le compte. En effet, il est écrit, «Kaay ma deey la lu am importance : tout ce que tu diras sera retenu contre toi». En outre, la photo de couverture a été changée. La photo d’une victime a été remplacée par une image de paniers en osier.
Le groupe «Kaay ma deey la» suspendu
Le groupe qui comptait plus de 44.000 membres a été créé il y a un an. Tout comme le groupe «Nene tuuti», «Kaay ma deey la» enregistrait plus de 20 publications par jour. Même si les publications sont encore visibles, le groupe a tout bonnement été suspendu par un administrateur depuis le 17 avril dernier.
Et pourtant, lorsque l’affaire des admins de «Nene tuuti» a éclaté, l’admin du groupe «Kaay ma deey la» a fait un public plutôt moqueur pour demander aux «tontons policiers» de les laisser gérer leur groupe en privé.
Les hommes aux anges
Il y a quelques mois, en novembre plus précisément, des propos discriminatoires et offensants ont fuité d’un groupe «Homme choc». Des échanges entre hommes seulement tournent autour des femmes vivant avec un handicap, des albinos. Et dans plusieurs discussions, il est question de relations sexuelles avec une femme handicapée. Ces échanges qui étaient peut-être privés ont été étalés sur la place publique. Suffisant pour que les groupes de «cas» s’acharnent sur ces hommes, qui pourtant étaient des références pour certaines. Ne se limitant pas juste à s’offusquer, elles en ont profité pour insulter, injurier les membres de ce groupe qui avaient opté pour le grand silence.
L’arrestation des administrateurs des pages a suscité un ouf de soulagement et beaucoup ont montré leur joie quand ils ont appris la nouvelle.
Khadidjatou D. GAYE