Tout le monde attendait sa réaction. Abdoulaye Bibi Baldé est revenu sur l’ensemble de la situation que vit la boîte. Il reconnait qu’il y a détournement de 1,5 milliard comme indiqué par le directeur de Postefinances limogé. Mais aussi des choses à corriger si l’Etat veut sauver la boîte. Une restructuration, de son point de vue, est inévitable.
«Le contexte actuel me fait prendre la parole afin d’éclairer l’opinion mais surtout d’interpeler les agents de La Poste. Ces sorties médiatiques que nous observons ces derniers temps entachent sérieusement la crédibilité de notre entreprise, en diminuant le rapport de confiance qu'entretiennent La Poste et ses clients. Je rappelle que La Poste et ses filiales ne constituent qu’un seul et même groupe. Je ne vois pas comment le relèvement d’un directeur peut constituer un problème dans la marche générale du groupe. Les problèmes de trésorerie sont antérieurs à ma prise de fonction et je ne vois pas comment j’aurai pu y prendre part».
«Les détournements sont récurrents à La Poste»
«Nous sommes des champions de la transparence et du respect de la légalité. Chaque année, La Poste rencontre des cas de déficit avec parfois une vingtaine de millions. C’est une routine. Quelle que soit l’efficacité de notre système de contrôle, il y a des agents qui passent par les mailles. En 2021, nous avons envoyé plus de 250 inspections dans les bureaux et chefs de services. Parfois, il y a des détournements et des déficits qu’on ne découvre pas tout de suite. Aujourd’hui, l’inspection a révélé ce trou de 1,5 milliard. C’est un cumul de plusieurs années. C’est une pratique ancienne de plusieurs années qui consiste à faire des avances pour les travailleurs. C’est une pratique irrégulière, non autorisée, interdite. Mais quand vous êtes dans un contexte d’illusion de richesse, l’entreprise peut tolérer ce système, mais quand il y a rareté des ressources, cela devient manifeste que cette pratique ne soit pas tolérée».
«Les créanciers paieront jusqu’au dernier centime»
«Tous les agents, travailleurs ou non, fournisseurs ou non impliqués paieront jusqu’au dernier centime. On n’a pas d’état d’âme à cela. Mais quand bien même il y a ce problème, l’administration continue. Pour plusieurs raisons, on a relevé l’agent dont il est question. C’est de la routine. Les filiales sont les filles de la maison mère. Elles sont toutes sous ma responsabilité, je prends les décisions en fonction de ce que je juge important et optimal».
«Le retrait de l’Ipres est lié à un problème de confiance»
«Ne lions pas le retrait de l’Ipres par rapport à cette question. Depuis quelques années, nous avons un problème de trésorerie qui a agacé nos partenaires. Depuis quelques années, elle se préparait au retrait de La Poste. Depuis ces problèmes de trésorerie, nos relations de confiance se sont effritées et ils ont émis le souhait de partir. Mais nous allons tout faire pour les maintenir».
«La Poste est déficitaire tous les ans»
«La masse salariale nous plombe. Elle dépasse tous nos produits car elle dépasse 18 milliards par an, alors que les produits sont à moins de 8 milliards. Nous partons tous les ans sur un déficit. Nous appelons tous les agents au travail. Nous ne vivons que grâce à la seule volonté de l’Etat. Juridiquement, on n’existe pas. Parce que quand une société fait des pertes qui dépassent 50% de son capital social, cette société est liquidée. Nous devons comprendre que l’Etat fait des efforts et laisse ces combats inutiles parce que tout le monde perdra. J’en appelle à l’apaisement, au calme et à la paix sociale».
«La restructuration de La Poste est inévitable»
«Cette restructuration aura lieu parce qu’on vit au-dessus de nos moyens. Tant que l’Etat ferme les yeux, on pourra survivre. Mais avec ses nombreuses contraintes macroéconomiques, il dit basta et ça sera basta. Il faut se tailler, il faut être dimensionné, il faut dépérir sur le plan des ressources humaines. L’option de l’Etat, c’est de soutenir La Poste pour qu’elle ne meure pas. C’est pourquoi il paie ses créances».
Baye Modou SARR