L’affaire avait fait grand bruit. Les Chinois Hai Dong Zhang, Bon Wang et les deux Sénégalais Aliou Ba et Mansour Niang avaient été accusés de trafic de médicaments et ‘’condamnés’’ par la clameur publique dès les premiers jorus. Inculpés et placés sous mandat de dépôt, ces 4 prévenus ont comparu hier devant le juge correctionnel de Dakar pour des faits d'association de malfaiteurs, vente illicite de médicaments et mise en danger de la vie d'autrui. Le procureur a requis des peines de prison allant de 2 à 4 ans ferme contre eux. Mais leur avocat a plaidé la liberté provisoire qui leur a été accordée par le Président. Délibéré le 9 décembre prochain.
Sous mandat de dépôt pendant plus de 6 mois, les Chinois Hai Dong Zhang, Bon Wang et les deux Sénégalais Aliou Ba et Mansour Niang, qui ont été interpellés suite à cetteaffaire de faux médicaments découverts dans un entrepôt à la Patte-d’oie, ont été finalement jugés hier devant le tribunal correctionnel de Dakar. Ces prévenus sont poursuivis pour des faits d'association de malfaiteurs, vente illicite de médicaments, mise en danger de la vie d’autrui. Ces faits qui leur sont reprochés remontent au mois d’avril dernier. En effet, à cette date, ce sont les éléments de la Sûreté urbaine qui avaient effectué cette saisie de faux médicaments à la Patte-d’oie. L’enquête a révélé que lesdits médicaments étaient contenus dans des caisses puis stockés dans les locaux d’un immeuble de 2 étages. Mais, au fil des investigations, l'enquête a montré qu’il y avait un autre entrepôt qui se trouvait aux Parcelles Assainies. C’est ainsi que les investigations ont permis aux agents enquêteurs de démasquer le Chinois Hai Dong Zhang, cerveau supposé de la bande. Mais c’est le pharmacien-logisticien Aliou Bâ qui gérait tout. Il y a aussi le nommé Mansour Niang, qui, officiant aux Parcelles Assainies, distribuait les médicaments à travers la société Dipro Pharma Biomedic, sans autorisation.
Le pharmacien-logisticien Aliou Bâ accuse les concurrents
Depuis leur inculpation, ce n'est qu'hier que ces prévenus ont comparu devant la chambre correctionnelle de Dakar, où ils ont tout nié. Aliou Ba a confié que ces produits ont été enregistrés depuis 2015. En plus de ça,précise-t-il, c'est le mêmelaboratoire qui fournit le ministère qui lui donne les produits. «Je suis docteur d’État en pharmacie et pour cela, je ne vais jamais manquer à mon serment pour porter atteinte aux populations. C'est à cause des concurrents qui veulent les liquider que tout cela est arrivé. Les policiers ont saisi 30 millions F Cfa lors de son interpellation», narre-t-il. Inscrit à l’Ordre des pharmaciens, Mansour Dieng a indiqué au tribunal qu'il se procurait ces médicaments auprès des Chinois.
Pour sa part, le Chinois Hai Dong Zhang a d’abord précisé qu’il ne fait partie d'aucune mafia. «J’ai été au Mali puis au Niger avant de rallier le Sénégal. Un appel à candidature a été lancé. Sur plus de 10 docteurs en pharmacie qui avaient postulé, Aliou Bâ a été retenu, car il avait le meilleur Cv», a-t-il renseigné. Avant de confier que son compatriote Bon Wang n'est que son cuisinier et non agent commercial.
Dr Assane Mbengue, qui était partie civile, dit s’être trompéet se désiste de sa plainte
Entendu en qualité de témoin, le pharmacien Assane Mbengue a déclaré que les produits sont de bonne qualité, même si au début le doute planait sur la bonne foi de Hai Dong Zhang. C'est un problème d’incompréhension qui est survenu entre eux puisqu'il pensait que les produits étaient frauduleusement importés. «Lorsque j’ai discuté avec eux, je me suis rendu compte qu’ils l’ont fait de bonne foi. Ils travaillent avec mon fournisseur qui est en Chine. Ce sont des produits d’excellente qualité et c’est testé par la Pharmacie nationale d’approvisionnement», a soutenu Dr Assane Mbengue qui était partie civile et qui s'est désisté de sa plainte. N'empêche, la représentante du parquet a requis 2 ans ferme contre Mansour Niang et 4 ans d’emprisonnement contre les autres. «Dans leur importation, ils n’avaient pas précisé de soluté, mais c’était mentionné dispositif médical. Cela a été introduit frauduleusement. Ils n’ont pas respecté les règles de stockage. Pire, ils ont entreposé des cartons dans les toilettes», a-t-elle fait observer. Les avocats de la défense ont plaidé la relaxe pure et simple des prévenus avant de demander leur mise en liberté provisoire. Et au final, ils ont été tous remis en liberté avant que le tribunal ne fixe le délibéré pour le 9 décembre prochain.
Fatou D. DIONE