AFFAIRE BOLLORE VUE DEPUIS LA GUINEE: l’ancien patron des patrons Mamadou Sylla accable Alpha Condé



 
 
L’affaire Bolloré qui fait les choux gras de la presse en France et en Afrique intéresse au premier chef la Guinée-Conakry, pays cité comme ayant été au cœur de la corruption supposée exercée par Vincent Bolloré pour obtenir des concessions.
 
Aujourd’hui, c’est El Hadj Mamadou Sylla, ancien allié du Président Alpha Condé, qui s’est exprimé sur cette affaire qui vaut à Vincent Bolloré une garde-à-vue en France. L’homme d’affaires guinéen vient ainsi de faire des révélations accablantes sur l’attribution du port de Conakry au Groupe Bolloré par Alpha Condé, quelques mois après l’élection de ce dernier en 2010.
Selon des propos rapportés par africaguinee, El Hadj Mamadou Sylla dit être prêt à témoigner devant la justice française qui a enclenché une enquête pour corruption d’agents étrangers contre le milliardaire Vincent Bolloré. «Pour la manifestation de la vérité, je suis prêt à aller témoigner devant la justice française pour dire ce qui s’est passé entre Getma et Bolloré. Parce qu’en ce moment, je connaissais ce qui se passait», a lancé El Hadj Mamadou Sylla.
Le leader de l’Union démocratique de Guinée (Udg) révèle qu’après les élections de 2010, le Président Alpha Condé a «unilatéralement donné le marché automatiquement à Bolloré sans appel d’offres ni rien». Il explique que tout s'est joué entre les deux tours de l'élection présidentielle de 2010. Et à ce propos, il fait une confidence. «Une fois, j’ai voyagé avec le Pr Alpha Condé dans le même avion à Paris. C’était entre les deux tours de l’élection présidentielle. Lui, comme il était à Paris, il connait les rouages, Bolloré le connait, c’est en ce moment que Bolloré s’est investi pour lui. (…) Bolloré visait le port», glisse l’ancien président du patronat guinéen. 
 
Le ministre guinéen de la justice promet de coopérer avec la justice française
 
A l’éclatement de cette scabreuse affaire de corruption impliquant la Françafrique, les autorités guinéennes ont vite fait de déclarer vouloir collaborer avec la justice française dans le dossier de l’homme d’affaires Vincent Bolloré, soupçonné d’avoir corrompu des agents de services publics guinéens pour obtenir la concession portuaire de Conakry.
Et mercredi 25 avril dernier, le ministre guinéen de la Justice est monté au créneau. Me Cheick Sako, qui s’est confié à africaguinee, soulignait : en tant que ministre de la Justice, je dis que la Guinée va collaborer avec la France». Le ministre guinéen de la Justice d’ajouter : «on va voir ce qui va se passer du côté du Parquet général de Nanterre, puisqu’il n’est même pas encore déféré. Bolloré est en garde-à-vue, et elle a été prolongée». Le ministre guinéen de la justice rappelant au passage que son pays avait gagné en appel contre la société Getma à Abidjan.
Vincent Bolloré est soupçonné d’avoir corrompu des agents publics étrangers pour obtenir des concessions portuaires à Lomé et à Conakry. Le milliardaire breton aurait agi à travers sa société Havas, filiale du Groupe Bolloré, spécialisée dans la communication. Cette dernière aurait aidé le candidat du Rpg Arc-en-ciel à mieux gérer sa communication lors de la présidentielle de 2010. En contrepartie de ce «service rendu», le nouveau locataire du Palais Sékoutoureya a confié la gestion du port au Groupe Bolloré.
A rappeler que l’opposition guinéenne a annoncé l’ouverture prochaine d’une enquête parlementaire sur ce dossier lié à l’octroi de la concession portuaire de Conakry au Groupe Bolloré.
 
Mansour KANE

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