AFFAIRE BOFFA BAYOTTE: René Capin Bassène nie toutes les accusations, accuse des officiers de l’armée, reconnaît sa relation avec César Atoute Badiate et pointe un problème familial avec ses oncles qui l’ont enfoncé



Au menu des auditions dans l’affaire dite «Boffa Bayotte», deux personnes ont été appelées à la barre, hier. Il s’agit d’un témoin et du présumé principal cerveau de cette barbarie qui a coûté la vie à 14 bûcherons. Médoune Cissé et René Capin Bassène se sont expliqués.
 
Face aux juges de la Chambre criminelle du Tribunal de grande instance (Tgi) de Ziguinchor, René Capin Bassène a décliné son identité comme chargé de mission au sein de l’Agence nationale pour la relance des activités économiques et sociales en Casamance (Anrac) et journaliste d’investigation. Son rôle à l’Anrac fut d’établir des relations entre l’Anrac et le Mfdc. Et en ce sens, dit-il, il était chargé de présenter chaque fin du mois un rapport adressé à son directeur de l’époque, Aminata Angélique Manga.
 
Circonstances de son arrestation
 
 
Revenant sur le déroulement de son arrestation, il dira : «c’était dans la nuit du 13 au 14 janvier, Il était 03h45, j’ai entendu quelqu’un frapper à la grande porte de ma maison et avec insistance, je me suis levé pensant que c’est un de mes voisins. A ma grande surprise, j’aperçois des gendarmes au nombre de 60 ou plus, d’autres sauter le mur pour entrer dans mon domicile. Devant eux, un gendarme me donne des coups de pied. A terre, il me demande si je suis réellement René Capin Bassène. Je réponds que oui. Ils m’ont demandé si j'avais des armes chez moi, je réponds par non. Ils entrent dans ma chambre, devant ma femme et mes enfants, ils m’ont torturé et trainé dans la boue avant de me menotter pour m’emmener à une destination que j’ignore. Ils m’ont bandé les yeux. C’est une fois à la gendarmerie qu’ils ont enlevé le bandeau», explique-t-il à la barre. Ce fût le début de son calvaire.
René CapinBassène de poursuivre: «arrivés à la gendarmerie, ils m’ont mis dans une toilette, sans habit, à la merci des moustiques, de l’odeur, des fourmis. Je suis resté dans cette toilette pendant deux jours sans manger».
 
Les courriels compromettants de René CapinBassène
 
 
En disant tout cela, René CapinBassène ne savait probablement pas que les enquêteurs avaient consulté son mail et trouvé des messages compromettants à son encontre. Il s’agit de relations épistolaires avec Ousmane Tamba (indépendantiste), Kourouma (indépendantiste), et des articles envoyés au Journal en ligne propagandiste du Mfdc, «Le Journal du pays». Et pire, un mail informant de la tuerie a été trouvé et lu à haute voie dans la salle d’audience. Mais il a tout nié. «Je demande une expertise car avec l’informatique tout est possible, ils peuvent me créer des messages pour m’enfoncer...»
 
 
René CapinBassène dit avoir alerté
 
Revenant sur la date du massacre, le 8 janvier 2018, René dit qu’il a été informé de ce massacre alors qu’il regardait un match de football des jeunes de son quartier, Lyndiane. «Ce jour-là, je ne suis pas sorti de chez moi jusqu’à 16h. C’est à cette heure que je me suis déplacé pour aller suivre un match de football au terrain. C’est au terrain que j’ai eu la nouvelle de la tuerie et j’ai capté la radio pour avoir la confirmation. Ainsi j’ai émis des coups de fil pour avoir plus d’informations, j’ai appelé des journalistes, des observateurs de cette crise, j’ai aussi appelé César Atoute Badiate pour lui demander si ses hommes seraient les auteurs du carnage, il me répond par non. Voilà comment j’ai reçu l’information. Par contre, j’avais eu écho que des jeunes combattants du Mfdc préparent une action qui peut aboutir à des morts d’hommes. J’ai alerté». Il s’est agrippé sur son statutde journaliste pour ne pas révéler sa source.
René CapinBassènea aussi accusé de hauts officiers de l’armée qui veulent rencontrer César Atoute par son biais. «J’ai de parfaites relations avec lui, sans intermédiaire. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle des officiers de l’armée ont souhaité passer par moi pour entrer en contact avec César Atoute Badiate aux fins d’une issue pacifique de ce conflit armé», a-t-il soutenu.
Par ailleurs, il a évoqué un contentieux familial avec ses oncles qui, selon ses dires, l’ont enfoncé. «Maurice et Jean Christophe sont mes oncles, ils m’ont cité parce que nous avons un problème familial qui date de longtemps. C’est par vengeance qu’ils ont voulu me mettre dans cette affaire, c’est un règlement de compte».
A préciser que l’audition était tellement longue que l’accusé ne pouvait plus se tenir debout. C’est son avocat qui lui a remis une chaise pour lui permettre de tenir et continuer à répondre aux questions qui lui ont été posées. Il a nié formellement les accusations qui pèsent sur lui, mais aussi son appartenance au Mfdc.
 
Baye Modou SARR
 
 
 
 
 
 
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