AFFAIRE BABACAR TOURÉ :Me Ciré Clédor Ly déplore les «conditions dégradantes» de détention du journaliste, dénonce le retour de Parquet et l’interdiction de voir son client




 
 
Interpellé depuis la semaine dernière sur plainte de Fréderic Napal, Babacar Touré est en attente de voir le Procureur pour être fixé sur son sort. Déféré depuis mercredi, il a fait l’objet de deux retours de Parquet. C’est au commissariat central qu’il est gardé en attendant de voir le maître des poursuites. Une situation décriée par Me Ciré Clédor Ly qui dénonce les «conditions dégradantes» dans lesquelles se trouve le journaliste. Pour l’avocat, le retour de Parquet même est un abus d’autorité du chef du Parquet. La robe noire a également fustigé le refus des agents de police de lui permettre de voir son client.
 
 
«Le journaliste d’investigation Babacar Touré, gardé à vue sans raison soutenable juridiquement, semble-t-il, sur instruction de dernière minute du trop puissant parquet de la République, se trouve présentement dans les locaux du commissariat central de Dakar, alors qu’il a été déféré deux jours plutôt au tribunal où il aurait dû, dans les plus brefs délais, c’est-à-dire le même jour, comparaître devant le procureur de la République», a d’entrée souligné Me Ciré Clédor Ly, un des membres du collectif des avocats de Babacar Touré. L’avocat, qui dénonce ici les deux retours de Parquet dont a fait l’objet son client, d’ajouter : «le journaliste a passé des journées entières entre les cellules de la cave du tribunal et celles des locaux de la police, dans des conditions dégradantes pour la personne humaine, ce qui interpelle toutes les organisations nationales et internationales chargées de contrôler les lieux de privation de liberté et de veiller sur les conditions de détention des personnes en attente d’être libérées ou jugées ». En clair, les conditions de détention, au niveau du commissariat central sont loin d’être les meilleures. Selon Me Ly, le journaliste est «juridiquement en détention arbitraire depuis son déferrement» et «cette situation d’illégalité manifeste engage la responsabilité aussi bien de l’ordonnateur que celle du gardien qui n’ignore pas l’absence de base légale de l’ordre reçu», décrie encore la robe noire.
 
«Conditions dégradantes» de détention ; interdiction de voir son client…
 
Mais, ce ne sont pas les seuls faits fustigés par l’avocat : «pire encore, le commissariat central a interdit le droit de visite aux avocats de la défense, sur instruction du procureur de la République, lequel s’arroge des pouvoirs que même un juge d’instruction ne possède pas», peste Me Ly. Il poursuit : «j’ai passé trois heures à essayer de voir mon client, afin de lui expliquer les trois seules possibilités qui s’offrent au ministère public, à ce stade de la procédure et m’assurer de son état de santé. J’ai épuisé les voies légales pour le rencontrer, vainement». L’avocat dit avoir adressé des correspondances au procureur de la République pour avoir accès à des documents judiciaires qui confortent, selon lui, l’innocence du journaliste, mais jusqu’à présent, il n’y a aucune instruction du Procureur lui permettant d’y avoir accès. «La justice ne doit pas être un facteur déstabilisateur d’une nation. Sa force réside dans la neutralité, la loyauté et la compétence des hommes qui l’incarnent, ainsi que dans le respect de la dignité humaine et des lois», martèle-t-il, avant de renchérir : «les dérives et les abus gangrènent la justice sénégalaise qui doit être auditée, pour que la loi s’applique avec la même rigueur à ceux qui ont le pouvoir de les opposer et de les appliquer au citoyen ordinaire».
Alassane DRAME  
 
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