ADHESION DU MAROC A LA CEDEAO EVOQUEE AU CPI: La passe d’armes entre Macky et Mansour Kama



 
 
Gouvernement, secteur privé, partenaires techniques et financiers se sont retrouvés hier pour une énième évaluation des politiques publiques. Mais, l’adhésion du Maroc à la Cedeao, attendu pour le mois décembre, a failli tout gâcher. Mansour Kama, le président de la Cnes et le président de la République ont même failli se «heurter» sur cette question. La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) étudiera dans quelques jours, au mois de décembre précisément, le dossier relatif à une prochaine adhésion du royaume chérifien à l’organisation d’intégration régionale, en tenant compte des mesures nécessaires à la sauvegarde de l’économie de la région. Mais, à quelques jours de cette affaire d’une grande importance, les craintes ne se sont toujours pas dissipées. Mansour Kama n’a d’ailleurs pas manqué d’interpeller publiquement le chef de l’Etat sur cette question. Il lui a fait part de l’inquiétude des entrepreneurs sénégalais par le projet d’adhésion du Maroc à cette organisation. «Monsieur le Président, récemment, nous avons soumis à votre autorité un mémorandum dans lequel toutes les organisations patronales, les syndicats des travailleurs, les associations de la société civile et les représentants du monde universitaire vous expriment unanimement leurs vives préoccupations par rapport à la procédure accélérée de l’adhésion du Maroc à la Cedeao et ses conséquences». Et Mansour Kama de dire que rarement, une préoccupation n’a été aussi largement partagée par autant d’acteurs, dont les amis ivoiriens et nigérians. «Nous sommes tous contre cette procédure accélérée. Et nous pensons que vous allez nous prêter une oreille attentive avant qu’une décision définitive ne soit prise en décembre prochain, lors de la conférence des chefs d’Etat de la Cedeao», a insisté M. Kama, auprès du président de la République.
Le président de la Confédération nationale des employeurs du Sénégal (Cnes) affirme en effet que les études d’impact réalisées, en ce qui concerne l’adhésion du Maroc à cette organisation, montrent clairement que tous les secteurs de notre économie seront touchés, et certains le sont déjà, sans compter les menaces qui pèsent sur les emplois.
Macky Sall à Mansour Kama : «Il faut avoir du respect pour les chefs d’Etat que nous sommes»
Le discours développé du patron de la Confédération nationale des employeurs du Sénégal (Cnes), même s’il a été beaucoup apprécié par les participants, laisse de marbre le président de la République. Macky Sall invite le secteur privé à avoir du respect pour les chefs d’Etat qu’ils sont. «Il faut quand même respecter les chefs d’Etat. Ils sont dotés d’intelligence minimale pour défendre les intérêts de leurs pays, de leurs régions. Nous n’avons absolument rien à défendre du Maroc», a dit le président de la République. Avant de faire savoir qu’avant l’adhésion du Maroc, ils étudieront les tenants et les aboutissants du projet. Si les analyses et les études montrent clairement que nos économies seront en péril, ils prendront les mesures de sauvegarde nécessaires. Et puisque ce projet ne se fera qu’en décembre, Macky Sall révèle que le président de la Commission de la Cedeao leur soumettra le rapport des experts commandités. «La Cedeao a commis des experts, qui se sont rendus au Maroc afin de soumettre un rapport en décembre, sur les tenants et les aboutissants, les avantages et les inconvénients de l’intégration du Maroc à cette organisation. Le Maroc, c’est une question africaine, une question de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest. C’est pour vous dire que les leaders africains veulent aller vers une zone de libre-échange qui couvre l’ensemble du continent. La future zone de libre-échange devrait voir le jour en 2018», a-t-il dit.
Madou MBODJ

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