La Gendarmerie sénégalaise enchaine les commandes de véhicules et d’armes au point qu’on pourrait se demander si elle se prépare à quelque chose. En effet, quelque deux années après avoir signé un contrat avec la société de défense privée turque Nurol Makina pour la fourniture de véhicules, la Gendarmerie nationale vient d’acquérir 1000 fusils T4 et 200 mitraillettes auprès de la société brésilienne «Taurus Armas». Le prix d’achat de ces armes «commercialisables auprès du grand public» n’est pas communiqué. Mais, il y a un mais. Il y a moins de deux ans, une enquête a accusé le gouvernement brésilien d’avoir autorisé 12 entreprises nationales, dont Taurus Armas, à négocier avec des États soupçonnés de violer les droits de l'homme ou avec la présence d'organisations comme Al-Qaïda et Boko Haram.
L'exportation d'avions de chasse, de missiles, de mitraillettes et de pistolets n'est pas une opération commerciale courante. Il y a des implications politiques. Les ventes d'armes peuvent déterminer la paix ou la guerre. Selon l'endroit où ils aboutissent, ils renforcent les gouvernements ou les groupes terroristes, provoquant un déséquilibre dans une région, une gêne diplomatique ou autre.
C’est la raison pour laquelle les organisations de défense des droits de l’homme ne cessent d’inviter les Etats à éviter de faire affaire dans ce domaine avec des pays qui ne se préoccupent pas du sort des armes qu'ils produisent.
Le Brésil est le quatrième plus grand exportateur d'armes légères dans le monde. Il est derrière les États-Unis, l'Italie et l'Allemagne - mais devant des pays comme Israël, l'Autriche et la Russie.
Pourtant, le Brésil ne semble pas préoccupé par le sort des armes qu'il produit.
Et même si Dakar est à plus de 6000 kilomètres des fabricants d’armes brésiliens, les Sénégalais sont concernés par ce qui se passe dans ces usines. Et pour cause, notre pays vient d’acquérir des armes auprès de la société brésilienne Taurus Armas.
Selon les informations de «Les Échos», on parle de 1000 fusils T4 et 200 mitraillettes vendus par la société brésilienne à la Gendarmerie nationale sénégalaise.
Le fusil T4 de calibre 5,56 de l'Otan est doté d'une puissance de feu de 1320 joules et est largement utilisé par les forces militaires du monde entier, car il est considéré comme une arme extrêmement fiable, légère et facile à utiliser.
Pour le Sénégal, si le montant de la transaction n’est pas communiqué, on sait par contre que les armes achetées par notre sont «commercialisables auprès du grand public».
Selon la même source, les concessions, faites entre 2011 et 2014, sous l'administration Dilma Rousseff, totalisent 58 avis favorables. Au cours de cette période, les fabricants ont reçu l'autorisation de vendre des équipements à des gouvernements comme la Libye, un pays fracturé par un conflit entre groupes extrémistes après la chute de Mouammar Kadhafi. «Des entreprises brésiliennes ont été autorisées à négocier avec le Nigeria et le Kenya, des pays impliqués dans des affrontements avec des terroristes de Boko Haram et l'Iraq, une cible fréquente d'attaques entre chiites et sunnites», dénonce le document en question.
Sidy Djimby NDAO