ABDOULAYE GALGOR DIONE, ANCIEN CHEF DE VILLAGE DE NDINGLER: «La faim sévit déjà dans le village et risque de s’aggraver si nous ne retrouvons pas nos terres»



 
 
L’hivernage dernier, les paysans de Ndingler n’ont pu cultiver leurs terres et en cette période de défrichage, ils tardent à retrouver leurs champs devenus la propriété de Babacar Ngom. Pour des paysans qui ne vivent que de la terre, l’interdiction d’accéder à leurs champs a fini d’installer la faim dans leur localité. Une situation qui risque de s’aggraver, de l’avis de Abdoulaye Dione, si les habitants ne retrouvent pas leurs lieux de culture. 
 
 
 
Le conflit foncier qui oppose les paysans de Ndingler au milliardaire Babacar Ngom est en passe d’installer la famine dans cette localité. C’est du moins la prédiction de celui qui représente la figure de la résistance des paysans de Ndingler, en l’occurrence Galgor Abdoulaye Dione. L’octogénaire s’est confié à notre reporter photographe, à l’occasion d’une sortie pédagogique dans ce village, organisée par le Cesti. «L’année dernière, nous avons été privés de nos terres et c’est pourquoi, nous n’avions pas pu cultiver nos champs. Cette année aussi, nous risquons de rouler les pouces durant l’hivernage étant donné que nous ne pouvons toujours pas accéder à nos terres. Les gendarmes occupent depuis lors le site et nous empêchent d’y accéder. Nous sommes en mars et, à cette période de l’année, l’on devrait déjà commencer les travaux champêtres, notamment avec le défrichage des champs. Ce qui est impossible. On nous prive de nos terres alors que nous vivons de l’agriculture. Comment allons-nous vivre si on nous refuse d’accéder à nos champs ? Deux ans sans cultiver la moindre parcelle de terre ! Si on n’y prend garde, la faim va s’installer dans le village», indique l’ancien chef de village de Ndingler.
 
«Nous ne voulons pas mourir de faim ; pendant que celui qui nous prive de nos terres est en train de se la couler douce»
 
 
Avant d’ajouter : «tout ce qu’on veut c’est de retrouver nos terres. Nous ne voulons pas en découdre avec les gendarmes, mais nous sommes dos au mur et ne voulons pas mourir de faim ; pendant que celui qui nous prive de nos terres est en train de se la couler douce. Nous sommes fatigués et nous ferons tout pour retrouver nos terres. Qu’on nous restitue nos terres», fulmine le vieil homme qui en appelle à l’arbitrage du chef de l’Etat ainsi que des bonnes volontés. Quant au soutien de Babacar Ngom, le vieux Galgor dégage en touche. «Je ne comprends pas la boulimie foncière de cet homme. Alors que les terres qu’il exploite représentent deux à trois fois nos champs, il s’entête pourtant à vouloir accaparer nos terres. Un homme pareil, on n’a rien à se dire. Que le Président Macky Sall nous restitue nos terres. La faim sévit déjà dans le village et risque de s’aggraver si nous ne retrouvons pas nos terres», prédit le vieil homme.
Une situation difficile des habitants de Ndingler confortée par madame Thiouthie Dione. «Nous n’avons plus de mil, nos greniers sont vides depuis deux ans. Vous pouvez vous en rendre compte. On se contente de cultiver de petits lopins de terre prêtés par nos parents d’autres villages. Nous ne pouvons pas vivre de ces récoltes. Babacar Ngom doit revenir à la raison. C’est parce que nous sommes pauvres qu’il se permet de faire main basse sur nos terres. Qu’attend le Président Macky Sall pour nous restituer nos terres ? Il attend peut-être que nous soyons tous morts pour sévir», se désole de constater la dame.
 
C.T. NDIAYE
 
 
 
 
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